Plaignant
M. Serge Labrosse
(journaliste, Le Journal de Montréal) et M. Steve Kowch (journaliste, The
Gazette [Montréal])
Mis en cause
Allô Police
[Montréal] et M. Jacques Durand (journaliste)
Représentant du mis en cause
M. Claude
Poirier (journaliste, Allô Police [Montréal]), M. Jean-Pierre Rancourt
(photographe de presse, Allô Police [Montréal]) et M. Georges-André Parent
(rédacteur en chef, Allô Police [Montréal])
Résumé de la plainte
L’article «Allô
Police à Porto Rico», paru sans signature dans l’édition du 11 mars 1979 de cet
hebdomadaire, affirme à tort que les entrevues réalisées par d’autres médias
avec des personnes recherchées pour le meurtre d’un policier sont fausses. En
le publiant, Allô Police porte atteinte à la réputation des journalistes
concernés et à la crédibilité des journaux qui les emploient.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse du Québec a terminé l’étude de la plainte que portaient MM. Steve Kowch
et Serge Labrosse, respectivement journalistes au journal The Gazette et au
Journal de Montréal, contre Allô Police et M. Claude Poirier, concernant le reportage
non signé paru dans l’édition du 11 mars dernier sous le titre: «Allô Police à
Porto Rico».
MM. Kowch et
Labrosse reprochaient à M. Poirier et à votre journal, la teneur de ce reportage
qui, selon eux, trompait le lecteur sur l’exclusivité des entrevues accordées
aux reporters d’Allô Police à San Juan par M. Pierre Renaud et Mmes Maude et
Patricia Chauvin, recherchés dans l’affaire du meurtre d’un policier
montréalais, M. René Vallé. Selon les plaignants, le fait d’affirmer que les
entrevues réalisées par les journalistes d’autres organes d’information étaient
des entrevues «bidons» a eu pour effet non seulement de porter atteinte à leur
réputation professionnelle, mais aussi à la crédibilité des organes
d’information pour lesquels ils travaillent.
Analyse
Après avoir étudié les témoignages écrits tant des plaignants que de M. Claude Poirier, journaliste, M. Jean-Pierre Rancourt, photographe de presse, M. Jacques Durand, véritable auteur de l’article et enfin de vous-même, le Conseil en arrive aux conclusions suivantes:
Le Conseil est d’avis que les affirmations du journal Allô Police, concernant l’exclusivité des entrevues rapportées dans l’article en question et le caractère «bidon» de celles réalisées par les reporters d’autres organes d’information, étaient inexactes. Partant, elles ont pu avoir comme effet, en plus de tromper le lecteur, de porter atteinte à l’intégrité professionnelle de ces derniers de même qu’à la crédibilité des journaux auxquels ils collaborent.
Le Conseil espère que ce quiproquo, concernant le caractère exclusif desdites entrevues, est le résultat des circonstances dans lesquelles a été rédigé ce reportage et non du désir du journal de rendre plus importante ou plus alléchante la facture de celui-ci qui, diffusé quelque douze jours après que les principaux quotidiens du Québec aient fait état de l’événement en question, avait perdu beaucoup de son intérêt.
Il a été établi devant le Conseil que le véritable auteur du reportage, contrairement aux prétentions des plaignants, fut M. Jacques Durand et non M. Claude Poirier contre qui ils portaient plainte. Le Conseil ne met pas en doute la bonne foi de M. Durant qui alléguait, devant lui, avoir tiré l’expression «Entrevues bidons» des affirmations répétées des représentants de Allô Police sur les lieux de l’événement, M. Claude Poirier et M. Jean-Pierre Rancourt, photographes de presse, à l’effet qu’ils avaient été les seuls à faire des entrevues avec les personnes intéressées.
Cependant, le Conseil estime qu’une telle conclusion de sa part pour qualifier les entrevues faites par les reporters d’autres organes d’information a été quelque peu hâtive et d’autant plus lourde de conséquences qu’elle mettait en cause le sérieux et la crédibilité des autres journalistes et organes d’information qui ont aussi traité l’événement.
A cet égard, le Conseil aurait souhaité plus de réserve et moins d’insistance de la part de l’auteur du reportage à qualifier ainsi les entrevues réalisées par les autres organes d’information. A son avis, Allô Police aurait ainsi pu facilement éviter l’écart qu’on lui reproche si l’auteur du reportage avait pris un plus grand soin à vérifier ses sources d’information.
Le Conseil ne saurait trop insister pour rappeler l’importance, pour les journalistes et les organes d’information, de vérifier l’exactitude des faits qu’ils rapportent. Aussi, le Conseil exhorte-t-il Allô Police à faire preuve de plus de rigueur et d’attention dans la présentation de ses reportages en agissant avec toute la circonspection qu’ipmosent les normes de l’éthique journalistique et la responsabilité d’informateur public.
Analyse de la décision
- C14A Sensationnalisme/exagération/insistance indue
- C15D Manque de vérification
- C17A Diffamation