Plaignant
M. Jean-Pierre
Crête (collaborateur, Le Pont [Grand-Mère])
Mis en cause
Le Pont
[Grand-Mère]
Représentant du mis en cause
M. Pierre Dubois
(directeur de l’information, Le Pont [Grand-Mère])
Résumé de la plainte
Etant donné
l’importance accordée à la lettre ouverte du vice-président des Cinémas de la
Mauricie en réponse à la critique rédigée par son collaborateur bénévole sur la
première du film Fantastica, le journal Le Pont aurait dû donner à ce dernier
le bénéfice d’une brève réplique au lieu de profiter de l’occasion pour mettre
un terme à sa collaboration, d’autant plus que ladite lettre contenait des
attaques personnelles à son endroit.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de la plainte portée contre vous par monsieur
Jean-Pierre Crête. Ce dernier vous reprochait d’avoir publié sur six colonnes,
dans la page éditoriale de votre édition du 10 décembre dernier, une lettre de
mise au point de monsieur Marc Paul, vice-président des Cinémas de la Mauricie.
Cette lettre se voulait une réponse à l’article que monsieur Crête, comme
collaborateur bénévole, avait rédigé pour votre journal. Dans cet article
publié le 5 novembre 1980, monsieur Crête faisait la critique de la première du
film Fantastica à Grand-Mère.
Comme la lettre
ouverte de monsieur Paul contenait, selon le plaignant, des attaques
personnelles, monsieur Crête estimait que vous auriez dû lui accorder le
bénéfice d’une brève réplique. Votre attitude contraire signifiait à ses yeux
et à ceux des lecteurs que vous approuviez la version des Cinémas de la
Mauricie. Le plaignant estimait à cet égard qu’il n’avait pas à faire les frais
de la lutte que mène votre journal avec son concurrent pour s’approprier la
«publicité très payante des Cinémas de la Mauricie».
Enfin, monsieur
Crête vous reprochait d’avoir profité de cette occasion pour mettre un terme à
la collaboration qu’il apportait à votre journal depuis plus d’un an, sans
qu’il ait pu en prévenir ses lecteurs.
Commentaires du mis en cause
Ä votre avis, si
vous permettiez à monsieur Crête de s’exprimer dans les pages de votre journal,
il n’était que normal que vous acceptiez de publier les points de vue de ceux
qui n’étaient pas d’accord avec ses écrits. Par ailleurs, si vous lui aviez
refusé de répondre à la mise au point du vice-président des Cinémas de la
Mauricie, c’était parce que vous aviez jugé que les deux parties «avaient pu
exprimer leur point de vue et que d’étirer en polémique cette histoire»
n’apporterait rien à vos lecteurs.
Enfin,
affirmiez-vous, ce n’est pas pour avoir voulu exercer son droit de réplique que
monsieur Crête a été remercié, mais plutôt pour des raisons «de régie interne
et de politique rédactionnelle du journal».
Analyse
Le Conseil est d’avis qu’en raison de l’importance que votre journal a accordé à la lettre de mise au point du vice-président des Cinémas de la Mauricie, il aurait été juste et équitable que monsieur Crête ait eu la possibilité de répondre aux attaques qui étaient dirigées contre lui.
Bien que votre décision de ne plus avoir recours aux services de monsieur Crête relève davantage des relations de travail, de la gestion ou de l’organisation interne de votre entreprise qu’elle ne soulève un problème d’éthique de l’information, le Conseil déplore que vous n’ayez pas accordé toute la considération à laquelle peut s’attendre un collaborateur dont les services, semble-t-il, avaient jusque-là été appréciés.
Analyse de la décision
- C05B Réplique refusée à un journaliste
- C06I Congédiement d’un journaliste