Même si les journalistes de CBC n’ont pas eu accès à la vidéo qui montrerait le maire de Toronto Rob Ford fumant ce qui serait du crack, l’ombudsman confirme que la couverture de cette nouvelle était d’intérêt public.
Dans sa plainte déposée deux semaines après les premiers reportages de CBC sur le sujet, L.D. Cross mentionne qu’il en a marre d’écouter des reportages disant « il a dit, elle a dit, ils ont vu ». « Montrez-moi le vidéo de Rob Ford ou taisez-vous! » écrit celui qui ne juge pas suffisant que des journalistes du Toronto Star aient vu la vidéo. Selon le plaignant, il n’y avait pas d’intérêt public à poursuivre la couverture de cette affaire étant donné qu’il n’y avait pas de preuve concrète.
Du côté de la direction de la CBC, on reconnaît que cette histoire n’a pas été facile à couvrir. « Même si nous n’avons pas vu la vidéo, l’histoire est assez importante et a de telles implications qu’il aurait été irresponsable de ne pas rapporter ce qu’avaient vu trois journalistes travaillant pour deux médias respectés [en faisant référence à Toronto Star et Gawker] », a fait valoir Jennifer McGuire, directrice générale et rédactrice en chef de CBC News. Elle ajoute que la CBC a également couvert la réponse du maire Ford à ces allégations.
Analyse
Dans son analyse, l’ombudsman Esther Enkin affirme que le sérieux et l’importance des allégations et leurs possibles conséquences prouvent l’intérêt public de cette histoire.
Elle fait également valoir que cette affaire a continué d’évoluer après la publication du premier article du Toronto Star. L’ombudsman note que le maire a mis une semaine avant de répondre et qu’au moment où il a nié avoir pris du crack, il a refusé de répondre aux questions des journalistes. « Mais sa déclaration n’a pas répondu à toutes les questions entourant cet incident. C’est pourquoi la CBC a continué à couvrir ce sujet et que les journalistes ont continué à poser des questions », explique Mme Enkin.
Elle rappelle que la controverse a mené au départ de huit membres de l’entourage de Rob Ford. Lors du démantèlement d’un réseau de trafiquants de drogue, les policiers ont arrêté deux hommes liés à la vidéo et apparaissant sur une photo en compagnie du maire. « Cela aurait été impossible d’ignorer ces faits et cette nouvelle histoire. Il aurait également été impossible de ne pas faire référence aux premières allégations concernant la vidéo. Cela aurait rendu incompréhensible tout ce qui est survenu après », souligne-t-elle.
Dans son analyse, l’ombudsman fait référence aux propos tenus à l’émission The Current par Ivor Shapiro, directeur du programme de journalisme de l’université Ryerson. Il rappelait que les journalistes ont toujours rapporté ce qu’ils ont vu et entendu et que nous devons les croire sur parole. Selon lui, sous l’influence des médias sociaux et de You Tube, les gens veulent avoir accès aux faits bruts.
Mme Enkin note que les journalistes rappelaient dans leurs reportages qu’ils n’avaient pas vu la vidéo et ils précisaient qui y avaient eu accès. « C’était suffisant pour permettre au public de se faire sa propre idée quant à la crédibilité [des reportages] », croit-elle.
Tout en reconnaissant qu’il n’est pas idéal de parler d’une vidéo que les journalistes de la CBC n’ont pas vue, elle réitère que le statut des personnes impliquées et l’évolution des événements justifiaient la couverture. Elle conclut que la politique journalistique de CBC n’a pas été enfreinte.