Plaignant
Le Quotidien
[Chicoutimi]
Représentant du plaignant
M. Denis
Tremblay (directeur de la rédaction, Le Quotidien [Chicoutimi])
Mis en cause
Le Syndicat
national des travailleurs des pâtes et papier d’Alma
Représentant du mis en cause
M. Alfred Morel
(président, Syndicat national des travailleurs des pâtes et papier d’Alma)
Résumé de la plainte
En désaccord
avec les articles de la journaliste Andrée Brassard du Quotidien, le Syndicat
national des travailleurs des pâtes et papier d’Alma prend un vote pour
l’exclure de son assemblée du 13 octobre 1980. Ce geste bafoue la liberté de la
presse et prive le public de l’information à laquelle il a droit.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de la plainte de M. Denis Tremblay, directeur de la
rédaction du Quotidien de Chicoutimi, dans laquelle il dénonçait le vote
d’expulsion prononcé contre Mme Andrée Brassard, journaliste, lors de
l’assemblée générale du 13 octobre 1980 du Syndicat national des travailleurs
des pâtes et papier d’Alma inc., affilié à la CSN.
Selon M.
Tremblay, c’est parce que les dirigeants du syndicat n’étaient pas d’accord
avec les articles d’information de Mme Brassard qu’ils avaient agi ainsi. Un
tel geste discriminatoire constituait, selon lui, un accroc fondamental à la
liberté de la presse qui a eu pour effet de priver les lecteurs du Quotidien
d’une information à laquelle ils avaient droit.
Commentaires du mis en cause
Vous indiquiez
au Conseil que c’était le droit le plus strict de l’assemblée générale de votre
syndicat d’expulser qui elle voulait dès le moment où cette personne n’est pas
membre du syndicat. Vous tiriez d’ailleurs cette conclusion de l’étude de
contenu des médias de votre région, réalisée pour le compte de la CSN par les
professeurs du département de journalisme de l’Université Laval, messieurs
Jacques Guay et François Demers.
Vous ne voyiez
pas d’ailleurs comment le plaignant pouvait prétendre que l’expulsion
symbolique de Mme Brassard pouvait avoir comme effet de priver les lecteurs du
Quotidien d’une information à laquelle ils ont droit vu que de toute façon elle
était absente de ladite assemblée.
Pour réfuter
l’argument du plaignant à l’effet que la décision du Syndicat constituait un
accroc à la liberté de la presse, vous citiez à nouveau l’étude de messieurs
Guay et Demers à l’effet que: «Visiblement, l’éditorialiste du Quotidien a
prêté la main à l’opération montée depuis septembre par la compagnie pour
forcer la tenue d’un vote sur ses offres».
Enfin, selon
vous, pour faire la lumière sur toute cette question, «il fallait tenir compte
du contexte régional»; savoir qu’aucune autre organisation que la CSN ne permet
aux journalistes de «couvrir» avec autant de facilités des assemblées générales
et «n’a manifesté autant d’ouverture d’esprit envers les journalistes en ce qui
a trait à la couverture de leurs réunions décisionnelles».
Analyse
Le Conseil de presse blâme le Syndicat national des travailleurs des pâtes et papier d’Alma d’avoir expulsé, même en son absence et par mesure de représailles contre ses écrits, Mme Andrée Brassard.
Ce geste éminemment discriminatoire à l’égard de Mme Brassard, compte tenu que l’assemblée était ouverte aux autres journalistes, constitue une atteinte à la liberté d’expression de la journaliste et une entrave au libre exercice du métier. Une telle mesure comporte aussi un risque grave pour le public qui peut se voir ainsi privé d’informations auxquelles il a droit.
Personne ne peut exiger des journalistes qu’ils véhiculent dans leurs écrits des messages qui épousent intégralement l’image et le sens que veulent donner à leurs actions des individus ou des groupes. Les journalistes ne peuvent en effet être tenus de se faire les porte-parole ou d’adhérer à la conception des choses de qui que ce soit; autrement la liberté de la presse et partant, le droit du public à l’information seraient gravement compromis.
Analyse de la décision
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