Plaignant
Mme Sylvie
Fortin
Mis en cause
Vers demain
[Rougemont] et Mme Gilberte Côté-Mercier (directrice)
Résumé de la plainte
Vers demain
qualifie les psychologues de «putains diplômées» à la «une» de son édition des
mois d’avril-mai-juin 1981. Toute la population du Québec, et non seulement les
psychologues, se trouve ainsi agressée dans son droit au respect. Le Conseil de
presse doit intervenir pour interdire la publication du journal en cause.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de la plainte de madame Sylvie Fortin, psychologue,
contre l’édition des mois d’avril-mai-juin 1981 (no 31) de Vers demain. Madame
Fortin vous reprochait d’avoir qualifié à la une de cette édition, les
psychologues de «putains diplômées». Partant, non seulement insultiez-vous les
psychologues du Québec, mais, selon la plaignante, toute la population du
Québec qui se voyait ainsi «agressée dans son droit au respect». Aussi,
demandait-elle au Conseil d’intervenir pour interdire la publication de votre
journal.
Commentaires du mis en cause
C’est sans votre
version des faits, malgré les trois demandes qu’il vous a adressées à cette
fin, que le Conseil en est arrivé aux conclusions suivantes.
Analyse
Le Conseil blâme sévèrement Vers demain pour son comportement dans ce cas. Une telle façon de faire, en plus d’être contraire aux normes de l’éthique du journalisme, contrevient aux exigences du droit du public à l’information. Elle a en outre comme résultat inévitable de nuire à la crédibilité et à la qualité de l’information.
Votre article affublé d’un titre outrancier et insultant constitue une atteinte à l’intégrité professionnelle de l’ensemble des psychologues du Québec, en plus de mal informer le public.
Le Conseil n’a pas à établir un lexique des termes que les organes d’information doivent utiliser ou non. Il considère cependant que ces derniers doivent, tant par le ton que par le vocabulaire qu’ils emploient, éviter de travestir les événements de façon à leur donner une signification qu’ils n’ont peut-être pas et qui peuvent laisser planer des doutes et des malentendus qui risquent de discréditer des personnes ou des groupes auprès de l’opinion publique. Aussi, le Conseil doit-il rappeler à Vers demain les obligations et devoirs qui s’attachent à sa fonction d’informateur public et l’inciter à la rigueur et à l’intégrité dans sa façon d’informer ses lecteurs.
D’autre part, le Conseil n’a ni le pouvoir de prohiber la publication de Vers demain, comme le lui demande la plaignante, non plus que l’intention d’en recommander l’interdiction. Seul l’existence d’un régime de censure permettrait une telle action. Dans notre régime démocratique, la liberté de la presse, la liberté d’opinion et d’expression l’interdisent. Le seul pouvoir du Conseil est de rappeler aux organes d’information, qui peuvent l’oublier, les responsabilités qui découlent de leur fonction d’informer.
Enfin, le Conseil regrette que vous n’ayiez pas daigné, comme responsable de Vers demain, répondre à ses demandes d’explication et cela, contrairement aux autres organes d’information qui le font habituellement dans leur souci de respecter les normes de l’éthique de l’information et les exigences du droit du public à l’information.
Analyse de la décision
- C17C Injure
- C24A Manque de collaboration