Plaignant
Mme Émilie Joly et M. Martin Desjardins
Mis en cause
M. Mario Dumont, commentateur; M. Jean Lapierre, commentateur; M. Pierre Bruneau, animateur; M. Serge Fortin, vice-président, information et le Groupe TVA
Résumé de la plainte
Mme Émilie Joly et M. Martin Desjardins déposent une plainte le 5 septembre 2012 contre MM. Jean Lapierre, Mario Dumont, commentateurs et Pierre Bruneau, animateur au réseau TVA, relativement à l’émission spéciale sur les élections du 4 septembre 2012. 29 autres personnes ont aussi porté plainte pour les mêmes raisons, entre le 5 et 10 septembre 2012. Les plaignants dénoncent les propos des mis en cause comme étant inexacts, discriminatoires et diffamatoires.
Commentaires du mis en cause
Le Groupe TVA a refusé de répondre à la présente plainte.
Analyse
Grief 1 : propos inexacts et discriminatoires
Les plaignants dénoncent les propos de MM. Lapierre et Dumont, tous deux commentateurs au réseau TVA, lors de l’émission spéciale sur les élections du 4 septembre 2012. Réagissant à l’attentat commis au Métropolis lors du discours de Mme Pauline Marois, M. Lapierre a dit : « Triste fin de soirée pour un party de victoire, mais là je n’en reviens pas qu’il y a déjà des manifestants. Pauvre Mme Marois, ils pourraient au moins lui laisser une soirée pour savourer sa victoire. Que les étudiants soient déjà après elle, j’en reviens pas. » M. Dumont a renchéri en ajoutant : « Mais en même temps ça en dit long sur ce mouvement étudiant et ce qu’il y avait en dessous, c’est-à-dire que, y’a des gens là-dedans qui disaient ouvertement qu’ils ne croient pas aux élections. Y’a des gens très radicaux parmi les manifestants et là Mme Marois quand elle portait le carré rouge ça allait, mais maintenant qu’elle est au pouvoir, ça serait peut-être pas si simple. » Les plaignants considèrent que MM. Lapierre et Dumont ont, sans aucune preuve ni information pertinente, associé le geste du tueur à la contestation étudiante. Ces commentaires non justifiés auraient induit l’auditeur en erreur en jetant l’odieux sur un groupe qui n’a rien à voir avec le crime. Enfin, les plaignants déplorent aussi le silence de l’animateur, M. Bruneau, qui « s’est refusé à intervenir pour rappeler ses collègues à l’ordre ».
Le Conseil, après l’écoute des extraits diffusés, croit que les commentaires des mis en cause portaient essentiellement sur la manifestation d’étudiants qui se déroulait au même moment devant le Métropolis, où avait lieu le rassemblement. On doit également noter que rien, dans les propos de MM. Lapierre et Dumont, ne lie directement les étudiants à l’attentat.
Dans le cas présent, le malaise vient de ce que les commentaires des deux chroniqueurs sur le radicalisme du mouvement étudiant suivent l’annonce, par l’animateur Pierre Bruneau, de « deux victimes blessées lors de l’attentat », ce qui a pu laisser, pour plusieurs, l’impression qu’on établissait un lien entre la présence des étudiants et la tuerie du Métropolis. Sans y voir une faute professionnelle, le Conseil pense qu’il aurait été souhaitable, devant un incident aussi tragique, que les mis en cause redoublent de prudence en distinguant clairement leurs commentaires portant sur la manifestation étudiante de ceux relatifs à l’attentat du Métropolis.
Quant à M. Pierre Bruneau, le Conseil est d’avis que rien dans son attitude ne portait à croire qu’il endossait quelque lien que se fut entre les étudiants et l’attentat contre Mme Marois. Ainsi, compte tenu des circonstances, le Conseil estime que MM. Lapierre, Dumont et Bruneau n’ont pas transmis d’informations inexactes ou discriminatoires. Le grief pour propos inexacts et discriminatoires est rejeté.
Grief 2 : diffamation
Mme Émilie Joly considère que les propos de MM. Lapierre et Dumont, ainsi que l’inaction de M. Bruneau constituent des attaques diffamatoires à son égard et à celui des étudiants en général.
Le Conseil rappelle que la diffamation, le libelle et l’atteinte à la réputation ne sont pas considérés comme du ressort de la déontologie journalistique, mais qu’ils relèvent plutôt de la sphère judiciaire. Comme le Conseil de presse ne rend pas de décisions en la matière, le grief pour atteinte à la réputation n’a pas été traité.
Refus de collaborer
Le Groupe TVA a refusé de répondre à la présente plainte.
Le Conseil reproche au Groupe TVA son manque de collaboration pour avoir refusé de répondre, devant le Tribunal d’honneur, de la plainte le concernant.
Décision
Au vu de ce qui précède, le Conseil de presse du Québec rejette les plaintes de Mme Émilie Joly et M. Martin Desjardins contre MM. Jean Lapierre, Mario Dumont et Pierre Bruneau et le Groupe TVA, pour propos inexacts et discriminatoires.
Pour son manque de collaboration, en refusant de répondre à la présente plainte, le Conseil de presse blâme le Groupe TVA.
Le Conseil de presse du Québec rappelle que : « Lorsqu’une plainte est retenue, l’entreprise de presse visée par la décision a l’obligation morale de la publier ou de la diffuser. » (Règlement No 3, article 8. 2)
Analyse de la décision
- C11B Information inexacte
- C17A Diffamation
- C18D Discrimination
- C24A Manque de collaboration