Charlie Hebdo : le CSA distribue mises en demeure et mises en garde aux médias

Xjs-Khaos
Crédit photo : Xjs-Khaos CC

Le Conseil supérieur de l’audiovisuel a condamné la couverture médiatique des attentats perpétrés à Paris début janvier, ainsi que la traque des terroristes. L’organisme de régulation réuni en formation plénière mercredi 11 février a notifié 15 mises en garde et 21 mises en demeure contre des chaînes de télévision et les radios.

Diffusion d’images issues de la vidéo montrant un policier abattu par les terroristes

Le Conseil a mis en demeure France 24, seule chaîne à avoir diffusé cette séquence, de respecter le principe fondamental de la dignité de la personne humaine. « Même si l’instant précis de la mort n’a pas été montré, cette séquence faisait entendre les détonations d’arme à feu ainsi que la voix de la victime et exposait son visage et sa situation de détresse. »

La divulgation d’éléments permettant l’identification des frères Kouachi

iTélé et LCI ont écopé une mise en demeure « de respecter leurs obligations relatives à l’ordre public » pour avoir donné à l’antenne des éléments permettant cette identification avant la diffusion de l’appel à témoins par la Préfecture de police. 

La divulgation de l’identité d’une personne mise en cause comme étant l’un des terroristes

Le Conseil a retenu une mise en garde contre les chaînes BFM TV, France 2, iTélé, LCI et TF1 qui ont « manqué de mesure dans le traitement de l’information et pris le risque d’alimenter les tensions dans la population à partir d’une allégation qui s’est révélée inexacte ».

La diffusion d’images ou d’informations concernant le déroulement des opérations en cours, alors que les terroristes étaient encore retranchés à Dammartin-en-Goële et à l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes

Considérant que ces informations « auraient pu être préjudiciables au bon déroulement des opérations ainsi qu’à la sécurité des otages et des membres des forces de l’ordre », et estimant nécessaire « la conciliation entre la sauvegarde de l’ordre public et le respect de la liberté de communication », le Conseil a également mis en garde BFM TV, Canal +, Euronews, France 2, France 24, LCI et TF1 de respecter l’impératif de sauvegarde de l’ordre public.

La diffusion d’informations concernant la présence de personnes cachées dans les lieux de retranchement des terroristes, alors que les assauts n’avaient pas encore été menés par les forces de l’ordre et qu’un risque pesait donc toujours sur leur vie

Le Conseil a jugé que ces informations étaient « susceptibles de menacer gravement la sécurité des personnes retenues dans les lieux » et a mis en demeure France 2, TF1, RMC, BFM TV et LCI de « ne plus renouveler de tels manquements à l’ordre public ».

La diffusion des images de l’assaut mené par les forces de l’ordre dans le magasin Hyper Cacher de la Porte de Vincennes 

Ces images étant « susceptibles de nourrir les tensions et les antagonismes », France 3 et Canal + ont été mis en garde de « ne pas contribuer à troubler l’ordre public ».

Alors que beaucoup s’interrogent déjà sur l’efficacité de ces mesures symboliques, le spécialiste des médias, Arnaud Mercier, dans une entrevue au Figaro, explique que le CSA « vient de se donner les moyens de sanctionner, à l’avenir, toute incartade déontologique du même type. Les sanctions pouvant être pécuniaires ou toucher aux autorisations d’émettre. Les chaînes auraient donc tort de prendre l’avertissement par-dessus la jambe ».


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