Lors de la manifestation violente d’hier, dimanche le 12 août, à Châteauguay, le comportement policier à l’endroit d’un journaliste-caméraman du réseau anglais de Radio-Canada a révolté toutes les personnes qui se soucient des valeurs démocratiques dans notre société. Le public a pu observer ce comportement à la télévision, grâce aux bons soins d’un autre collègue caméraman de TVA qui a filmé toute la scène.
Vouloir empêcher un journaliste de faire son devoir, le molester pour le détourner de son travail, se saisir d’autorité de son matériel photographique comme si le caméraman avait été en possession d’une arme dangereuse constitue une atteinte grave à la liberté de l’information et à la liberté tout court de la personne. Ce comportement ne peut qu’être condamné et réprouvé comme il se doit.
Pareilles méthodes relèvent de forces de répression en régime totalitaire et sont absolument indignes d’un corps policier en système démocratique.
Il faut comprendre, comme le suggère un ministre du gouvernement québécois, l’exaspération et la tension des membres de la Sûreté du Québec. Il faut peut-être admettre à la limite que la violence entraîne la violence.
Mais un caméraman qui n’est pas un protagoniste, mais un simple observateur de l’événement, n’a pas à être pris en partie par les forces de l’ordre comme s’il commettait lui aussi un acte répréhensible, en exerçant son métier.
Si la police n’est pas capable de faire la différence entre un manifestant, roches à la main, et un caméraman, appareil à l’épaule, il y a lieu de s’interroger impérieusement sur l’état d’esprit de certains policiers et évaluer en conséquence leur capacité à faire face à des situations de crise comme celle que nous connaissons, si grave soit-elle.
Le Conseil venait tout juste de protester, le 3 août, contre une saisie par la Sûreté du Québec de vidéocassettes produites et diffusées ou non par les réseaux de télévision de Montréal relativement aux événements survenus à Oka, le 11 juillet dernier. Le Conseil tient à rappeler aux forces policières qu’elles ne trouveront aucun intérêt à porter atteinte au libre exercice par les journalistes de leur profession.