Plaignant
M. Paul Rose
Représentant du plaignant
M. Robert Lemieux (avocat, Lemieux, Lebeau, Daignault)
Mis en cause
Montréal-Matin et M. Jean de Guise (journaliste)
Résumé de la plainte
Le 20 décembre 1973, Montréal-Matin présente l’article «La réhabilitation, c’est une farce!» du journaliste Jean de Guise comme le compte rendu d’une entrevue avec M. Paul Rose, alors que ce dernier n’a échangé que quelques propos avec le journaliste. L’article rapporte l’échange en question de manière inexacte et réfère à tort au «borgne Paul Rose». Dans la même édition, Montréal-Matin publie une photo de M. Rose prise par la police et une autre photo inversée, la gauche se retrouvant à droite.
Griefs du plaignant
A la mi-février 1974, Me Robert Lemieux agissant au nom de Paul Rose, informait le Conseil de presse du Québec que le journal Montréal-Matin avait publié, en page 3 de son édition du 20 décembre 1973, un article du journaliste Jean de Guise sous le titre «La réhabilitation, c’est une farce!». Le journal présentait cet article comme le compte rendu d’une entrevue qu’aurait eue Jean de Guise avec Paul Rose, le soir du 19 décembre 1973, au Centre médical régional du Vieux pénitencier St-Vincent-de-Paul où avait lieu une soirée récréative pour les détenus.
Me Lemieux, niant qu’il y avait eu une entrevue exclusive mais uniquement échange de
quelques propos entre le journaliste et Paul Rose, demandait au Conseil de faire enquête dans ce cas et de prendre, à l’endroit du journal Montréal-Matin et du journaliste Jean de Guise, toutes mesures appropriées.
Dans sa requête, Me Lemieux soutenait en particulier que :
– les faits et les propos échangés au cours de cet entretien avaient été rapportés d’une façon tronquée ou déformée;
– la photo apparaissant à la page 1 de l’édition du 20 décembre du journal était la photo
officielle de la police prise avec un appareil utilisé spécialement pour aveugler et faire grimacer la personne photographiée;
– la photo de Paul Rose à la page 3 était inversée, c’est-à-dire que son côté gauche était à
droite et son côté droit était à gauche;
– la référence de l’article au «borgne Paul Rose», était fautive.
Commentaires du mis en cause
La direction du journal Montréal-Matin et le journaliste Jean de Guise de même que des personnes qui ont eu connaissance de l’entrevue ont établi, à la satisfaction du Conseil, qu’il y a eu véritablement entrevue entre le journaliste Jean De Guise et Paul Rose, dans la soirée du 19 décembre 1973, au cours d’une soirée récréative, au Centre médical régional du Vieux pénitencier St-Vincent-de-Paul.
La direction de Montréal-Matin et le journaliste Jean de Guise ont établi, également à la
satisfaction du Conseil, que l’article en question reproduisait les propos échangés au cours de cette entrevue. Cependant, la direction du journal a reconnu que :
– la photo publiée à la page 1 de l’édition du 20 décembre était bien la photo officielle
de la police; cette photo a été publiée à divers moments dans les différents organes d’information;
– l’inversion de la photo à la page 3 provenait d’une erreur du service de la photogravure
commise de bonne foi, chose qui se produit fréquemment dans les journaux;
– le journaliste Jean de Guise pouvait avoir fait une erreur par sa référence au «borgne Paul Rose» et qu’alors le grief pouvait être légitime si, comme Me Lemieux l’affirmait, Paul Rose n’était pas borgne.
La direction de Montréal-Matin considérant, par ailleurs, que les accusations publiques de Me Lemieux étant de nature à tromper le public et à nuire injustement à la réputation du journal Montréal-Matin et à celle du journaliste en question, a demandé au Conseil de se prononcer sur ces accusations.
Analyse
En se basant sur les témoignages reçus – dont plusieurs, pour des raisons d’équité, ont exigé de longs détails – et sur les faits qui lui ont été exposés, le Conseil de presse du Québec:
– blâme le requérant d’avoir porté des accusations non-fondées contre Montréal-Matin et le journaliste Jean de Guise puisque l’entrevue avec Paul Rose a effectivement eu lieu, que le journaliste Jean de Guise a rapporté substantiellement les propos de Paul Rose et que la publication de la photographie à la page 3 de l’édition du 20 décembre du journal, même si elle a été inversée, ne porte pas atteinte au droit du public à l’information;
– est d’avis que le journaliste Jean de Guise n’aurait pas dû faire allusion à un défaut physique de Paul Rose, même si ce dernier en avait été réellement affligé, ce qui ne semble pas être le cas;
– juge légitime la protestation de Me Lemieux quant à la reproduction en page 1 de la même édition du journal de la photographie officielle de la police même si la direction du journal prétend que celle-ci a été publiée à plusieurs reprises dans d’autres organes d’information; le Conseil est d’avis que l’utilisation de cette photographie était, pour les fins de l’article, inopportune;
– considère toutefois que dans l’ensemble, le journal Montréal-Matin et le journaliste Jean de Guise ont, en l’occurrence, rempli honnêtement leur rôle d’agents d’information auprès du public.
Analyse de la décision
- C11B Information inexacte
- C17A Diffamation
- C17E Attaques personnelles
- C17G Atteinte à l’image