Mme Anne-Marie Maccio 

Richard Martineau, journaliste

Le quotidien Le Journal de Montréal

Mme Anne-Marie Maccio dépose une plainte le 7 novembre 2016 contre M. Richard Martineau chroniqueur au Journal de Montréal pour une chronique intitulée « Ben là », publiée le 7 novembre 2016. Elle dénonce des propos transphobes, haineux et irrespectueux.

Dans un premier temps, la plaignante estime que M. Martineau est partial. Le Conseil observe que le texte mis en cause est une chronique, soit un texte relevant d’un genre qui permet cette latitude à ceux qui le pratique, à savoir du journalisme d’opinion. De ce fait, son auteur est exempté du devoir déontologique d’impartialité. Ainsi, comme ce grief ne remplit pas les critères de recevabilité définis dans la Politique de recevabilité des plaintes au Conseil de presse du Québec, il ne sera pas traité.

Le Journal de Montréal n’a pas souhaité répondre  à la plainte.

Dans sa chronique, M. Martineau fait une énumération d’événements qui suscitent chez lui une réaction qui se traduit par : « Ben là ».

Grief 1 : propos transphobes, haineux et irrespectueux

Mme Maccio estime que M. Martineau tient des propos transphobes et haineux lorsqu’il décrit les femmes trans comme étant des hommes maquillés, dans l’extrait suivant : « Tu étais une femme, tu allais dans les toilettes publiques, et tu voyais un gars maquillé entrer dans la cabine d’à côté de la tienne? Tu faisais le saut et tu disais: “Ben là!” ».

Dans l’extrait suivant, la plaignante considère que le chroniqueur a tenu des propos irrespectueux envers des femmes ayant été victimes de violence sexuelle lorsqu’il dit : « Tu apprenais qu’une femme qui disait avoir été violée avait envoyé de nombreuses lettres d’amour à son présumé agresseur APRÈS qu’il eut tenté de l’étrangler? Tu écarquillais les yeux et tu disais: “Ben là!” ».

En matière de discrimination, le Guide de déontologie journalistique prévoit à l’article 19 (1) et (2) : « Les journalistes et les médias d’information s’abstiennent d’utiliser, à l’endroit de personnes ou de groupes, des représentations ou des termes qui tendent, sur la base d’un motif discriminatoire, à susciter ou attiser la haine et le mépris, à encourager la violence ou à entretenir les préjugés. » et « Les journalistes et les médias d’information ne font mention de caractéristiques comme la race, la religion, l’orientation sexuelle, le handicap ou d’autres caractéristiques personnelles que lorsqu’elles sont pertinentes. »

Le Guide prévoit en outre, à l’article 10.2, par. (1), qu’un journaliste d’opinion « exprime ses points de vue, commentaires, prises de position, critiques ou opinions en disposant, pour ce faire, d’une grande latitude dans le choix du ton et du style qu’il adopte. »

Après lecture de la chronique, le Conseil considère que l’expression « Ben là » ne constitue qu’une première réaction face à certaines situations énumérées par M. Martineau et non un encouragement, de ce dernier, à prendre position contre une personne ou un groupe en particulier. Le Conseil considère que M. Martineau en tant que chroniqueur est demeuré dans la limite permise au journalisme d’opinion et que, dans le présent cas, il n’a pas exprimé de propos transphobes, haineux ou irrespectueux.

Le grief de propos transphobes, haineux et irrespectueux est rejeté.

Refus de collaborer

Le Conseil déplore le refus de collaborer du Journal de Montréal, qui n’est pas membre du Conseil de presse, en ne répondant pas à la présente plainte.

Au vu de ce qui précède, le Conseil de presse du Québec rejette la plainte de Mme Anne-Marie Maccio contre le journaliste Richard Martineau et le Journal de Montréal pour le grief de propos transphobes, haineux et irrespectueux.

La composition du sous-comité des plaintes lors de la prise de décision :

Représentants du public :

M. Paul Chénard

M. Luc Grenier

Mme Linda Taklit

Représentante des journalistes :

Mme Audrey Gauthier

Représentants des entreprises de presse :

M. Jed Kahane

M. Raymond Tardif