Plaignant
M. Alexandre Meterissian; M. Philip Hershman
Mis en cause
M. Jacques Fabi, animateur; M. Réal Germain, directeur général; L’émission « Fabi la nuit »; La station 98,5 FM
Résumé de la plainte
MM. Alexandre Meterissian et Philip Hershman déposent une plainte le 22 novembre 2012 contre M. Jacques Fabi et la station 98,5 FM, et dénoncent la diffusion de propos racistes, durant l’émission « Fabi la nuit », diffusée le 21 novembre 2012. De plus, les plaignants reprochent à l’animateur d’avoir cautionné les propos de l’auditrice et de ne pas avoir cherché à couper court à la conversation.
Analyse
Grief 1 : diffusion de propos racistes
Les plaignants reprochent à l’animateur d’avoir donné libre cours, en ondes, au discours antisémite d’une auditrice, de les avoir cautionnés et de ne pas avoir cherché à couper court à la conversation. M. Meterissian dénonce les propos de l’auditrice et considère que l’animateur a fait preuve de complaisance envers celle-ci, lorsqu’il affirme qu’il n’a pas la liberté de s’exprimer comme elle, puisque la communauté juive s’empresserait de censurer sa liberté d’expression.
L’auditrice en question propose un jeu à l’animateur : ce dernier doit, par des questions posées par cette dernière, deviner l’animal qu’elle a en tête. La discussion se déroule comme suit :
« Jacques Fabi : Ben là, on parlera pas une demi-heure là-dessus. Je sais pas moi, un chien?
Maria : Oui, exactement.
J. Fabi : Ah!
Maria : C’est un Israélien, alors. (rires)
J. Fabi : Ah bon, ben là.
Maria : Mais oui… vous connaissez Hitler?
J. Fabi : Pas personnellement, non.
Maria : Non, vous connaissez l’Holocauste peut-être?
J. Fabi : Euh, un peu oui.
Maria : C’était le massacre des juifs.
J. Fabi : Oui, exactement, oui.
Maria : En tout cas, pour moi c’était la plus belle chose qui puisse arriver pour l’histoire.
[…]
J. Fabi : Eh bien madame, soyons bien d’accord, moi ça m’emmerde en maudit, je trouve ça très emmerdant de ne pas pouvoir commenter des fois. Vous savez à Montréal, la situation, y’a une population juive assez importante… et on voit des fois leurs réactions, leurs façons de vivre, pis tout ça qui nous interpelle un peu, et bon, il faut toujours mettre des gants blancs lorsqu’on parle de cette belle population juive de Montréal. Si vous me demandez si parfois, ils ont des comportements emmerdants? Je vous dirais que oui.
Maria : Pour la population juive qui nous écoute en ce moment et rien que pour eux : Je vous emmerde.
J. Fabi : Alors, le message est passé, madame.
Maria : Merci beaucoup.
J. Fabi : Merci d’avoir téléphoné. »
Dans sa réplique, M. Réal Germain, directeur général de la station 98.5 FM, reconnaît que la station et l’animateur ont erré dans ce dossier en regard de leur propre code d’éthique, mais il souligne également que la station a dénoncé le manque de jugement de leur animateur dans cette affaire. Selon M. Germain, les propos tenus en onde par l’auditrice étaient inacceptables et l’animateur n’a pas été à la hauteur de la situation, contrevenant ainsi à leurs standards éthiques. M. Germain souligne que la gravité de la faute a mené à la suspension, sans solde, de M. Fabi, pour un mois. Finalement, il rappelle que Cogeco Diffusion et M. Fabi ont publié des excuses à leur auditoire en général, et à la communauté juive en particulier.
En regard de propos racistes ou haineux, le guide de déontologie du Conseil de presse souligne : « Les médias et les professionnels de l’information doivent […] impérativement éviter d’utiliser, à l’endroit des personnes ou des groupes, des représentations ou des termes qui tendent à soulever la haine et le mépris, à encourager la violence ou encore à heurter la dignité d’une personne ou d’une catégorie de personnes en raison d’un motif discriminatoire. […] En tout temps, et en toute situation, les reporters, commentateurs et éditorialistes doivent s’obliger aux plus hauts standards professionnels en cette matière. » (DERP, p. 41)
Après écoute de l’émission en cause, le Conseil estime que certains des commentaires exprimés par l’auditrice étaient racistes et que l’animateur aurait dû la rappeler à l’ordre et mettre fin à l’appel. Le Conseil juge que l’animateur ne s’est pas acquitté correctement de son rôle de modérateur.
Compte tenu de l’importance de la faute, le Conseil retient le grief pour diffusion de propos racistes, malgré les excuses exprimées par les mis en cause.
Décision
Au vu de ce qui précède, le Conseil de presse du Québec retient la plainte de MM. Alexandre Meterissian et Philip Hershman et blâme l’animateur, M. Jacques Fabi, et la station 98,5 FM, pour diffusion de propos racistes.
Le Conseil de presse du Québec rappelle que : « Lorsqu’une plainte est retenue, l’entreprise de presse visée par la décision a l’obligation morale de la publier ou de la diffuser. » (Règlement No 3, article 8. 2)
Analyse de la décision
- C18A Mention de l’appartenance
- C18D Discrimination