Plaignant
M. Jacques Langevin
Mis en cause
M. Mario Girard, directeur de l’information et le quotidien La Presse
Résumé de la plainte
M. Jacques Langevin dépose une plainte le 28 juin 2013 contre le quotidien La Presse concernant la publication, le 27 juin 2013, d’une photographie. Le plaignant juge que le journal est malhonnête et fait de la désinformation en publiant cette photographie.
Analyse
Grief 1 : publication de photographie trompeuse
M. Langevin reproche à La Presse d’avoir illustré un article sur le registre des armes d’épaule par une photographie montrant une arme à autorisation restreinte. Selon le plaignant, ce type d’arme à feu n’est pas touché par l’abolition du registre fédéral des armes à feu, dont traite l’article, qui ne concerne que les armes d’épaule de chasse. Ainsi, le journal aurait induit le public en erreur.
De l’avis de Me Patrick Bourbeau, représentant de La Presse, le débat entourant la destruction projetée des données contenues dans le registre des armes d’épaule fédéral et la demande déposée pour que celles-ci soient transférées au gouvernement du Québec s’inscrit dans celui, plus large, du contrôle des armes à feu de manière générale. C’est cet enjeu que cherche à illustrer la photographie en lien avec l’article. Selon Me Bourbeau, « la photographie ne déforme aucunement le contenu de l’article puisqu’elle signale au lecteur que celui-ci s’inscrit dans le cadre du débat portant sur le contrôle des armes à feu ».
Dans son guide de déontologie, le Conseil mentionne : « Ils [les médias] doivent faire preuve de circonspection afin de ne pas juxtaposer illustrations et événements qui n’ont pas de lien direct entre eux et qui risquent de créer de la confusion sur le véritable sens de l’information transmise. » (DERP, p. 30)
Le Conseil constate que l’article décrit les démarches infructueuses du gouvernement du Québec devant la Cour d’appel du Québec pour empêcher la destruction des données du registre des armes d’épaule par le gouvernement fédéral, qui refuse également de transférer les données du défunt registre à la province du Québec. Il importe ici de préciser qu’au Canada les armes à feu sont réparties en trois classes : « sans restriction », « à autorisation restreinte » et « prohibée ». Le gouvernement fédéral, par son projet de loi C-19 (Loi sur l’abolition du registre des armes d’épaules) supprime l’exigence législative d’enregistrer les armes à feu « sans restriction » pour les particuliers et les entreprises. Toutefois, il est à noter que le cadre législatif existant pour l’enregistrement et la cession d’armes à feu « à autorisation restreinte » et « prohibées » est conservé. Ainsi, lorsqu’on parle d’abolition du registre des armes à feu, on doit comprendre que cela ne concerne qu’un type particulier d’armes, soit celui des armes « sans restriction », comprenant les armes de chasse.
Après vérification, le Conseil a obtenu la confirmation que l’arme représentée sur la photographie est en fait une arme à feu « à autorisation restreinte » (AR-15), qui n’est donc pas touchée par l’abolition du registre des armes d’épaule. En publiant cette photo, La Presse a induit le public en erreur en laissant croire que ce type d’armes était couvert par le registre de données que le gouvernement fédéral veut détruire.
Le Conseil retient le grief pour publication de photographie trompeuse.
Décision
Au vu de ce qui précède, le Conseil de presse du Québec retient la plainte de M. Jacques Langevin contre La Presse pour publication de photo trompeuse.
Le Conseil de presse du Québec rappelle que : « Lorsqu’une plainte est retenue, l’entreprise de presse visée par la décision a l’obligation morale de la publier ou de la diffuser. Les entreprises de presse membre s’engagent pour leur part à respecter cette obligation, et à faire parvenir au secrétariat du Conseil une preuve de cette diffusion au maximum 30 jours suivant la date de la décision. » (Règlement No 3, article 8. 2)
Analyse de la décision
- C11A Erreur