Le Conseil de presse accueille avec scepticisme et réserves le rapport du comité conseil sur la qualité et la diversité de l’information, présidé par Mme Armande Saint-Jean.
À la lecture des 12 recommandations du Comité conseil, on peut être enclin à se demander si le journalisme et les médias sont de création toute récente et qu’il incombe désormais au gouvernement de les orienter et de les structurer.
Bien que le comité mandaté par la ministre Diane Lemieux reconnaisse l’importance du rôle joué par le Conseil de presse en recommandant que son financement soit accru, le CPQ juge irréaliste un certain nombre de recommandations du rapport Saint-Jean, tout particulièrement celle ayant trait à la mise sur pied d’un Conseil de l’information paragouvernemental.
De l’avis du Conseil de presse, cette recommandation entraînerait la création d’une structure étatique lourde et très coûteuse, entrant par surcroît dans le champ de juridiction que le CPQ occupe depuis 30 ans. Selon le président de l’organisme, Michel Roy, il s’agirait en fait d’un inutile dédoublement de structures et de responsabilités. À ses yeux, l’analyse du comité ministériel réduit l’action du Conseil de presse à une véritable peau de chagrin, soit celle d’un tribunal d’honneur, alors que les activités du CPQ vont bien au-delà d’un unique service des plaintes : traiter les multiples demandes d’information des citoyens des quatre coins du Québec; signaler publiquement, s’il y a lieu, les dérapages déontologiques de la presse; promouvoir l’application et le respect des plus hautes normes éthiques auprès de la communauté journalistique; faire œuvre pédagogique auprès de la population en matière d’éducation aux médias; veiller sur la liberté de la presse et le droit du public à une information pluraliste et de qualité…pour ne nommer que ces mandats!
Aussi, plutôt que d’investir dans un aussi dispendieux Conseil de l’information, le président du Conseil de presse invite l’État à régler le problème de sous-financement de son organisme. Michel Roy tient à rappeler que le gouvernement du Québec est l’un des membres fondateurs du CPQ, et qu’il se doit, à ce titre, d’y contribuer financièrement de façon plus équitable.
Reconnaissance internationale
Fondé en 1973, le Conseil de presse est un organisme d’autorégulation indépendant, à but non lucratif et tripartite, composé de membres du public ainsi que de représentants des journalistes et des entreprises de presse. Agissant à la fois comme conscience et chien de garde de la liberté de la presse et du droit du public à l’information, le CPQ fait office au Québec de protecteur du citoyen en matière d’information.
Lieu de débat permanent sur les médias d’information, le mode d’organisation souple du Conseil de presse, et sa composition tripartite, lui permettent de dégager de larges consensus sur des questions d’intérêt public au sein de la communauté journalistique, comme la problématique de la concentration de la propriété des organes d’information, ou la protection de jeunes contrevenants ou victimes d’actes criminels, à titre d’exemples.
Tout en reconnaissant que son institution est perfectible et que son fonctionnement peut être amélioré, le président Michel Roy rappelle que le CPQ est perçu, tant par des experts européens qu’américains, comme l’un des meilleurs conseils de presse en Occident; à preuve, a-t-il ajouté, s’inspirant du modèle québécois, sept Observatoires de presse ont pu naître dans différents pays d’Afrique francophone, au cours des toutes dernières années, avec la collaboration sur place de membres du Conseil de presse du Québec.
Une charte de l’information et un Fonds d’aide
Le CPQ est en désaccord avec l’idée de soumettre les entreprises de presse à la transparence quant à la gestion financière de leurs salles de rédaction.
Dans son rapport, le Comité Saint-Jean propose également l’adoption d’une Loi sur l’information et cela, en dépit de l’opposition traditionnellement unanime de l’ensemble de la communauté journalistique québécoise à un encadrement serré de l’État par voie législative; un encadrement qui pourrait mettre en péril la liberté de presse, craint-on.
Or, la direction du Conseil de presse ne croit pas qu’une telle Loi soit nécessaire pour assurer la qualité, la diversité et l’accessibilité de l’information au Québec. Le CPQ estime plutôt que la voie de l’autorégulation de la presse reste la meilleure dans l’optique de la protection du public. Une autorégulation assortie toutefois de quelques mesures de renforcement, à commencer par un ajout de ressources humaines et financières au sein du Conseil de presse pour que celui-ci s’acquitte de ses multiples mandats avec plus de pertinence et de vigueur. Le CPQ serait alors en mesure de dresser publiquement, entre autres, un bilan annuel de l’état de santé de la presse au Québec.
Le Bureau de direction du CPQ souscrit, en revanche, à quelques uns des principes évoqués par le comité présidé par madame Saint-Jean, de même qu’aux deux recommandations suivantes :
- La confection d’une Charte de l’information applicable à l’ensemble des médias du Québec apparaît à la fois comme une idée intéressante et aisément réalisable, laquelle charte pourrait largement s’inspirer des principes éthiques que le CPQ promeut depuis quelque 25 ans et réunis dans un document intitulé Droits et Responsabilités de la presse. La Charte de l’information pourrait également s’appuyer sur le Guide déontologique de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, adopté en 1996.
- La création d’un Fonds d’aide à l’information correspond pour l’essentiel à une recommandation émise conjointement par le CPQ et la FPJQ en commission parlementaire, en février 2001. Un tel Fonds, soutenu par l’État, permettrait d’assurer une plus grande diversité médiatique, soit en soutenant la création de nouveaux médias indépendants, soit en soutenant des médias fragilisés financièrement.
SOURCE :
Robert MALTAIS
Secrétaire général
Conseil de presse du Québec
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