En Belgique, le journal La Dernière Heure a été blâmé par le Conseil de déontologie journalistique (CDJ) pour avoir diffusé à « répétition sur son site web, au bas des articles sportifs, des propos injurieux et insultants pour des personnes voire racistes, dans certains cas ».
Dans sa décision rendue le 11 septembre, le CDJ rapporte que le plaignant a d’abord fait des démarches auprès du journal en lui rapportant les propos outranciers qu’il avait lus sur les espaces de réaction ouverts aux internautes du site Internet. Devant l’inaction des responsables, il a déposé une plainte au CDJ en invoquant le manque de modération de la part de La Dernière Heure.
Le CDJ note que depuis l’été 2012, la section sportive du site permet des échanges entre les partisans de deux clubs de soccer belges. « D’abord folkloriques, ces échanges ont viré à l’injure de la part d’un [partisan] ou d’un petit nombre de supporters anderlechtois », note le CDJ. Au printemps dernier, à la suite de la nomination d’un entraîneur d’origine israélienne à la tête de l’équipe de Liège, des internautes ont publié des messages à connotation raciste.
L’organisme déontologique précise que la plainte ne portait pas sur un seul commentaire, mais sur une série. Au moment de l’analyse, la publication de propos offensants se poursuivait.
Dans sa défense, le journal a fait valoir que l’anonymat est une liberté de l’Internet et qu’il ne faut voir qu’un jeu dans les échanges entre les partisans des deux équipes. « Ce n’est pas différent de ce qu’on entend dans les stades », soutient le représentant du journal en affirmant que le grand nombre de commentaires de ce genre contribue fortement au succès rédactionnel de la publication.
Pour défendre sa façon de faire, le journal invoque également la liberté d’expression et juge que ces commentaires ne violent pas les lois sur le racisme et la discrimination.
« Nous ne pouvons pas parler ici de déontologie journalistique dans le sens strict du terme (il n’y a pas d’article écrit par un journaliste maison) », conclut le mis en cause.
Manquement à ses propres règles
Dans son analyse, en plus de référer à sa Recommandation sur les forums ouverts sur les sites des médias, le CDJ souligne que le journal n’a pas respecté ses propres règles d’utilisation des espaces ouverts aux commentaires du public.
Dans le texte que La Dernière Heure devait publier à la suite de la décision du CDJ, on peut notamment lire que « Les internautes portent la responsabilité des propos qu’ils expriment mais les médias, eux, ont le droit et la responsabilité de ne pas publier tous les messages ».
L’organisme demande au journal d’être plus sélectif et de faire connaître les conditions d’utilisation du site web et d’en exclure ceux qui y contreviennent à répétition en exprimant des injures, des insultes et des messages racistes.