Plaignant
M. Alexandre Valcourt
Mis en cause
M. Sylvain Bouchard, animateur; M. Robert Langdeau, directeur des programmes; l’émission « Bouchard en parle » et la station FM 93
Résumé de la plainte
M. Alexandre Valcourt dépose une plainte le 3 mai 2012 contre l’animateur Sylvain Bouchard concernant l’émission « Bouchard en parle » diffusée le 18 avril 2012. Le plaignant reproche à l’animateur d’avoir tenu un langage ordurier en ondes en utilisant les expressions « j’m’en crisse » et « fuck les injonctions », en ondes. De plus, il dénonce des inexactitudes, de la partialité et des attaques personnelles envers le porte-parole de la CLASSE, Gabriel Nadeau-Dubois.
Analyse
Grief 1 : propos grossiers
Le plaignant reproche à l’animateur d’avoir tenu un langage ordurier en ondes en utilisant les expressions « j’m’en crisse » et « fuck les injonctions ».
La station FM 93, par l’entremise de M. Robert Langdeau, directeur des programmes, reconnaît que M. Bouchard a mentionné, en ondes, les mots « christ » et « fuck ». Selon le mis en cause, dans le feu de l’action d’une émission de quatre heures, il arrive qu’un animateur exprime de façon maladroite son point de vue. Cependant, de l’avis de M. Langdeau, cette opinion n’est pas en infraction aux codes et normes applicables.
Le guide de déontologie du Conseil mentionne que les animateurs de tribunes téléphoniques et, par extension, les animateurs de radio ne doivent pas tenir des propos grossiers. Le guide de déontologie n’offre pas de définition précise de « propos grossiers », cette notion dépendant en fait de ce qui est jugé acceptable ou inacceptable par une société, à une époque donnée. Par ailleurs, la tradition, établie depuis plusieurs années, veut que le Conseil évite d’agir comme la police de la langue des médias d’information et laisse davantage les auditeurs juger la question.
Le Conseil ne se prononce pas sur le grief de propos grossiers.
Préoccupé par le niveau général de langue en vigueur dans les « radios d’opinions », le Conseil invite toutefois les animateurs de ces radios à faire usage de plus de discernement et à rehausser le niveau de leur langage.
Grief 2 : informations inexactes
Le plaignant dénonce certains propos qu’il juge inexacts. Il s’agit de la portion de l’émission où l’animateur fait un lien entre le carré rouge porté par les étudiants et étudiantes et l’URSS en mentionnant que ce régime communiste a fait des centaines de millions de morts, alors que, selon le plaignant, il y en aurait eu environ 35 millions. À l’écoute de l’émission, M. Bouchard mentionne : « […] le rouge, c’est pas une couleur anodine. Bon, c’est la couleur de la protestation étudiante, d’accord et aussi la couleur de l’URSS et des mouvements communistes et d’extrême gauche qui ont fait des centaines de millions de morts ».
De l’avis du Conseil, l’animateur ne parle pas seulement de l’URSS, mais des régimes communistes, au sens large, qui selon certains observateurs, auraient entraîné plus de 100 millions de morts. Le grief pour information inexacte est rejeté.
Grief 3 : partialité
Le plaignant dénonce l’attitude de l’animateur lorsque ce dernier accuse tous les médias d’être biaisés dans leur couverture du conflit étudiant.
M. Robert Langdeau, directeur des programmes de FM 93, admet que M. Bouchard a affirmé en ondes que les médias sont biaisés dans le conflit étudiant, cependant, de par son rôle de journaliste d’opinion, le mis en cause souligne que l’animateur pouvait tout à fait commenter et prendre position face à ce conflit.
Le Conseil estime que par sa position d’animateur pratiquant de l’opinion, M. Bouchard peut « adopter un ton polémiste pour prendre parti et exprimer [ses] critiques, dans le style qui [lui] est propre […] » (DERP, p. 18) À cet égard, rien n’empêchait M. Bouchard d’être en désaccord avec le traitement accordé par les autres médias au conflit étudiant et en faire part, cela ne constitue pas un manquement à la déontologie journalistique. Le grief pour information inexacte est rejeté sur ce point.
Le Conseil rejette le grief pour partialité.
Grief 4 : atteinte à la réputation
Le plaignant reproche à l’animateur de faire des liens entre M. Gabriel Nadeau-Dubois et l’URSS, selon lui, c’est une attaque personnelle envers M. Nadeau-Dubois.
En ce qui concerne le reproche pour atteinte à la réputation, le Conseil rappelle que la diffamation, le libelle et l’atteinte à la réputation ne sont pas considérés comme du ressort de la déontologie journalistique, mais qu’ils relèvent plutôt de la sphère judiciaire. Comme le Conseil de presse ne rend pas de décisions en la matière, le grief pour atteinte à la réputation n’a pas été traité.
Décision
Au vu de ce qui précède, le Conseil de presse du Québec rejette la plainte de M. Alexandre Valcourt contre l’animateur Sylvain Bouchard et la station de radio FM93, pour propos grossiers, informations inexactes et partialité.
Analyse de la décision
- C11B Information inexacte
- C13A Partialité
- C17C Injure