Plaignant
Signataires
d’une pétition
Représentant du plaignant
M. André
Archambault
Mis en cause
CFTM-TV
(Télé-Métropole) [TVA, Montréal], M. Réal Giguère (animateur) et M. Auguste
Choquette (co-animateur)
Résumé de la plainte
L’émission
«Parle, Parle… Jase, Jase…», diffusée par Télé-Métropole, s’avère de piètre
qualité. Le 24 janvier 1975, notamment, les animateurs Réal Giguère et Auguste
Choquette adoptent une attitude partiale en agissant comme juges et parties
dans un débat sur la peine de mort.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse du Québec a accordé une attention minutieuse aux griefs énoncés dans la
plainte que lui soumettait M. Archambault au nom de 1316 signataires d’une
pétition contestant la qualité du programme Parle, Parle… Jase, Jase… et,
plus spécialement, de l’émission du 24 janvier 1975 portant sur la peine de
mort.
Analyse
Le Conseil prend bonne note de la considération accordée par le CRTC à cette plainte de même que des mesures que semble avoir pris Télé-Métropole afin d’empêcher que ne se produisent les failles dénoncées.
Le Conseil considère que dans une émission du genre de celle du 24 janvier 1975, à laquelle participent des invités qui représentent souvent des points de vue différents, sinon opposés, on doit, tant chez les animateurs que chez les responsables de l’émission, faire preuve d’une équité aussi rigoureuse que possible envers chacun des participants.
En outre, les griefs énoncés dans la plainte soulèvent une question encore plus fondamentale, à savoir de faire de ce type d’émissions, volontairement ou non, un instrument de propagande ou de manipulation de l’opinion publique, comme si ces émissions étaient soustraites aux exigences de l’éthique et de qualité qui s’appliquent à toute émission d’information, peu importe si le programme en cause a pour but de divertir autant que d’informer.
Dans ce dernier cas, c’est ce double objectif qui fait des émissions de ce genre, habituellement fort populaires, d’efficaces outils d’information et de formation de l’opinion publique.
Le Conseil estime que les dangers que l’on vient de souligner revêtent une gravité exceptionnelle quand une émission a comme sujet une question aussi sérieuse, du point de vue social, et aussi controversée, par suite des intérêts en cause ou des passions en éveil, que l’est la question de la peine de mort. Le Conseil considère également que le caractère de l’influence de cette sorte d’émission, en dépit de la présentation parfois légère, est loin d’atténuer la gravité du danger signalé précédemment.
Pour toute ces raisons, le Conseil de presse est d’avis qu’un programme comme celui de «Parle, Parle… Jase, Jase…», qui se réclame d’appartenir à la fois à la catégorie des programmes d’information et de divertissement, est astreint aux mêmes exigences d’objectivité ou d’impartialité et de qualité que tout autre programme d’information.
En d’autres termes, ceci suppose que l’information ainsi diffusée découle d’une connaissance approfondie du sujet traité, connaissance fondée sur une recherche minutieuse de la part de ceux qui préparent l’émission.
Le Conseil, tout en reconnaissant que le rôle des animateurs, dans une émission comme celle qui est en cause, est difficile, est aussi d’avis que lorsqu’une question aussi délicate que celle de la peine de mort y est traitée, les animateurs doivent se montrer particulièrement circonspects en évitant de recourir au ton badin d’un spectacle léger ou en s’abstenant d’obéir à leurs impulsions ou à leur parti pris, tout en s’efforçant de faire preuve d’équité envers tous les participants, quels qu’ils soient.
Ce sont là, estime le Conseil, des exigences d’autant plus impératives que des programmes de ce genre jouissent d’une large audience et que le public, qu’ils atteignent, se forme une opinion fondée en très grande partie, sinon exclusivement, sur l’information qu’il en retire.
Analyse de la décision
- C13A Partialité