Plaignant
Commission scolaire de la Pointe-de-l’Île et M. Pierre Boulay, directeur général
Mis en cause
Mme Marie-Claude Chiasson, journaliste, M. Simon Bousquet, journaliste, Mme Marie-Josée Chouinard, directrice de contenu et les hebdomadaires L’Avenir de l’Est, Le Flambeau de l’Est, Le Progrès Saint-Léonard, L’Informateur de Rivières-des-prairies et le Guide de Montréal-Nord
Résumé de la plainte
M. Pierre Boulay directeur général de la Commission scolaire de la Pointe-de-l’Île (CSPÎ), dépose une plainte le 27 octobre 2014 contre les journalistes Mme Marie-Claude Chiasson et M. Simon Bousquet ainsi que les hebdomadaires L’Avenir de l’Est, Le Flambeau de l’Est, Le Progrès Saint-Léonard, L’Informateur de Rivières-des-prairies et le Guide de Montréal-Nord, concernant un article publié le 14 octobre 2014, sous le titre « Vincent Arciresi veut continuer d’assainir les finances de la CSPÎ ». Le plaignant reproche au journaliste d’avoir publié des propos hors contexte et un refus de rétractation.
Le plaignant souligne, de plus, que la publication de cet article est une atteinte à la réputation de M. Jean-François Bouchard, directeur de l’école secondaire Henri-Bourassa. Le Conseil rappelle que l’atteinte à la réputation et la diffamation ne sont pas considérées comme du ressort de la déontologie journalistique et relèvent plutôt de la sphère judiciaire. Comme le Conseil de presse ne rend pas de décisions à ce titre, le grief pour atteinte à la réputation n’a pas été traité.
L’article en cause rapporte le bilan du président sortant de la Commission scolaire de la Pointe-de-l’Île, M. Vincent Arciresi, qui se présente à nouveau, aux élections scolaires de novembre 2014. À cet article sont ajoutés des extraits d’une entrevue réalisée avec M. Jean-François Bouchard, directeur de l’école secondaire Henri-Bourassa, sur l’état de son école et des importants travaux effectués au cours des dernières années.
Analyse
Grief 1 : propos cités hors contexte
M. Pierre Boulay reproche au journaliste d’avoir cité hors contexte les propos de M. Bouchard dans un article retraçant le bilan du président sortant de la CSPÎ, ce qui, selon le plaignant, aurait laissé entendre que le directeur de l’école secondaire Henri-Bourassa M. Jean-François Bouchard, avait une opinion favorable à l’endroit du président sortant, M. Arciresi et qu’il apportait son soutien à la campagne de ce dernier en vue des élections scolaires. Selon le plaignant, le journaliste n’aurait pas dû présenter les propos de M. Bouchard sur l’état de son école immédiatement à la suite des propos de M. Arciresi qui affichait un bilan très positif de son administration. Pour M. Boulay, le journaliste aurait dû préciser que les commentaires de M. Bouchard avaient été recueillis dans un contexte public non partisan, évitant ainsi l’apparence d’appui politique.
Le journaliste Simon Bousquet affirme qu’il a rapporté fidèlement les propos du directeur de l’école secondaire, M. Jean-François Bouchard, et soutient que ce dernier connaissait le contexte dans lequel se retrouveraient ses commentaires. Le journaliste dit avoir questionné le directeur à la suite d’un discours préélectoral de Vincent Arciresi, candidat à la présidence de la CSPÎ, et défait lors de l’élection scolaire. Peu après la parution de l’article, le journaliste souligne que lors d’une conversation avec M. Bouchard, ce dernier reconnaissait avoir été « bien cité » et avoir été clairement informé que les questions porteraient sur le bilan que venait de dresser le directeur de la commission scolaire et qu’il a tout de même décidé de se prononcer sur l’état de son école. Le journaliste souligne que dans l’article il est mentionné que M. Arciresi est à la tête de la CSPÎ depuis 1990 et que M. Bouchard affirme que les écoles da la CSPÎ sont très bien entretenues depuis sept ans, ce qui évite au lecteur, à son avis, de prêter des intentions partisanes à M. Bouchard.
En réponse à la réplique du journaliste, le plaignant maintient que M. Bouchard n’a d’aucune façon appuyé la candidature du M. Arciresi et que jamais le journaliste ne l’aurait avisé que l’entrevue porterait sur le bilan des réalisations du président sortant de la Commission scolaire.
Dans son guide, les Droits et responsabilités de la presse (DERP), il est mentionné : « En ce qui a la nouvelle et au reportage, les médias et les professionnels de l’information doivent s’en tenir à rapporter les faits et à les situer dans leur contexte sans les commenter. Quel que soit l’angle de traitement retenu pour une nouvelle ou un reportage, les médias et les journalistes doivent transmettre une information qui reflète l’ensemble d’une situation et le faire avec honnêteté, exactitude et impartialité. » (p. 26)
Face à ces deux versions contradictoires, le Conseil a effectué une recherche pour mieux connaître les circonstances dans lesquelles s’est déroulée l’entrevue que M. Bouchard a accordée au journaliste Simon Bousquet. Le Conseil a constaté que le directeur de l’école avait plusieurs années d’expérience, qu’il avait vécu plusieurs campagnes électorales scolaires et qu’il connaissait très bien son obligation de ne participer d’aucune façon à la campagne électorale scolaire. M. Bouchard a accepté de commenter l’annonce de la construction d’un nouveau gymnase à son école en prenant bien soin de le faire en présence de témoins qui pouvaient constater le caractère non partisan de ses commentaires.
Devant ces faits, le Conseil estime plus probante la version du plaignant et considère que le mis en cause a déformé les propos du directeur en ne respectant pas le contexte dans lequel ils ont été recueillis, ce qui en modifiait le sens et la portée et donnait l’impression aux lecteurs que le fonctionnaire scolaire appuyait la candidature du président sortant de la commission scolaire.
Le grief de propos cités hors contexte est retenu.
Grief 2 : refus de rétractation
Le plaignant soutient que contrairement à ce que prétend le journaliste, M. Bouchard a communiqué avec ce dernier, à la suite de la parution de l’article, pour lui demander de se rétracter, puisque les propos de M. Bouchard, rapportés dans l’article, n’étaient aucunement liés à ceux du président sortant.
Le journaliste Simon Bousquet estime qu’il n’avait pas à publier une rétractation puisqu’il n’avait proféré, selon lui, aucune inexactitude en rapportant fidèlement les propos du directeur et qu’il lui avait précisé le contexte dans lequel ses commentaires se retrouveraient.
Le guide de déontologie du Conseil de presse mentionne : « Il relève de la responsabilité des médias de trouver les meilleurs moyens pour corriger leurs manquements et leurs erreurs […]. » (p. 46) On peut également y lire que : « […] les rétractations et les rectifications devraient être faites de façon à remédier pleinement et avec diligence au tort causé. Les médias n’ont aucune excuse pour se soustraire à l’obligation de réparer leurs erreurs, que les victimes l’exigent ou non […]. » (p. 46)
Considérant que le journaliste a présenté de façon erronée les affirmations de M. Bouchard, le Conseil estime que le média avait l’obligation de publier un rectificatif et de présenter la réalité dans sa juste perspective.
Le grief de refus de rétractation est retenu.
Décision
Au vu de ce qui précède, le Conseil de presse du Québec retient la plainte de M. Pierre Boulay contre les journalistes Marie-Claude Chiasson et Simon Bousquet ainsi que les hebdomadaires, L’Avenir de l’Est, Le Flambeau de l’Est, Le Progrès Saint-Léonard, L’Informateur de Rivières-des-prairies et le Guide de Montréal-Nord pour les griefs de propos cités hors contexte et absence de rétractation.
Le Conseil de presse du Québec rappelle que : « Lorsqu’une plainte est retenue, l’entreprise de presse visée par la décision a l’obligation morale de la publier ou de la diffuser. Les entreprises de presse membre s’engagent pour leur part à respecter cette obligation, et à faire parvenir au secrétariat du Conseil une preuve de cette diffusion au maximum 30 jours suivant la date de la décision. » (Règlement No 2, article 8. 2)
La composition du comité des plaintes lors de la prise de décision :
Représentants du public :
Mme Micheline Bélanger
M. Adélard Guillemette
Représentants des journalistes :
Mme Katerine Belley-Murray
M. Denis Guénette
Représentant des entreprises de presse :
M. Raymond Tardif
Analyse de la décision
- C11D Propos/texte mal cités/attribués
- C19A Absence/refus de rectification