Plaignant
Front commun des personnes assistées sociales (FCPASQ) et Mme Marie-Ève Duchesne, porte-parole
Mis en cause
M. Dominic Maurais, animateur et M. Jean-Claude Ouellet, coanimateur et l’émission « Maurais Live »
M. Denis Gravel, animateur et M. Jérôme Landry, coanimateur et l’émission « Le Show du matin »
M. Patrice Demers, directeur général et la station CHOI 98,1 Radio X
Résumé de la plainte
Mme Marie-Ève Duchesne, porte-parole du Front commun des personnes assistées sociales, le FCPASQ, a déposé sept plaintes, entre le 9 mars et le 21 juin 2012, contre la station de radio CHOI 98,1 Radio X, et les animateurs MM. Dominic Maurais et Jean-Claude Ouellet, relativement à l’émission « Maurais Live » du 1er novembre 2011, des 18, 20 janvier et 28 mars 2012 et contre MM. Denis Gravel et Jérôme Landry de l’émission « Le Show du matin », des 18, 19 janvier et 18 juin 2012. Mme Duchesne y dénonce des propos discriminatoires et méprisants, des informations inexactes et incomplètes, de l’acharnement et une promesse de rectification (en retirant un segment d’émission) non respectée.
Commentaires du mis en cause
La station CHOI 98,1 Radio X n’a fait parvenir aucune réplique en réponse à la plainte.
Analyse
Grief 1 : propos discriminatoires et méprisants, expression de préjugés et acharnement
Pour faciliter la compréhension de ce grief, le Conseil a choisi d’étudier dans un premier temps, les griefs concernant l’émission « Maurais Live » et ses animateurs Dominic Maurais et Jean-Claude Ouellet. Les griefs de l’émission « Le Show du matin » suivront.
Émission : « Maurais Live » — 1er novembre 2011 et 18 et 20 janvier, 28 mars 2012
Mme Duchesne déplore les propos tenus par les animateurs Dominic Maurais et Jean-Claude Ouellet de l’émission « Maurais Live » où on y diffuse un jeu intitulé « The Price is Right des BS ». À partir d’un rapport statistique gouvernemental mensuel sur la situation des assistés sociaux au Québec, les animateurs demandent aux auditeurs de deviner combien d’assistés sociaux sans contrainte à l’emploi il y a au Québec ce mois-là, combien sont des immigrants, combien sont des jeunes aux études, etc. Ils en profiteraient pour entretenir des préjugés sur ces personnes. La plaignante relève, dans les quatre plaintes déposées contre « Maurais live », de nombreux extraits pour illustrer ces préjugés. En voici quelques-uns :
– Parlant des adultes assistés sociaux, sans contrainte à l’emploi : « donc, quelqu’un comme toi, comme moi, qui est en pleine capacité, mais que ça y tente pas! » « Maurais Live », 1er novembre 2011;
– Sur les immigrants : « des gens qui arrivent ici pis qui se mettent sur la liste d’attente et pis y’en a beaucoup qui restent sur le BS, ne vous en déplaise […] y restent sur le BS longtemps ». « Maurais Live », 1er novembre 2011;
– Sur les étudiants : « Y’a combien de BS sans contrainte à l’emploi qui vont sur leurs deux jambes, quasiment en faisant du jogging qui vont chercher leur chèque qui ont une formation universitaire? Leur champ d’études? : l’anthropologie, les études grecques et pas nécessairement en génie ». « Maurais live », 1er novembre 2011;
– « C’est pas facile aller faire quelque chose quand t’es sans contrainte, faut que tu te lèves, faut que tu déjeunes, faut que tu prennes un café […]. Des gens qui demain matin pourraient faire n’importe quoi, décider de faire ce qu’ils veulent dans la vie, prendre leur destin en main […]. Des gens, en forme, en santé qui se pogne le cul ». « Maurais live », 18 janvier 2012;
– « Est-ce qu’on peut cultiver la culture du travail, la culture de l’exigence, la culture de l’effort pour arriver ultimement à une culture d’excellence? Plutôt que de se complaire dans une culture de médiocrité, une culture de paresse, une culture de complaisance, une culture de mollesse? » « Maurais live », 20 janvier 2012;
– « La catégorie « apte au travail », eux autres sont problématiques […] La catégorie « toi t’es bon, mais t’es pas là », kessé que tu veux qu’on fasse […] sont capables de travailler, mais c’est pas grave, ils ont un chèque ». « Maurais live », 28 mars 2012.
Dans l’émission du 18 janvier 2012, une dame déclare : « À Montréal, on n’est pas raciste, mais ça commence à nous choquer. Une femme m’a dit : on a émigré cette année et on n’a pas d’argent. Qu’est-ce qu’elle faisait icitte si elle avait pas d’argent? Pourquoi yé font rentrer? »
Finalement, la plaignante déplore que les animateurs, Dominic Maurais et Jean-Claude Ouellet, n’interviennent pas pour corriger le tir, lorsque les auditeurs font des déclarations injurieuses et discriminatoires. Ainsi, dans l’émission du 1er novembre 2011, les animateurs ont peu ou pas réagi quand un auditeur a dit que : « jamais il n’embaucherait un BS : ça ne se lève pas, ça veut rien savoir, ils vont toute faire pour abuser du système, ils travaillent en dessous de la table, ils profitent des médicaments, ils profitent de tout, ils vont jouer au Nintendo toute la nuit pis ils vont vendre leur drogue le matin […] ». Les animateurs ont plutôt renchéri en disant : « Ah, c’est sûr, y’en a beaucoup de profiteurs là-dedans ».
Le Conseil rappelle que : « Les médias et les professionnels de l’information doivent éviter de cultiver ou d’entretenir les préjugés. Ils doivent impérativement éviter d’utiliser, à l’endroit des personnes ou des groupes, des représentations ou des termes qui tendent à soulever la haine et le mépris, à encourager la violence ou encore à heurter la dignité d’une personne ou d’une catégorie de personnes en raison d’un motif discriminatoire. Il n’est pas interdit aux médias de faire état des caractéristiques qui différencient les personnes ou les groupes. Cependant, cette mention doit être pertinente et d’intérêt public, ou être une condition essentielle à la compréhension et à la cohérence de l’information. En tout temps, et en toute situation, les reporters, commentateurs et éditorialistes doivent s’obliger aux plus hauts standards professionnels en cette matière. » (DERP, p. 41)
Le Conseil, a procédé à l’écoute de toutes les émissions concernées et estime que, dans le cas de l’émission « Maurais live », les animateurs se sont servis de statistiques publiées par le gouvernement, sans les mettre en contexte et sans explication, pour cultiver et propager des préjugés à l’endroit des assistés sociaux. De plus, les animateurs généralisent et laissent entendre que tous les assistés sociaux qui sont sans contrainte à l’emploi n’ont aucune raison de ne pas travailler et ainsi sont des fainéants, des profiteurs et des parias de la société. Ils alimentent ainsi, eux-mêmes ou via leurs auditeurs, les préjugés et attisent le mépris envers ces assistés sociaux.
Le grief pour propos discriminatoires et méprisants et pour expression de préjugés est retenu à l’endroit de l’émission « Maurais Live » et ses animateurs Dominic Maurais et Jean-Claude Ouellet.
Émissions : « Le Show du matin » — 18 et 19 janvier et 18 juin 2012
Dans le cas de l’émission « Le Show du matin », animée par Denis Gravel et Jérôme Landry, la plaignante dénonce l’émission du 18 janvier 2012, dans laquelle les animateurs interviewent les deux auteurs d’une vidéo diffusée sur YouTube. Cette vidéo montrait deux jeunes qui se disent assistés-sociaux et qui, sous le couvert de l’humour, selon eux, remerciaient les travailleurs de contribuer à payer leurs prestations. Mme Duchesne critique le choix de ce sujet dans l’émission qui « n’avait comme objectif que d’entretenir la haine envers les personnes assistées-sociales ». Elle critique les questions posées aux jeunes vidéastes. Selon la plaignante, ce genre de questions se voulait un moyen d’entretenir le mythe que parce qu’on est sur l’aide sociale, on ne fait rien, on consomme et on dépense pour des choses non nécessaires. Voici quelques extraits relevés :
– Pendant ce temps-là, vous cherchez-vous d’la job ou ben vous travaillez au noir ou vous ne travaillez pas pantoute?
– C’est-tu des consommations de drogues, d’alcool, de médicaments, d’antidépresseurs, êtes-vous dans cette merde-là?
– Comment deux gars su’ l’BS depuis plusieurs années peuvent se procurer Internet, une webcam et de l’appareil pour faire de la diffusion?
Dans les émissions du 19 janvier et du 18 juin 2012, on revient sur cette entrevue des deux vidéastes et Mme Duchesne estime que les animateurs Gravel et Landry en profitent pour marteler le clou de propos discriminatoires et haineux envers les personnes assistées-sociales. Lorsque les animateurs disent : « Que sont devenus nos deux gros BS qui étaient bien fiers de manger avec l’argent des travailleurs y’a quelques mois à peine? », la plaignante y voit un manque de respect et de mépris.
La plaignante déplore que dans l’émission du 19 janvier 2012, les animateurs en profitent pour critiquer l’ensemble du système d’aide sociale qu’ils trouvent trop laxiste.
– « Notre système a un problème : y’a pas de limite pour des gens qui veulent agir comme des parasites dans notre société.
– C’est un droit acquis l’aide sociale au Québec. Si ça ne te tente pas de travailler, tu restes chez vous et nous les travailleurs, les caves, on paye ».
Après écoute des émissions en cause, le Conseil considère que, bien qu’il s’agisse de journalisme d’opinion, la latitude qui est concédée aux animateurs ne leur permettait pas de proférer des propos méprisants envers les assistés sociaux. En effet, prétendre que les personnes assistées sociales ne travaillent pas, usent de drogues, d’alcool, etc., et les traiter de « parasites », nourrit les préjugés à leur égard.
Le grief pour propos discriminatoires et méprisants et pour expressions de préjugés est retenu dans le cas de l’émission « Le Show du matin » et de ses animateurs Denis Gravel et Jérôme Landry.
Mme Marie-Ève Duchesne, qui a déposé sept plaintes contre CHOI 98,1 Radio X et ses émissions « Maurais live » et « Le Show du matin », dénonce l’acharnement des animateurs des deux émissions à vouloir détruire la réputation des personnes assistées sociales sans contrainte à l’emploi. « Combien de fois votre station va-t-elle laisser ses animateurs tenir des propos qui incitent au mépris et portent atteinte à la dignité des personnes assistées-sociales? Il ne s’agit pas de la première fois que de tels propos sont tenus sur vos ondes. »
Le Conseil est d’avis que le sujet des statistiques sur l’assistance sociale, quoique d’intérêt public, ne constituait pas un élément d’information suffisant pour justifier d’être abordé dans sept émissions différentes De la même manière, commenter la vidéo représentant un assisté social constituait davantage un prétexte pour remettre le sujet sur le tapis (trois fois) qu’un impératif d’intérêt public. Ainsi, le Conseil estime que les deux émissions, « Maurais live » et « Le Show du matin » ont démontré une insistance à présenter un portrait empreint de préjugés à l’endroit des assistés sociaux. Le grief pour acharnement est retenu.
Grief 2 : informations inexactes et incomplètes
Dans l’émission « Maurais Live » du 1er novembre 2011, la plaignante Mme Marie-Éve Duchesne, indique qu’il est inexact de dire, comme l’ont affirmé les animateurs Dominic Maurais et Jean-Claude Ouellet, que les personnes sans contrainte à l’emploi reçoivent 707 $. Ces personnes reçoivent plutôt 589 $, information vérifiable sur le site du gouvernement du Québec. De la même façon, Mme Duchesne affirme que les animateurs (toujours dans la même émission) propagent de fausses informations en disant que, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, 70 % des gens sont « sur le BS ». Rien dans les statistiques ne permettrait de faire une telle affirmation.
La plaignante ajoute que dans les deux émissions, « Maurais Live » et « Le Show du matin », jamais on n’explique qu’« être considéré apte à l’emploi ne veut pas nécessairement dire que nous n’avons pas de contrainte réelle ». Mme Duchesne précise que selon un rapport du gouvernement, moins de 10 % des adultes aptes au travail se trouve du boulot.
Le Conseil a pu constater, à l’écoute de toutes les émissions, que dans le cas du montant des prestations pour personne sans contrainte à l’emploi, les animateurs citent effectivement un mauvais chiffre. De plus, quand un auditeur leur signale le vrai chiffre, MM. Maurais et Ouellet insistent pour dire qu’eux-mêmes connaissent des gens qui reçoivent plus que 589 $. D’autre part, dans le fameux jeu « The Price is right du BS » de l’émission « Maurais Live », on s’amuse à faire deviner au public, les statistiques du rapport du gouvernement sur la situation des assistés sociaux, sans jamais expliciter, nuancer ou remettre en contexte les chiffres cités. Ceci a pour effet de peindre un portrait exagéré de la situation des assistés sociaux. De la même façon, « Le Show du matin » parle des assistés sociaux sans contrainte à l’emploi sans jamais expliquer ce qui en est vraiment, et ce, chaque fois qu’ils reviennent sur le sujet.
Le Conseil retient le grief pour informations inexactes et incomplètes contre l’émission « Maurais live ». Cependant, dans le cas de l’émission « Le Show du matin », le Conseil ne retient que la partie du grief concernant l’information incomplète et rejette celle pour informations inexactes.
Grief 3: promesse de rectification non respectée
La plaignante note que, à la suite de la diffusion de l’émission « Maurais live » du 1er novembre 2011, dans laquelle on retrouvait le jeu-questionnaire « The Price is right du BS », M. Patrice Demers, directeur de la division de RNC Média, a promis à Mme Duchesne et au FCPASQ que ce genre de jeu-questionnaire serait retiré des ondes. Or le jeu-questionnaire en question était toujours à l’antenne le 28 mars 2012, soit 27 jours après la rencontre entre les deux parties. Mme Duchesne ajoute : « M. Demers nous envoie un message clair : les propos discriminatoires et méprisants sur les personnes assistées sociales auront toujours leur place sur les ondes de CHOI-FM. »
Le Conseil considère que bien que le mis en cause n’avait pas l’obligation déontologique de respecter l’engagement envers le FCPASQ, il aurait été éthiquement souhaitable que le média donne suite à cette promesse. Considérant puisqu’il ne s’agit pas d’un manquement déontologique, le Conseil ne traitera pas ce grief. Un membre exprime sa dissidence sur ce point, considérant que le média avait une obligation déontologique de respecter son engagement contracté auprès d’un auditeur.
Refus de collaborer
La station CHOI 98,1 Radio X n’a pas souhaité répondre à la présente plainte.
Le Conseil reproche à la station CHOI 98,1 Radio X, son manque de collaboration pour avoir refusé de répondre, devant le Tribunal d’honneur, de la plainte les concernant.
Décision
Au vu de ce qui précède, le Conseil de presse du Québec retient la plainte de Mme Marie-Ève Duchesne, porte-parole du FCPASQ, contre MM. Dominic Maurais et Jean-Claude Ouellet, animateurs de l’émission « Maurais Live », pour propos discriminatoires et méprisants, informations inexactes et incomplètes et acharnement.
Dans le cas de l’émission « Le Show du matin » et des animateurs MM. Denis Gravel et Jérôme Landry, le Conseil de presse du Québec retient les griefs pour propos discriminatoires et méprisants, informations incomplètes et acharnement. Cependant, il rejette le grief pour informations inexactes.
Bien que les membres considèrent que le non-respect de la promesse contractée par le média auprès d’un auditeur ne constituait pas, dans ce cas-ci, une faute déontologique, un membre exprime néanmoins sa dissidence sur ce point.
Le Conseil croit qu’il est impératif d’intervenir auprès du CRTC pour lui demander de prendre les moyens appropriés pour interrompre dans les plus brefs délais la diffusion de tels propos. La détention d’un permis de radiodiffusion ne constitue pas un droit, mais un privilège conditionné notamment par le respect par le titulaire des droits fondamentaux des personnes.
Pour son manque de collaboration, en refusant de répondre à la présente plainte, le Conseil de presse blâme la station CHOI 98,1 Radio X.
Le Conseil de presse du Québec rappelle que : « Lorsqu’une plainte est retenue, l’entreprise de presse visée par la décision a l’obligation morale de la publier ou de la diffuser. » (Règlement No 3, article 8. 2)
Mise à jour le 9 juin 2022 Précision : En faisant référence au mis en cause, M. Ouellet, dans cette décision, le Conseil a erronément utilisé le prénom Jean-Claude au lieu de Jean-Christophe. Son nom exact est Jean-Christophe Ouellet. M. Ouellet a précisé, lors de son émission du 7 juin 2022 à Radio-X, que le Conseil avait utilisé le mauvais prénom, Jean-Claude, dans des décisions passées, pour faire référence à lui. Nos excuses pour la confusion. |
Analyse de la décision
- C11B Information inexacte
- C12B Information incomplète
- C15I Propos irresponsable
- C18B Généralisation/insistance indue
- C18C Préjugés/stéréotypes
- C18D Discrimination
- C19B Rectification insatisfaisante
- C24A Manque de collaboration
Date de l’appel
4 April 2013
Appelant
M. Dominic Maurais, animateur et la station CHOI 98,1 Radio X
Décision en appel
PRÉAMBULE
Lors de l’étude d’un dossier, les membres de la commission d’appel doivent s’assurer que les principes déontologiques ont été appliqués correctement en première instance.
GRIEF DE L’APPELANT
L’appelant conteste un grief de la décision de première instance :
- Grief 1 : propos discriminatoires et méprisants, expression de préjugés et acharnement
Grief 1 : propos discriminatoires et méprisants, expression de préjugés et acharnement – Selon l’appelant, le Conseil de presse a omis de prendre en considération « l’ensemble de son propos » tenu pendant l’émission en question. M. Maurais tient à souligner qu’il a répété à plusieurs reprises, lors de l’émission, qu’il souhaiterait que les prestations d’aide sociale soient haussées pour les gens qui en ont vraiment besoin.
Selon M. Maurais, il était d’intérêt public d’informer les auditeurs sur les statistiques concernant un programme financé par des fonds publics et qu’il est légitime de soulever un questionnement quant au financement des personnes dans la catégorie « sans contrainte », qui recevraient de l’aide sociale pendant 11 ans en moyenne, et qui selon la définition du Ministère de la Solidarité, ceux-ci pourraient être considérés aptes au travail et seraient donc capables de quitter l’assistance sociale. D’après l’appelant, de conclure que la démarche, en forme de jeu, revenait à insulter des assistés sociaux ou à alimenter des préjugés est pour lui « non seulement erroné, mais malhonnête et mesquin ».
Selon l’appelant, la conclusion du comité, au paragraphe [8] de la décision de première instance, serait « ahurissante, tirée par les cheveux » et relèverait d’une « construction malhonnête et mesquine ». Lui et son coanimateur n’auraient jamais laissé entendre que les assistés sociaux sans contrainte à l’emploi étaient des profiteurs et des parias.
De l’avis de M. Maurais, la conclusion du Conseil voulant que les animateurs aient attisé le mépris envers les assistés sociaux est « grosse, gratuite, fausse » et même diffamatoire à son endroit. L’appelant considère que ses propos étaient dosés et qu’il n’a jamais versé dans l’insulte et le dénigrement.
Selon l’intimée, Mme Amélie Châteauneuf, du Front commun des personnes assistées sociales du Québec, M. Maurais a exposé les personnes assistées sociales « au mépris et à l’exclusion sociale » en présentant des informations hors contexte. Et même si un questionnement comme celui soulevé par M. Maurais est légitime, dans une société démocratique, la liberté d’expression ne permet néanmoins pas d’attiser le mépris sur des personnes en raison de leur condition sociale.
Les membres du comité des plaintes ont procédé à l’écoute des émissions en cause, dont les conclusions sont exprimées aux paragraphes [8] et [9] de la décision de première instance. Les membres du comité ont constaté qu’à l’écoute des émissions, « les animateurs généralisent et laissent entendre que tous les assistés sociaux qui sont sans contrainte à l’emploi n’ont aucune raison de ne pas travailler et ainsi sont des fainéants, des profiteurs et des parias de la société. Ils alimentent ainsi, eux-mêmes, ou via leurs auditeurs, les préjugés et attisent le mépris envers ces assistés sociaux ».
Les membres de la commission d’appel concluent que le comité de première instance a appliqué correctement le principe relié aux propos discriminatoires et méprisants, à l’expression de préjugés et à l’acharnement.
DÉCISION
Après examen, les membres de la commission d’appel ont conclu à l’unanimité de maintenir la décision rendue en première instance.
Par conséquent et conformément aux règles de procédure, nous fermons le dossier cité en titre.
Mise à jour le 9 juin 2022 Précision : En faisant référence au mis en cause, M. Ouellet, dans cette décision, le Conseil a erronément utilisé le prénom Jean-Claude au lieu de Jean-Christophe. Son nom exact est Jean-Christophe Ouellet. M. Ouellet a précisé, lors de son émission du 7 juin 2022 à Radio-X, que le Conseil avait utilisé le mauvais prénom, Jean-Claude, dans des décisions passées, pour faire référence à lui. Nos excuses pour la confusion. |