Des stratèges se creusent les méninges pour le journalisme

Ce texte a été originellement publié sur ProjetJ.ca. Nous le reproduisons ici avec l’autorisation de sa rédactrice en chef.

Auteure: Chantal Francoeur

Des journalistes oeuvrant au privé, au public et dans les médias communautaires. Des travailleurs avec des postes permanents, des pigistes et des bénévoles. Des chercheurs. Des étudiants. Des citoyens. Des activistes venant de partout au pays. Tous tournés vers la recherche de solutions à court, moyen et long terme pour un journalisme de qualité, vivant et vibrant. Ils se sont réunis pour un colloque de trois jours, du 19 au 21 avril 2012, à l’Université Concordia et à l’Université McGill, à Montréal. Intitulée «Stratégies pour le journalisme», la conférence visait à identifier les pratiques actuelles et émergentes favorisant un journalisme qui sert la participation et la délibération citoyennes.

Au bout de trois jours les participants ont formulé près d’une dizaine de recommandations, à faire circuler dans les différents groupes intéressés par le journalisme et la démocratie. La suite reste à déterminer, mais les échanges ont été si riches que la première recommandation des intervenants est de reprendre ces discussions une fois par année. Voici la liste des idées émises :

  • Demander au CRTC et au ministère du patrimoine canadien de financer une rencontre annuelle des parties intéressées au renouveau journalistique : journalistes, chercheurs, syndicats, associations de praticiens, propriétaires représentant les médias privés, publics et communautaires, citoyens;
  • Financer des recherches sur l’auditoire : quel type de journalisme veulent les citoyens? Quelles nouvelles approches journalistiques les rejoindraient?
  • Favoriser les échanges entre les écoles de journalisme : comment font-elles face aux questions d’auditoire fragmenté, aux nouveaux modèles journalistiques? Quelle place accordent-elles à l’analyse critique? Quelle pédagogie mettent-elles en pratique?
  • Recommander aux médias d’information d’intégrer de façon formelle l’auditoire. Que les médias s’assurent d’une participation significative des citoyens, via par exemple des clubs de blogueurs ou d’abonnés de twitter et via d’autres moyens permettant à ceux qui n’utilisent pas les médias sociaux d’être entendus;
  • Stabiliser le financement de Radio-Canada et CBC. S’assurer que ce financement permet une présence en région dans les communautés mal desservies. Étudier les possibilités de partage d’infrastructures et de personnel avec les médias communautaires;
  • Tenir un référendum sur le financement de Radio-Canada et CBC : faut-il garantir un financement stable et à long terme?
  • Financer les médias communautaires et aider le lancement de nouveaux projets comme des sites de nouvelles hyper locales.
  • Créer des liens entre les chercheurs et les citoyens s’intéressant aux questions règlementaires. Aider les associations sans but lucratif et les groupes de citoyens à intervenir dans les débats sur les droits d’auteur, l’accès à l’information, la concentration des médias, les médias communautaires, etc.
  • Donner un crédit d’impôt de 500 dollars à chaque citoyen, permettant de s’abonner à une publication ou de faire un don à une organisation journalistique.

Les participants au colloque se sont entendus pour dire que ces recommandations sont une ébauche. Les discussions doivent se poursuivre sur le web et dans les différents groupes de praticiens, d’universitaires et de militants. Le colloque s’inscrit dans une démarche à long terme visant à repenser le journalisme au Canada. Les intéressés peuvent se référer au site web de la conférence, ou toutes les présentations (dont celle de l’auteure du présent article) et les échanges ont été consignés.