Bain en entrevue à CJAD : le Conseil juge qu’il n’y avait pas faute

Le tribunal d’honneur du Conseil de presse du Québec (CPQ) a rendu et publié neuf (9) nouvelles décisions reliées à des plaintes qu’on lui avait soumises. Quatre d’entre elles sont ici résumées.

Bain en entrevue à CJAD : malgré la controverse, aucune faute déontologique n’a été commise (D2012-09-034)

En dépit de l’immense controverse qu’a suscitée la diffusion d’une entrevue, par la station de radio CJAD 800 AM, les membres du comité des plaintes ont estimé qu’aucune des multiples fautes dénoncées par les plaignants n’était fondée.

Ainsi, les griefs pour atteinte au droit à un procès juste et équitable, atteinte au principe de la protection des sources, manque de respect envers les proches des victimes, diffusion à un moment inopportun et finalement, diffusion injustifiée de contenu, ont tous été rejetés.

S’il est évident que la diffusion d’une telle entrevue est éminemment délicate, le comité des plaintes a jugé que CJAD, en ne diffusant que certains extraits bien précis, et somme toute très limités, a fait preuve de circonspection dans le traitement de cette nouvelle, qui était par ailleurs d’intérêt public. Quant au choix du moment de diffusion de cette nouvelle, il importe de souligner qu’elle relève de la liberté rédactionnelle d’un média d’information.

 

Le devoir de réserve des journalistes factuels doit également être observé sur Twitter (D2012-08-024) 

Dans cette affaire, le plaignant reprochait au journaliste Robert Plouffe, affecté à la couverture de la politique québécoise, sur la colline parlementaire, d’avoir manqué à son devoir de réserve en publiant sur le réseau Twitter des commentaires qui relèveraient de l’opinion.

Dans un échange avec Pierre Duchesne, un ancien journaliste qui entamait alors sa carrière politique, M. Plouffe demandait à M. Duchesne, qui s’insurgeait qu’un citoyen insinue qu’il imitait Adolf Hitler, « Ça te tente pas Pierre de retomber sur terre… ».

Pour les membres du comité des plaintes, un journaliste factuel comme M. Plouffe ne pouvait émettre ce genre de commentaires, d’autant plus qu’il était alors affecté à la colline parlementaire, et donc qu’il y avait de fortes chances qu’il soit appelé à couvrir les activités politiques de M. Duchesne.

Le Conseil a de plus blâmé TVA pour son refus de collaborer dans le traitement de la plainte.

Attentats au Métropolis : TVA blanchi pour les propos de ses commentateurs (D2012-09-026)

Les remarques des commentateurs Mario Dumont et Jean Lapierre, lors d’une émission spéciale diffusée à TVA le 4 septembre dernier, jour d’élection provinciale, en avait fait sursauter plus d’un, d’aucuns ayant compris qu’ils associaient les quelques manifestants qui s’étaient massés devant le local de la première ministre élue aux attentats qui se produisirent le soir même.

Admettant qu’une plus grande prudence aurait pu éviter toute possibilité de confusion, le comité des plaintes du CPQ a cependant jugé qu’il n’y avait pas de faute professionnelle, estimant que rien, dans leurs propos, ne laissait clairement entendre qu’on devait établir un lien entre les deux événements – la manifestation et l’attentat. 

Cependant, pour avoir refusé de collaborer au traitement de la plainte, le Conseil a blâmé le Groupe TVA.

Pauline Marois, le bras levé, rappelant le salut nazi : pas de faute, selon la majorité des membres du comité (D2012-09-028)

Les plaignants, dans cette affaire, dénonçaient l’usage, par la Gazette, d’une photographie de la chef du Parti québécois, Pauline Marois, prise alors qu’elle tenait son bras levé, ce qui selon eux visait à établir une association trompeuse entre ce geste, capté sur le vif, et le salut nazi. Ils estiment, de plus, que le choix de cette photographie précise avait été fait en toute connaissance de cause, et que le quotidien cherchait, en la publiant, à miner la crédibilité de Mme Marois et de la cause qu’elle défend, ce qui, du reste, constituerait selon eux de la diffamation, ce salut étant évidemment associé au régime raciste et xénophobe d’Adolf Hitler. 

Sans y voir une faute déontologique, une majorité de membres du comité des plaintes (4/6) a cependant jugé que le média aurait dû se soucier davantage de l’impact potentiel de la photographie, compte tenu du fait que (1) la photographie pouvait facilement rappeler le salut nazi et (2) la légende accompagnant la photo portait précisément sur une question touchant au pluralisme social : « PQ Leader Pauline Marois says she wants to build a « tightly mixed » country » (traduction libre : « La chef du PQ, Pauline Marois, affirme vouloir construire un pays “tissé serré” »).

Deux des six membres du comité des plaintes ont par ailleurs exprimé leur dissidence, jugeant pour leur part que la Gazette avait commis une faute en publiant cette photo.

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Le texte intégral des décisions ainsi qu’un résumé des arguments des parties en cause peuvent être consultés ici.

Ces décisions sont toutes susceptibles d’être portées en appel dans les 30 jours de leur réception par les parties.