Plaignant
Mme Ginette
Charron et Mme Johanne Lecavalier
Mis en cause
La Tribune
[Sherbrooke] et La Presse [Montréal]
Représentant du mis en cause
M. Jean Sisto
(éditeur adjoint, La Presse [Montréal])
Résumé de la plainte
La Tribune et La
Presse entravent la liberté d’opinion en refusant de publier une version de
l’hymne national créée par les plaignantes pour souligner la victoire du «non»
lors du référendum de 1980. Pourtant, le 26 juillet 1980, ces mêmes journaux
ont diffusé quatre nouvelles versions de l’hymne national, rédigées par le
chroniqueur Guy Fournier dans le supplément Perspectives.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de votre plainte concernant le refus de La Presse et
de La Tribune de publier dans le courrier des lecteurs, votre version modifiée
de l’hymne national canadien pour «souligner l’inoubliable victoire des
valeureux tenants du NON» lors du référendum.
Ce refus constituait,
selon vous, une entrave à la liberté d’opinion et la libre circulation des
idées.
Vous vous
interrogiez, entre autres, sur la validité de la raison invoquée par M. Jean
Vigneault, rédacteur en chef de La Tribune, pour refuser de publier votre
lettre, à savoir qu’il n’acceptait pas que l’on déforme l’hymne national, alors
que ce journal ainsi que La Presse avaient diffusé le 26 juillet 1980, par le
biais du supplément Perspectives, quatre nouvelles versions de «O Canada» dans
la chronique de M. Guy Fournier.
Ainsi, vous
semblait-il clair que le choix des lettres des lecteurs était fait, comme
l’illustrait selon vous le présent cas, en fonction des idées exprimées et non
en fonction du style, ce qui vous semblait peu conforme à la liberté d’expression.
A votre avis, «la section «opinion des lecteurs» d’un journal devrait se donner
comme but de laisser les citoyens s’exprimer librement et spontanément sur les
différents sujets d’actualité». Par son originalité et sa diversité, la
rubrique des lecteurs contribuerait ainsi «à diffuser de l’information
objective à travers la population sans laquelle il ne peut y avoir de réelle
démocratie».
Commentaires du mis en cause
Pour sa part,
l’éditeur adjoint de La Presse, M. Jean Sisto, informait le Conseil qu’il
n’avait «tout simplement pas jugé cette facétie d’un intérêt tel qu’elle
exigeait publication». Il rappelait aussi au Conseil que «La Presse, comme tout
journal, ne peut être tenue de publier toutes les lettres que ses lecteurs lui
font parvenir».
Analyse
Le Conseil ne retient pas de blâme contre La Presse et la Tribune pour n’avoir pas publié votre lettre dans leur tribune des lecteurs.
Le Conseil est d’avis que les éditeurs de ces journaux, conformément à la prérogative qui leur permet de publier ou de ne pas publier les lettres des lecteurs, ont formulé un jugement rédactionnel que rien ne permet d’attribuer à un quelconque désir de leur part de taire une information qui ne correspondait pas à leurs convictions, ou encore de priver leurs lecteurs d’une information d’intérêt public.
Enfin, le Conseil ne peut aucunement retenir le bien-fondé de votre argumentation à l’effet que ces deux journaux auraient endossé, ne serait-ce qu’indirectement, la publication des quatre versions modifiées de l’hymne national dans Perspectives. Une telle décision relève strictement de l’autorisé rédactionnelle de ce supplément qui est indépendante de ces deux quotidiens.
Analyse de la décision
- C08A Choix des textes