Plaignant
M. Bernard Desgagné
Mis en cause
M. François Brousseau, chroniqueur; M. Michel Cormier, directeur général de l’information; l’émission « RDI en direct » et le réseau RDI
Résumé de la plainte
M. Bernard Desgagné a déposé, le 9 février 2012, une plainte contre le chroniqueur, François Brousseau, relativement à l’émission « RDI en direct », diffusée le 8 février 2012. Dans cette émission, M. Brousseau commente le rapport des observateurs de la Ligue arabe en Syrie. Le plaignant estime que le chroniqueur a livré des informations inexactes. De plus, M. Desgagné accuse Radio-Canada de faire de la propagande contre la Syrie sur les ondes.
Analyse
Grief 1 : informations inexactes
Selon le guide des Droits et responsabilités de la presse, en regard du rôle de chroniqueur, il est mentionné : « Les auteurs de chroniques, de billets et de critiques ne sauraient se soustraire aux exigences de rigueur et d’exactitude. Ils doivent éviter, tant par le ton que par le vocabulaire qu’ils emploient, de donner aux événements une signification qu’ils n’ont pas ou de laisser planer des malentendus qui risquent de discréditer les personnes ou les groupes. S’ils peuvent dénoncer avec vigueur les idées et les actions qu’ils réprouvent, porter des jugements en toute liberté, rien ne les autorise cependant à cacher ou à altérer des faits pour justifier l’interprétation qu’ils en tirent. » (DERP, p. 28)
M. Bernard Desgagné dénonce le fait que François Brousseau, chroniqueur à Radio-Canada, ait affirmé que le rapport des observateurs de la Ligue arabe en Syrie a imputé la violence principalement aux forces gouvernementales du président Bachar Al-Assad, ce qui, aux dires de M. Desgagné, est complètement faux. À l’aide de nombreux exemples tirés du rapport, le plaignant veut démontrer que se sont surtout les groupes d’opposants armés qui sont responsables du plus grand nombre d’actes de violence. M. Desgagné ajoute : « Lorsqu’on examine attentivement ce rapport, on s’aperçoit qu’il impute beaucoup plus la violence aux opposants armés qu’aux forces gouvernementales. » De l’avis du plaignant, comme les auteurs du rapport constatent « des exagérations médiatiques sur la nature et l’ampleur des accidents », le plaignant croit que ces exagérations ont abondamment été colportées par Radio-Canada et M. Brousseau.
M. André Dallaire, responsable du traitement des plaintes à la direction de l’information de Radio-Canada, réplique que M. Brousseau a tenu des propos beaucoup plus nuancés que ce que prétend le plaignant. Il cite, M. Brousseau, lors de l’émission à RDI : « Le rapport disait qu’il y avait des violences des deux côtés, même s’il mettait quand même l’accent sur les violences du gouvernement […] ». M Dallaire conclut que ces propos reflètent fidèlement l’esprit et la lettre du rapport des observateurs. Il cite d’autres extraits du rapport qui appuie les propos du journaliste.
Le Conseil a analysé le rapport de la mission d’observation de la Ligue arabe en Syrie, de janvier 2012. On y a noté qu’à neuf reprises, le rapport mentionne des actes de violence commis par les forces gouvernementales ou des craintes qu’inspirent ces mêmes forces; les agissements des forces des opposants armés sont cités cinq fois. Dans six cas, on mentionne des frappes venant des deux côtés. Ainsi, le Conseil estime que les commentaires du chroniqueur François Brousseau, qui conclut que le rapport « disait qu’il y avait des violences des deux côtés même s’il mettait quand même l’accent sur les violences du gouvernement […] », correspondaient au bilan de la mission d’observation de la Ligue arabe concernant les actes de violence. Le Conseil juge que le journaliste a respecté les exigences de rigueur et d’exactitude. Cette partie du grief est rejetée sur ce point.
En ce qui concerne les « exagérations médiatiques » que le plaignant attribue à M. Brousseau, le Conseil note que M. Desgagné ne donne aucun exemple précis permettant d’illustrer ce manquement du journaliste. Cette partie du grief est rejetée sur ce point.
Le grief pour informations inexactes est rejeté.
Grief 2 : diffusion de propagande
M. Desgagné accuse Radio-Canada de faire de la propagande en laissant « systématiquement planer l’incertitude dans ses reportages quant à la paternité des attentats. » Il ajoute que : « Radio-Canada n’a jamais fourni l’ombre d’une preuve qu’il y avait de la répression violente contre des manifestants pacifiques et systématiquement caché au public canadien les gigantesques manifestations d’appui à Bachar Al-Assad. »
Le Conseil observe que le plaignant n’apporte aucun exemple concret lorsqu’il critique la couverture des problèmes en Syrie par Radio-Canada.
Le grief pour diffusion de propagande est rejeté.
Décision
Au vu de ce qui précède, le Conseil de presse du Québec rejette la plainte de M. Bernard Desgagné contre le chroniqueur François Brousseau et le réseau RDI, pour informations inexactes et pour diffusion de propagande.
Analyse de la décision
- C11B Information inexacte
- C13B Manipulation de l’information
Date de l’appel
4 April 2013
Appelant
M. Bernard Desgagné
Décision en appel
PRÉAMBULE
Lors de l’étude d’un dossier, les membres de la commission d’appel doivent s’assurer que les principes déontologiques ont été appliqués correctement en première instance.
GRIEFS DE L’APPELANT
L’appelant conteste deux griefs de la décision de première instance :
- Grief 1 : informations inexactes
- Grief 2 : diffusion de propagande
Grief 1 : informations inexactes – L’appelant est en désaccord avec la conclusion du paragraphe [5] de la décision du comité des plaintes. Selon M. Desgagné, le Conseil de presse aurait sélectionné les faits à sa guise sans tenir compte de ses arguments concernant les inexactitudes rapportées par M. Brousseau qui imputait beaucoup plus la violence aux opposants armés qu’aux forces gouvernementales.
Les intimés n’ont soumis aucune réplique à ce point de l’appel.
Les membres du comité des plaintes ont considéré que les informations rapportées par François Brousseau : « qu’il y avait des violences des deux côtés, même s’il [le rapport] mettait quand même l’accent sur les violences du gouvernement […] » (paragraphe [5]), correspondait au bilan de la mission d’observation de la Ligue arabe concernant les actes de violence en Syrie.
Les membres de la commission d’appel concluent que le comité de première instance a appliqué correctement le principe d’exactitude de l’information.
Grief 2 : diffusion de propagande – Selon l’appelant, il est faux de prétendre au paragraphe [9], de la décision du comité des plaintes, qu’il n’aurait soumis aucun exemple concret de sa critique de la couverture, de la situation en Syrie, par Radio-Canada. M. Desgagné mentionne que dans une autre plainte déposée le 17 novembre 2011, jugée irrecevable, par le Conseil de presse, pour absence de « manquements professionnels potentiels », il avait joint « une grande quantité d’exemples concrets ainsi que des explications et une analyse détaillées ».
Les intimés n’ont soumis aucune réplique à ce point de l’appel.
Les membres du comité des plaintes ont constaté que dans les éléments fournis pour l’étude de la plainte en première instance, aucun exemple concret n’avait été soumis sur la critique de la couverture du conflit en Syrie.
Les membres de la commission d’appel concluent que le comité des plaintes était justifié de rejeter le grief de diffusion de propagande, compte tenu du fait (1) qu’aucun élément de preuve n’apparaît dans la présente plainte, déposée le 9 février 2012 et (2) que les éléments invoqués, par M. Desgagnés, dans l’argumentaire du présent appel, se retrouvaient dans une plainte antérieure, déposée le 17 novembre 2011, qui a été jugée non recevable.
DÉCISION
Après examen, les membres de la commission d’appel ont conclu à l’unanimité de maintenir la décision rendue en première instance.
Par conséquent et conformément aux règles de procédure, nous fermons le dossier cité en titre.