Plaignant
Mme Thérèse
Mercier (candidate du Parti créditiste du Canada, comté de Frontenac)
Mis en cause
Le Progrès de
Thetford [Thetford Mines]
Représentant du mis en cause
M. Georges
Larochelle (directeur et rédacteur en chef, Le Progrès de Thetford [Thetford
Mines])
Résumé de la plainte
La direction du
Progrès de Thetford manipule l’information et fait preuve de favoritisme à
l’égard du Parti libéral. Ainsi, dans son édition du 2 juillet 1974, le journal
ne propose aucun compte rendu de l’assemblée tenue quelques jours auparavant
par le Parti créditiste, alors qu’il consacre neuf articles à la couverture des
activités du Parti libéral. Le même jour, Le Progrès publie la photo d’un
député créditiste en l’accompagnant d’une légende propre à le ridiculiser.
Enfin, le journal défavorise le Parti créditiste de diverses manières lors de
la publication de sa publicité.
Griefs du plaignant
La candidate
créditiste dans le comté de Frontenac aux élections fédérales du 8 juillet
dernier, Mme Thérèse Mercier, soumettait au Conseil de presse du Québec une
plainte dans laquelle elle reprochait à la direction du Progrès de Thetford de
se servir de sa situation privilégiée pour manipuler l’information et d’avoir
fait preuve de favoritisme à l’égard du Parti libéral:
1) en ne
publiant pas, dans son édition du 2 juillet 1974, suite, affirmait-elle, à des
pressions du candidat libéral fédéral, le compte rendu de l’assemblée tenue par
le Parti créditiste dimanche, le 30 juin 1974, à East Broughton, tandis que
l’on retrouvait dans la même édition, 9 articles concernant les activités du
Parti libéral;
2) en publiant,
en page 4 de la même édition, une photographie du député créditiste provincial
de Beauce-Sud, M. Fabien Roy, prise lors de l’assemblée du 30 juin, accompagnée
d’une légende propre à le ridiculiser;
3) en suscitant
les difficultés suivantes pour la publication des textes publicitaires de son
parti:
– refus
d’apporter les modifications jugées nécessaires à un texte publicitaire alors
qu’on aurait quand même réclamé les faits qu’entraînait le montage de ces
modifications, montage qui selon elle n’a pas été fait;
– refus
d’accorder aux textes publicitaires de ce parti un fond de couleur verte, tel
que demandé;
– surcharge qui
aurait été demandée au Parti créditiste alors que le Parti libéral aurait vu sa
publicité favorisée d’un prix inférieur;
– publication,
en pages sportives, contrairement aux termes de l’entente à ce sujet, de deux
annonces publicitaires.
Analyse
Le Conseil de presse du Québec, après examen du dossier porté à sa connaissance, a tenu audience les 21 et 22 novembre 1974, à Thetford Mines. Au cours de cette audience, il a entendu le témoignage de treize personnes qui s’étaient rendues à son invitation.
Sur la base des témoignages entendus et des faits exposés, le Conseil de presse en arrive aux conclusions suivantes:
La requérante n’a pas démontré que le directeur du Progrès Thetford ait délibérément voulu favoriser le Parti libéral au détriment du Parti créditiste en ne publiant pas, dans l’édition du 2 juillet, le compte rendu de l’assemblée du Parti créditiste d’East Broughton du 30 juin dernier. Elle n’a pas prouvé non plus que cette omission était due à des manoeuvres ou pressions de la part du candidat libéral.
Le Conseil est cependant d’avis qu’il était techniquement possible de publier ce compte rendu et que le directeur, en ne le publiant pas, a manqué à ses responsabilités d’informateur comme éditeur responsable du journal ayant le plus fort taux de pénétration dans la région de Thetford-Mines. Le Conseil considère qu’en agissant de la sorte, la direction du Progrès de Thetford a privé la population de la région de son droit à une information importante et a rompu l’équilibre de la couverture politique maintenue par le journal tout au long de la campagne.
Le Conseil fonde cette décision sur la considération suivante:
Le directeur du Progrès de Thetford n’a pas, en effet, attaché l’importance qu’elle méritait à une information qui aurait rendu compte à ce moment-là de la réalité de façon fidèle et complète. Même si cela n’est pas manifestement attribuable à une intention ou à un geste de favoritisme politique, le journal s’est quand même trouvé à favoriser un parti au détriment d’un autre.
Tout en reconnaissant que la légende accompagnant la photo de M. Fabien Roy n’était pas du meilleur goût, le Conseil estime qu’il n’y a pas là matière suffisante à intervention de sa part.
Le Conseil de presse ne retient pas l’accusation de surcharge de prix, ceci n’étant pas de sa compétence et il rejette la partie de la plainte de madame Mercier et de son parti concernant la façon dont le Progrès a traité leurs textes publicitaires, et ce, en raison des considérations suivantes:
– le journal a apporté les modifications demandées au texte original de la page publicitaire et son refus d’apporter une deuxième série de correction était justifié en raison d’impératifs de temps;
– le journal a fait ce qu’il était raisonnablement possible de faire du point de vue technique pour se conformer aux instructions du Parti créditiste en ce qui concerne la couleur demandée;
– il n’y avait pas eu d’entente formelle entre le Parti créditiste et le Progrès quant à la publication des bandes publicitaires dans les pages sportives de ce journal ou ailleurs.
Analyse de la décision
- C02A Choix et importance de la couverture
- C13A Partialité
- C17D Discréditer/ridiculiser
- C24D Hors mandat