Plaignant
M. Guillaume Bélanger et Mme Linda Bossé
Mis en cause
M. Éric Duhaime, journaliste; M. Éric Cliche, directeur de l’information; le quotidien Le Journal de Québec et Twitter
Résumé de la plainte
M. Guillaume Bélanger dépose une plainte le 14 mai 2012 concernant une chronique de M. Éric Duhaime, publiée le 13 mai 2012, dans Le Journal de Québec, sous le titre « Balade antiterroriste en métro ». Le plaignant y dénonce les propos haineux et méprisants, incitant à la violence envers les étudiants portant le carré rouge.
Mme Linda Bossé dépose une plainte le 12 mai 2012 concernant un commentaire raciste émis par M. Éric Duhaime, le 12 mai 2012, via son compte Twitter.
Le Conseil de presse analysera les deux plaintes dans une même décision considérant que le contenu du « tweet » est le même que celui de la chronique.
Commentaires du mis en cause
Le quotidien Le Journal de Québec a refusé de répondre à la présente plainte.
Analyse
Grief 1 : propos racistes, haineux et méprisants incitant à la violence
M. Guillaume Bélanger reproche que les propos suivants soient haineux et méprisants et incitent à la violence :
– « J’ai eu un malaise. On était trois ou quatre passagers à le regarder de travers. Le petit morceau de tissu rouge ne signifiait soudainement plus la sympathique cause de l’accessibilité universitaire. »
– « Se promener avec un carré rouge dans le métro de Montréal aujourd’hui, c’est comme porter une burka dans un avion au lendemain du 11 septembre. Ça rend les gens autour de vous très nerveux et suspicieux. »
– « Une méfiance de la part d’un nombre grandissant de citoyens s’installe vis-à-vis les carrés rouges. On associe maintenant, à tort ou à raison, ce symbole à la violence, voire même au terrorisme. »
Mme Linda Bossé reproche au chroniqueur des propos racistes sur Twitter :
– « Se promener avec un carré rouge dans le métro de Montréal aujourd’hui, c’est comme porter une burka dans un avion au lendemain du 11 septembre. Ça rend les gens autour de vous très nerveux et suspicieux. »
Le code de déontologie du Conseil de presse rappelle : « La chronique, le billet et la critique sont des genres journalistiques qui laissent à leurs auteurs une grande latitude dans le traitement d’un sujet d’information. Ils permettent aux journalistes qui le pratiquent d’adopter un ton polémiste pour prendre parti et exprimer leurs critiques, dans le style qui leur est propre […] ». (DERP, p. 18)
Le Conseil constate que, dans la chronique contestée et dans le « tweet » publié, M. Duhaime exprime les impressions qu’il ressent et les sentiments qui l’habitent lorsqu’il croise dans le métro des personnes partant le carré rouge. Ce texte présente une dimension très personnelle et subjective ce que reconnaît volontiers M. Duhaime lorsqu’il écrit : « Je ne dis pas que c’est rationnel, ni justifié. C’est possiblement bourré de préjugés ou de stéréotypes. Mais c’est réel ».
Le Conseil n’a relevé dans ces textes d’opinion aucun abus de la liberté d’expression ni de manquement déontologique et rejette donc le grief pour propos racistes, haineux et méprisants incitant à la violence.
Refus de collaborer
Le quotidien Le Journal de Québec n’a pas souhaité répondre à la présente plainte.
Le Conseil reproche au Journal de Québec son manque de collaboration pour avoir refusé de répondre, devant le Tribunal d’honneur, de la plainte les concernant.
Décision
Au vu de ce qui précède, le Conseil de presse du Québec rejette les plaintes de M. Guillaume Landry-Bélanger et de Mme Linda Bossé contre le chroniqueur Éric Duhaime et Le Journal de Québec pour propos racistes, haineux et méprisants incitant à la violence.
Pour son manque de collaboration, en refusant de répondre à la présente plainte, le Conseil de presse blâme le quotidien Le Journal de Québec.
Le Conseil de presse du Québec rappelle que : « Lorsqu’une plainte est retenue, l’entreprise de presse visée par la décision a l’obligation morale de la publier ou de la diffuser. » (Règlement No 3, article 8. 2)
Analyse de la décision
- C17C Injure
- C24A Manque de collaboration