Plaignant
Centre universitaire de santé McGill (CUSM)
Me Yves A. Dubois, avocat
Mis en cause
Mme Charlie Fidelman, journaliste
Le quotidien Montreal Gazette
Résumé de la plainte
Le Centre universitaire de santé McGill (CUSM), par l’entremise de l’avocat Me Yves A. Dubois, dépose une plainte le 19 janvier 2017 contre la journaliste Charlie Fidelman et le quotidien Montreal Gazette concernant un article publié le 21 octobre 2016, sous le titre « Saying goodbye to Archie Rolland, who chose to die: “It is unbearable” ». Le plaignant dénonce de l’information inexacte et un refus de rétractation et de droit de réplique.
Le plaignant estime que les mis en cause ont également commis une atteinte à la réputation de l’hôpital, de la partialité, un manque d’équilibre et d’équité ainsi que du sensationnalisme. Dans le premier cas, le Conseil rappelle que l’atteinte à la réputation n’est pas du ressort de la déontologie journalistique, mais relève plutôt de la sphère judiciaire. En ce qui concerne les griefs de partialité, de manque d’équilibre et d’équité et de sensationnalisme, comme aucun manquement précis n’a été pointé par le plaignant, ces griefs ne seront pas traités.
Dans son article, la journaliste Charlie Fidelman raconte les derniers jours de l’architecte Archibald Rolland, atteint de la maladie dégénérative de Lou-Gehrig.
Les mis en cause n’ont fait parvenir aucune réplique en réponse à la plainte.
Analyse
Grief 1 : information inexacte
Au nom du CUSM, Me Yves A. Dubois dénonce l’inexactitude de l’affirmation suivante : « Montreal landscape architect Archie Rolland vowed to end his life rather than continue to suffer at a long-term care facility in Lachine he said was treating him inhumanely. On July 4, Roland (sic) fled the facility. »
Le plaignant soutient qu’il est inexact d’affirmer que M. Archie Rolland a fui un centre de soins de longue durée parce qu’il était traité de façon inhumaine. Me Dubois souligne, qu’au contraire, le personnel hospitalier a collaboré au transfert de M. Rolland et que celui-ci a reçu des soins de qualité. Me Dubois précise que lorsque M. Rolland a décidé de quitter l’hôpital de Lachine, le personnel a non seulement respecté sa volonté, mais qu’il a aussi fourni de l’assistance pour l’aider dans son transfert. Le personnel de l’hôpital s’est aussi assuré que M. Rolland avait suffisamment d’équipement – un ventilateur portatif, les médicaments nécessaires et même une batterie supplémentaire – afin d’assurer son bien-être, selon le plaignant.
Les mis en cause n’ont fourni aucune réplique au Conseil. Cependant, dans une correspondance soumise par le plaignant, l’avocat de Montreal Gazette, Me Mark Bantey, accuse réception des récriminations de Me Dubois et précise que son client maintient le contenu de ses articles.
En matière d’exactitude, le Guide de déontologie journalistique rappelle à l’article 9, alinéa a) : « Qualités de l’information – Les journalistes et les médias d’information produisent, selon les genres journalistiques, de l’information possédant les qualités suivantes : a) exactitude : fidélité à la réalité. »
Le Conseil, à la lecture de l’article racontant les derniers jours de la vie de M. Rolland atteint de la maladie de Lou-Gehrig, constate que la journaliste attribue les propos dénoncés par le plaignant à M. Rolland : « Montreal landscape architect Archie Rolland vowed to end his life rather than continue to suffer at a long-term care facility in Lachine he said was treating him inhumanely. On July 4, Roland (sic) fled the facility ». À cet égard, la journaliste relate la perspective du patient et le Conseil ne saurait y voir de faute déontologique.
Par ailleurs, en regard du fait que M. Rolland aurait « fui » l’hôpital, le Conseil estime que, bien que le mot « fled » puisse avoir une connotation de devoir s’échapper d’urgence, il signifie aussi quitter une situation insupportable ou choisir de s’extirper d’une situation désagréable. Dans le présent cas, le Conseil juge que la journaliste rapportait la situation telle que l’a vécue M. Rolland et dans les circonstances, il n’y voit aucun manquement déontologique.
Le grief d’information inexacte est rejeté.
Grief 2 : refus de rétractation
Le plaignant déplore que les mis en cause aient refusé de se rétracter ou de publier un droit de réplique.
Dans une correspondance soumise par le plaignant, l’avocat de Montreal Gazette, Me Mark Bantey, précise que son client maintient le contenu de ses articles et qu’aucune rétractation ne sera effectuée.
Le Conseil n’ayant constaté aucune information inexacte, il juge que les mis en cause n’avaient pas à se rétracter ou publier un droit de réplique.
Le grief de refus de rétractation et de droit de réplique est rejeté.
Refus de collaborer
Le Conseil déplore le fait que le Montreal Gazette ait refusé de répondre, devant le Tribunal d’honneur, de la plainte le concernant.
Décision
Au vu de ce qui précède, le Conseil de presse du Québec rejette la plainte du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) contre la journaliste Charlie Fidelman et le Montreal Gazette pour les griefs d’information inexacte et refus de rétractation et de droit de réplique.
La composition du sous-comité des plaintes lors de la prise de décision :
Représentants du public :
M. Paul Chénard
M. Luc Grenier
Mme Linda Taklit
Représentante des journalistes :
Mme Audrey Gauthier
Représentants des entreprises de presse :
M. Jed Kahane
M. Raymond Tardif