Le 3 août 1990. Le Conseil de presse du Québec proteste avec véhémence contre la saisie par la Sûreté du Québec des vidéocassettes produites ou diffusées par les services des nouvelles de la plupart des réseaux de télévision de Montréal relativement aux événements survenus le 11 juillet dernier à Oka.
Le Conseil de presse s’insurge à nouveau contre cette pratique des forces policières de se servir des journalistes et de leur matériel comme témoins et preuves éventuels pour leurs enquêtes à mener et les procès à instruire.
Le Conseil ne s’en prend pas aux forces policières qui ont à accomplir efficacement leur travail mais qui ne doivent certes pas le faire au détriment des médias et des journalistes : ceux-ci ont besoin, en effet, de toute la liberté nécessaire pour offrir au public l’information la plus crédible possible.
Or, obliger médias et journalistes à devenir collaborateurs de la police dans l’exercice même de leurs fonctions, c’est pervertir l’acte journalistique et le détourner de ses fins propres.
Le Conseil de presse reconnaît qu’en certaines circonstances l’intérêt public peut se voir écartelé entre, d’une part, l’administration pleine et entière de la justice à assurer, à laquelle contribuent incontestablement les forces policières et, d’autre part, la garantie à préserver pour le public de l’information la plus impeccable possible à lui offrir. Il devrait appartenir au tribunal de trancher alors entre ces deux aspects difficilement compatibles de l’intérêt public.
C’est pourquoi le Conseil de presse félicite les médias qui ont entrepris de contester devant les tribunaux la saisie, par la Sûreté du Québec, de leur matériel journalistique et il encourage fortement tous les autres à faire de même.
Nous pourrons en arriver ainsi à faire que chacun joue pleinement son rôle dans une société démocratique où la liberté et l’intégrité de l’information nous importent au plus haut point.
En terminant, le Conseil de presse souhaite qu’il soit donné suite législative, dans les meilleurs délais, au protocole d’entente intervenu en mai dernier entre le Barreau, la Fédération Professionnelle des journalistes du Québec, la Fédération nationale des communications et le Conseil lui-même notamment sur toute cette question de la protection du matériel journalistique et sur les conditions à respecter pour y recourir devant les tribunaux.
SOURCE : Marc Thibault, président