Plaignant
Jean-François Potvin
Mis en cause
Fanny Lévesque, journaliste
lapresse.ca
Résumé de la plainte
Jean-François Potvin dépose une plainte le 9 mars 2018 contre la journaliste Fanny Lévesque et le site Internet lapresse.ca concernant l’article intitulé « Les Canadiens favorables à un plus grand contrôle des armes à feu », publié le 9 mars 2018. Le plaignant reproche de l’information inexacte.
CONTEXTE
La journaliste rapporte les résultats d’un sondage sur les armes à feu, commandé par le groupe PolySeSouvient, qui milite pour un contrôle plus étroit des armes à feu. Le sondage a été réalisé auprès de 1510 Canadiens par la firme Environics, du 6 au 8 mars 2018, 3 semaines après la tuerie de Parkland en Floride.
Analyse
Grief 1 : informations inexactes
Principe déontologique applicable
Qualités de l’information : « Les journalistes et les médias d’information produisent, selon les genres journalistiques, de l’information possédant les qualités suivantes : a) exactitude : fidélité à la réalité. » (article 9, Guide de déontologie journalistique du Conseil de presse du Québec)
1.1 Armes d’assaut
Le Conseil doit déterminer si les mis en cause ont transmis de l’information inexacte en rapportant : « Huit Canadiens sur dix sont favorables à l’interdiction de posséder des armes d’assaut. »
Décision
Le Conseil de presse rejette le grief d’information inexacte sur ce point.
Analyse
Bien que le plaignant affirme qu’il est inexact de parler d’« arme d’assaut », considérant que « toute arme d’assaut n’a jamais été permise au Canada », le Conseil constate que la journaliste rapporte les résultats d’un sondage pancanadien. Le Conseil note que la journaliste ne fait que reprendre les termes utilisés dans cette enquête d’opinion sur les armes de façon générale, tout en précisant que le sondage a été réalisé à la demande du groupe PolySeSouvient, qui milite pour un contrôle plus étroit des armes à feu. Dans ce contexte, elle informe le public de ce sondage en particulier.
Les sondages qui tentent de prendre le pouls de la population posent parfois des questions théoriques qui ne représentent pas nécessairement la Loi. Le Conseil souligne par ailleurs que la phrase en cause n’indique pas que les armes d’assaut sont légales ou non. Le Conseil ne saurait donc y voir de faute déontologique de la part de la journaliste qui a rapporté les résultats de ce sondage.
1.2 Registre de vente d’armes à feu
Le Conseil doit déterminer si les mis en cause ont transmis de l’information inexacte en rapportant : « Le sondage montre également que 85 % des personnes interrogées (88 % au Québec) appuient un contrôle plus strict de la vente d’armes à feu en réinstaurant les registres de vente dans les commerces – abolis par le gouvernement Harper – et en obligeant le signalement de transferts privés. »
Décision
Le Conseil de presse rejette le grief d’information inexacte sur ce point.
Analyse
Le plaignant affirme que le registre des armes restreintes n’a jamais été retiré et que le registre des ventes des armes non restreintes a été « remis en fonction le 29 janvier 2018 ».
Bien que le plaignant soit en désaccord avec les résultats du sondage, le Conseil note, ici également, que la journaliste reproduit fidèlement la question présentée dans le sondage et qu’elle n’a pas commis de faute en rapportant les résultats du sondage sur cette question. Le Conseil constate que les arguments soumis par le plaignant ne sont pas avancés dans le sondage présenté et il considère de ce fait que le présent article – qui s’adresse à un large public – n’induit pas le lecteur en erreur.
1.3 Armes légales au Canada
Le Conseil doit déterminer si les mis en cause ont transmis de l’information inexacte en rapportant : « Pratiquement toutes les tueries des dernières années aux États-Unis ont été faites avec des armes qui sont tout à fait légales ici au Canada pour possession privée […] »
Décision
Le Conseil de presse rejette le grief d’information inexacte sur ce point.
Analyse
Le plaignant soutient que la phrase ci-dessus est fausse, car les « armes semi-automatiques vendues aux USA avec des chargeurs haute capacité ne sont pas vendus au Canada » et que « le AR-15 vendu au Canada, mais sous autorisation restreinte a un chargeur de 5 coups ». Le Conseil constate qu’il n’est aucunement fait mention de ce type d’arme ni dans le passage en cause ni dans le reste de l’article.
Par ailleurs, le Conseil note que les propos reprochés sont tenus par la porte-parole du groupe PolySeSouvient, Heidi Rathjen, qui commente les résultats du sondage, et que la journaliste pouvait rapporter l’interprétation de cette dernière. Dans la décision D2018-09-090, le Conseil avait rejeté le grief d’information inexacte, estimant que « la journaliste avait rapporté la réaction du maire qu’elle a recueillie lors de la conférence de presse et que l’information inexacte alléguée par le plaignant est en fait l’opinion du maire. Le Conseil juge que la journaliste ne saurait être tenue responsable de l’interprétation que le maire a faite de la position des militants ». De la même manière, dans le cas présent, le Conseil estime que la journaliste ne saurait être tenue responsable de l’opinion de la porte-parole de PolySeSouvient.
Décision
Le Conseil de presse du Québec rejette la plainte de Jean-François Potvin contre la journaliste Fanny Lévesque et le site lapresse.ca pour le grief d’informations inexactes.
Renée Lamontagne
Présidente du comité des plaintes
La composition du comité des plaintes lors de la prise de décision :
Représentants du public :
Ericka Alneus
Renée Lamontagne
Richard Nardozza
Représentants des journalistes :
Maxime Bertrand
Luc Tremblay
Représentants des entreprises de presse :
Pierre Champoux
Nicole Tardif