Du 5 au 7 novembre, citoyens, journalistes, professeurs, étudiants et autres professionnels des médias se réuniront à Metz, en France, pour la 7e édition des Assises internationales du journalisme et de l’information.
Organisé par Journalisme et citoyenneté, l’événement vise à « définir les conditions de production d’une information de qualité dans la France du XXIe siècle ».
Le président de l’association, le journaliste Jérôme Bouvier, explique que la vocation de l’organisme est de débattre des conditions de production de l’information. Il estime que les citoyens doivent avoir les mêmes exigences envers l’information qu’envers l’environnement, l’alimentation ou les soins de santé dont la qualité est fréquemment le sujet de débat.
Sous le thème Réinventons le journalisme, les participants prendront part à des rencontres touchant autant la pratique du journalisme que ses enjeux déontologiques.
Entre autres au programme des ateliers, cette année, le premier bilan de l’Observatoire de la déontologie de l’information, le droit à l’information en Europe, la protection des sources et les nouveaux moyens de financement de l’information.
Des ateliers sur des technologies qui font leur entrée dans les salles de rédaction comme les logiciels de fact-checking, les drones et l’utilisation des jeux sérieux en journalisme sont également prévus. M. Bouvier rapporte que les organisateurs des Assises ont voulu explorer comment ces nouveaux outils peuvent être conciliés avec les valeurs fondamentales du journalisme.
Établir un dialogue
Lorsqu’il a créé Journalisme et citoyenneté, en 2006, Jérôme Bouvier croyait que les professionnels du journalisme et le public devaient avoir un espace de dialogue pour réussir à sortir de la crise de confiance qui secouait les médias.
La pertinence du métier était remise en cause, puisque tout le monde pouvait s’improviser journaliste grâce aux médias sociaux et aux blogues. Dans ce contexte, M. Bouvier estimait que les deux parties avaient un bout de chemin à faire. « Les journalistes ont à se remettre en cause et il y a une nécessité pour le public de comprendre que le métier est important et qu’il a ses règles », soutient-il.
Jérôme Bouvier admet que le milieu journalistique n’était pas ravi d’être critiqué, mais il constate qu’avec les crises que traversent actuellement les médias amènent une attitude différente des journalistes et des patrons de presse. « L’avantage, c’est qu’on peut arriver sans arrogance ni certitude », observe-t-il.
Éthique et qualité
Même si la proposition d’adopter une charte unique a achoppé, Jérôme Bouvier se réjouit de constater que le débat instigué par cette proposition a permis de remettre les questions d’éthique dans l’actualité. « On sortira de la crise par la qualité du contenu et non avec le supplément montre », lance-t-il en faisant référence aux cahiers spéciaux produits par les journaux.
Selon M. Bouvier, on commence à prendre conscience que la richesse d’une salle de rédaction repose sur la qualité de l’information et non sur l’immédiateté de la publication d’une nouvelle. « Le journalisme n’est plus là pour donner la nouvelle. On redonne au journalisme sa mission de vérifier, de mettre en perspective », se réjouit-il.
Alors qu’on évalue que 1500 emplois sont menacés ou ont été abolis en 2013 dans les salles de rédaction françaises, comment se traduit cette prise de conscience ? « C’est le cœur du paradoxe, répond Jérôme Bouvier. Il y a un consensus sur l’importance d’un retour à une information pertinente, mais le contexte économique fait qu’on sabre dans les salles de rédaction. »
Conseil de presse
Le 6 novembre, la ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti, s’adressera aux participants des Assises. Alors que le Parti socialiste s’était montré ouvert à la création d’un conseil de presse, lors d’un colloque tenu en juin dernier, l’organisateur ne s’attend pas à ce que la ministre en confirme la mise sur pied.
Dans un pays où les impacts de la crise économique font chaque soir les manchettes et où les salles de rédaction font face à des mises à pied, M. Bouvier voit la situation avec lucidité. « Aucune rédaction, aucun journaliste ne se mettront en grève pour des questions d’éthique ou de déontologie. » D’autre part, il admet qu’aucun politicien ne gagnera un vote de plus parce qu’il a créé un conseil de presse.
Magazine du CPQ à Metz
Les organisateurs évaluent que 1000 professionnels se déplaceront vers la Lorraine pour assister aux Assises. Jérôme Bouvier remarque que les activités sont également suivis via les médias sociaux par ceux qui ne peuvent se rendre sur place. Le mot-clic #Assises2013 a d’ailleurs été créé.
Le Magazine du CPQ sera sur place pour couvrir l’événement.