Plaignant
Michel Dufour
Mis en cause
Taïeb Moalla, journaliste
Le quotidien Le Journal de Québec
Résumé de la plainte
CONTEXTE
Lors d’une conférence de presse, le 4 décembre 2017, dévoilant les activités de commémoration pour rendre hommage aux victimes de la fusillade à la grande mosquée de Québec, le Centre culturel islamique de Québec (CCIQ), par la voix de son cofondateur, Boufeldja Benabdallah, réclame un meilleur contrôle des armes à feu au Canada. Le Journal de Québec publie un article sur le sujet.
RÉSUMÉ DE LA PLAINTE
Michel Dufour dépose une plainte, le 5 décembre 2017, contre le journaliste Taïeb Moalla et le quotidien Le Journal de Québec concernant l’article « Sans un meilleur contrôle des armes à feu, le risque d’un drame existe toujours, dit le CCIQ », publié le 4 décembre 2017. Il déplore la publication d’informations inexactes et un manque de vérification des informations fournies par une source.
Analyse
Grief 1 : informations inexactes
Principe déontologique applicable
Qualités de l’information – « Les journalistes et les médias d’information produisent, selon les genres journalistiques, de l’information possédant les qualités suivantes : a) exactitude : fidélité à la réalité. » (article 9 alinéa a) du Guide de déontologie journalistique du Conseil de presse du Québec)
Le Conseil doit déterminer si le journaliste a transmis de l’information inexacte en publiant des propos de M. Benabdallah formulés lors de la conférence de presse, relativement aux termes « arme automatique » et « armes de guerre ».
Décision
Le Conseil de presse rejette le grief d’informations inexactes, car il estime que le journaliste n’a pas contrevenu à l’article 9 a) du Guide.
Analyse
Le plaignant considère que le journaliste transmet une inexactitude en rapportant les propos du cofondateur du Centre culturel islamique de Québec, M. Boufeldja Benabdallah. Les citations visées sont : « des balles ont été tirées par une arme automatique » et « il a suffi d’une arme automatique pour faire ce carnage ». Le plaignant affirme que l’arme utilisée était en fait un « pistolet semi-automatique » et que le journaliste « aurait dû faire une mise en contexte » et rappeler « aux lecteurs qu’aucune arme automatique n’a été utilisée lors de la tuerie de la grande mosquée à Québec ».
Le plaignant estime également que le journaliste avance des propos « sans lien avec la réalité » et « sans faire de mise en contexte » dans le passage suivant : « Le Leader musulman a dit ne pas comprendre que des “armes de guerre” soient permises au Canada. »
Le Conseil constate que les propos mis en cause par le plaignant sont présentés comme des déclarations de M. Benabdallah. Il estime que le chef musulman s’exprimait sous le coup de l’émotion et qu’il est compréhensible que, pour lui, les armes utilisées lors de la tuerie à la mosquée de Québec ressemblent à des armes de guerre.
Dès lors, une mise en contexte, comme réclamée par le plaignant, n’était pas pertinente à la compréhension de l’article, d’autant plus que la distinction entre des armes à feu automatiques et semi-automatiques ne constituait pas le thème de l’article en cause.
Grief 2 : manque de vérification des informations fournies par une source
Principe déontologique applicable
Fiabilité des informations transmises par les sources – « Les journalistes prennent les moyens raisonnables pour évaluer la fiabilité des informations transmises par leurs sources, afin de garantir au public une information de qualité. » (article 11 du Guide)
Le Conseil doit déterminer si le journaliste a pris des moyens raisonnables pour évaluer la fiabilité des informations transmises par ses sources.
Décision
Le Conseil de presse rejette le grief de manque de vérification des informations fournies par une source jugeant que le journaliste n’a pas contrevenu à l’article 11 du Guide.
Analyse
Bien que le plaignant soit d’avis que le journaliste aurait dû « vérifier les faits et les remettre en contexte », le Conseil estime que les propos du leader musulman rapportés par le journaliste relevaient, dans le contexte, davantage d’une opinion que d’un fait. Le Conseil ne constate pas de manque de vérification dans la citation de cette opinion.
Note
Les mis en cause n’ont soumis aucune réplique à la présente plainte. Le Conseil regrette le manque de collaboration du Journal de Québec.
Décision
Le Conseil de presse du Québec rejette la plainte de Michel Dufour contre le journaliste Taïeb Moalla et le quotidien Le Journal de Québec pour les griefs d’informations inexactes et de manque de vérification des informations fournies par une source.
Linda Taklit
Présidente du comité des plaintes
La composition du comité des plaintes lors de la prise de décision :
Représentants du public :
Paul Chénard
Renée Lamontagne
Michel Loyer
Linda Taklit
Représentants des journalistes :
Lisa-Marie Gervais
Johanna Pellus
Représentant des entreprises de presse :
Jed Kahane