Plaignant
Mme Marilou Alarie
Mis en cause
Mme Kathleen Lévesque, journaliste
Le site Internet lapresse.ca
Résumé de la plainte
Mme Marilou Alarie dépose une plainte le 3 mars 2016 contre la journaliste Kathleen Lévesque et le site Internet lapresse.ca, concernant l’article « Saint-Bruno-de-Montarville: hausse de salaire de 8,8 % pour le DG » publié le 18 février 2016. La plaignante reproche un manque d’équilibre.
L’article mis en cause rapporte la décision du conseil municipal de Saint-Bruno-de Montarville d’accorder une hausse salariale de 8,8 % au directeur général par intérim.
Analyse
Grief 1 : manque d’équilibre
La plaignante déplore que l’article rapporte uniquement la réaction de la chef de l’opposition concernant l’augmentation de salaire du directeur général par intérim de la municipalité. Elle regrette que la version des conseillers municipaux du parti majoritaire ne soit pas présentée dans l’article.
Le représentant des mis en cause, Me Patrick Bourbeau, considère que l’équilibre des points de vue est respecté. Selon lui, la journaliste n’a pas commis de faute déontologique en présentant uniquement la position de la conseillère municipale de l’opposition puisque le résultat du vote en faveur de l’augmentation salariale du directeur général par intérim témoigne de la position des conseillers de la majorité.
Dans ses commentaires, la plaignante souligne que l’article ne rapporte pas les raisons pour lesquelles l’équipe du maire a voté en faveur de l’augmentation salariale du directeur général par intérim.
L’article 9, alinéa d) du Guide de déontologie journalistique du Conseil de presse du Québec rappelle le devoir d’équilibre des journalistes et des médias : « [Ils] produisent, selon les genres journalistiques, de l’information possédant les qualités suivantes : […] d) équilibre : dans le traitement d’un sujet, présentation d’une juste pondération du point de vue des parties en présence. »
Dans la décision D2015-02-082, le Conseil rappelle qu’un traitement équilibré doit être accordé lorsqu’il s’agit de questions controversées. Il juge que les mis en cause ont manqué d’équilibre dans leur traitement d’un conflit entre la plaignante et un couple de nouveaux propriétaires se disant victimes de vices cachés. Le Conseil reproche aux mis en cause d’avoir uniquement rapporté la version des faits du couple sans présenter celle de l’ancienne propriétaire (la plaignante).
À la lecture de l’article visé par la présente plainte, le Conseil observe que la conseillère de l’opposition citée dans l’article attaque l’intégrité du directeur général par intérim et des élus du parti du maire. Elle affirme : « Alors qu’on se questionne partout sur la rémunération des employés municipaux, force est de constater que certains DG savent bien tirer leur épingle du jeu et faire monter les enchères avec l’aide d’élus ». Dans le paragraphe suivant, la journaliste conclut en rappelant : « M. Hébert [directeur général par intérim] et le maire Martin Murray sont deux anciens collègues du service des finances de la Ville de Montréal. »
Aux yeux de la majorité (5/7) des membres du comité des plaintes, ces deux passages témoignent du fait que l’augmentation salariale du directeur général par intérim était controversée et nécessitait de ce fait de présenter la version du parti du maire notamment afin d’éclaircir la justification de cette augmentation. De plus, comme la conclusion de l’article laisse planer des doutes quant à la probité du directeur général par intérim et du maire, cette insinuation renforce le devoir d’équilibre des mis en cause.
Les membres ayant exprimé une opinion dissidente reconnaissent qu’il aurait été préférable d’enrichir l’article du point de vue du parti du maire, mais jugent que cette omission ne constitue pas une faute déontologique. Ils jugent que l’angle de l’article était davantage de rapporter succinctement une décision prise au conseil municipal, ce que la journaliste a fait correctement, selon eux.
Le grief pour manque d’équilibre est retenu à la majorité.
Décision
Au vu de ce qui précède, le Conseil de presse du Québec retient, à la majorité (5/7 membres), la plainte de Mme Marilou Alarie et blâme la journaliste Kathleen Lévesque et le site Internet lapresse.ca pour le grief de manque d’équilibre.
Le Conseil de presse du Québec rappelle que : « Lorsqu’une plainte est retenue, l’entreprise de presse visée par la décision a l’obligation morale de la publier ou de la diffuser. Les entreprises de presse membre s’engagent pour leur part à respecter cette obligation, et à faire parvenir au secrétariat du Conseil une preuve de cette diffusion au maximum 30 jours suivant la date de la décision. » (Règlement No 2, article 9.3)
La composition du comité des plaintes lors de la prise de décision :
Représentants du public :
- M. Paul Chénard
- M. Marc-André Dowd
- M. Jacques Gauthier
Représentants des journalistes :
- M. Martin Francoeur
- Mme Audrey Gauthier
Représentants des entreprises de presse :
- M. Jed Kahane
- M. Pierre-Paul Noreau