National Public Radio (NPR), un OBNL américain regroupant des radios locales publiques a adopté une nouvelle description de tâche pour son prochain ombudsman, dans laquelle le « commentaire et le jugement » est exclu.
Dans son blogue Press Think du 14 juillet, Jay Rosen commente une offre d’emploi publiée par NPR le 4 juillet dernier, dont le passage suivant l’a surpris : « l’ombudsman/public editor de NPR se consacre à rassembler les faits et apporter des explications, et non à commenter et à porter un jugement. »
Selon M. Rosen, cela suggère que l’ombudsman/public editor ne pourra plus, comme c’était le cas auparavant, porter un regard critique sur le travail des journalistes à l’interne.
Il appuie son interprétation en citant des extraits de textes publiés par une ex-ombudsman et l’actuel titulaire du poste, Edward Schumacher-Matos. Ces extraits contiennent clairement des jugements sur le travail journalistique à NPR, estime M. Rosen.
En entrevue, Jeffrey Dvorkin, premier à avoir occupé ce poste en 2000, avance que « le modèle édulcoré d’un « représentant des lecteurs » au Washington Post fait son chemin chez NPR, voire contamine sa vision ».
Rappelons qu’en mars 2013, l’ombudsman indépendant du Washington Post avait été remplacé par un « représentant du public » rattaché à la salle de nouvelles. La décision avait été dénoncée par le premier intéressé comme un refus du WP de voir le travail de ses journalistes critiqué. Edward Schumacher-Matos s’était également exprimé à ce sujet dans son blogue du 1er mars 2013, et avait déploré la perte impliquée par cette nouvelle orientation.
Jay Rosen met d’ailleurs en lumière le fait que le titre du poste soit passé de « ombudsman » à « ombudsman/public editor ». En accolant la notion de public editor au titre d’ombudsman, Rosen considère que cela dénote une réorientation du poste vers un mandat plus limitatif de relations avec le public, comme cela est décrit dans l’offre : « La première responsabilité de l’ombudsman/public editor est d’établir un lien avec l’auditoire de NPR et d’offrir un forum reflétant le point de vue du public ».
M. Rosen note qu’un motif invoqué par plusieurs de ses interlocuteurs pouvant expliquer le changement de cap à NPR serait le zèle avec lequel M. Schumacher-Matos avait traité un dossier portant sur le placement en famille d’accueil des indiens du Dakota.
Cette nouvelle orientation ne cadre pas avec l’engagement historique exemplaire de NPR envers la déontologie et l’éthique journalistique, déplore le blogueur.