Plaignant
Conseil régional
de la santé et des services sociaux Laurentides-Lanaudière [CRSSS-LL]
Représentant du plaignant
M. Maurice Blais
(vice-président, Conseil régional de la santé et des services sociaux
Laurentides-Lanaudière [CRSSS-LL]), M. Serge Boucher (directeur général,
Conseil régional de la santé et des services sociaux Laurentides-Lanaudière
[CRSSS-LL]) et M. Jacques Roussel (conseiller aux communications, Conseil
régional de la santé et des services sociaux Laurentides-Lanaudière [CRSSS-LL])
Mis en cause
Le Sommet
[Sainte-Agathe-des-Monts], M. J.-A. Ratelle (président-directeur général) et M.
Michel Desbiens (directeur de l’information)
Résumé de la plainte
M. J.-A.
Ratelle, président-directeur général du journal Le Sommet, sème la confusion
auprès des médias régionaux au cours d’une allocution qu’il donne comme
secrétaire exécutif de la chambre de commerce locale, en invitant les
journalistes et le public à assister à une conférence de presse du CRSSS-LL le
11 décembre 1980, alors que celle-ci est prévue pour le lendemain et n’est pas
ouverte au public. Pour ajouter à la confusion, le CRSSS-LL doit annuler sa
conférence de presse car le journaliste du Sommet responsable du dossier ne
peut être présent pour cause de maladie. M. Ratelle se trouve ainsi dans une
position de conflit d’intérêt. De plus, les éditoriaux publiés par Le Sommet
les 17 décembre 1980 et 18 février 1981, sous la signature de son directeur de
l’information, M. Michel Desbiens, manquent de rigueur.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de la plainte que vous portiez conjointement avec
monsieur Serge Boucher, directeur général, et monsieur Jacques Roussel,
conseiller aux communications, du Conseil régional de la santé et des services
sociaux Laurentides-Lanaudière (CRSSS-LL) contre Le Sommet de
Ste-Agathe-des-Monts.
Vous étiez
d’avis que Le Sommet avait fait preuve de partialité, manqué de rigueur et
abusé de sa discrétion éditoriale dans sa façon de traiter le projet de
déménagement ou de fermeture du centre éducatif et de plein air «La Calèche»,
causant ainsi un grave préjudice au CRSSS-LL.
En premier lieu,
le président-directeur général du Sommet, monsieur J.-A. Ratelle, aurait semé
la confusion auprès des médias de la région au cours de son allocution comme
secrétaire exécutif de la Chambre de commerce de Ste-Agathe-des-Monts, en
invitant les journalistes et le public à assister à une conférence de presse du
CRSSS-LL, le jeudi 11 décembre 1980, alors que celle-ci devait effectivement
avoir lieu le lendemain et n’était pas ouverte au public.
Pour ajouter à
cette confusion, le CRSSS-LL a dû annuler sa conférence de presse lorsque, deux
jours avant, il apprit par la réceptionniste du journal Le Sommet que le
journaliste responsable du dossier «La Calèche», le directeur de l’information,
monsieur Michel Desbiens, ne s’y présenterait pas soit-disant à cause de
maladie. Pourtant, le journaliste participait, dans la matinée du 12 décembre,
à une émission radiophonique en compagnie des représentants du CRSSS-LL. Et
cette présence, et la confusion créée par Le Sommet, on eu pour effet de
laisser croire à la population, selon vous, que l’annulation de ladite
conférence de presse procédait «d’une stratégie ou d’un recul du CRSSS-LL».
Enfin, en plus
de dénoncer la situation de conflit d’intérêts dans laquelle monsieur Ratelle se
serait placé en confondant ses fonctions de directeur du journal et celles de
porte-parole de la Chambre de commerce, vous vous en preniez au manque de
rigueur des éditoriaux, des 17 décembre 1980 et 18 février 1981, de monsieur
Michel Desbiens qui, selon vous, aurait abusé de sa discrétion rédactionnelle.
Commentaires du mis en cause
Monsieur Ratelle
informait le Conseil qu’effectivement, sans trop en connaître les coordonnées,
il avait invité le public, au cours de son allocution sur le maintien à
Ste-Agathe du centre «La Calèche», à «suivre» la conférence de presse que
devait donner le CRSSS-LL le 11 décembre. Selon lui, il n’avait pas pour autant
semé la confusion chez les journalistes ou causé un préjudice grave au CRSSS-LL
puisqu’au cours de la pause-café qui suivie cette assemblée, l’erreur sur la
date avait été corrigée par le président du conseil d’administration du centre
«La Calèche».
D’autre part,
monsieur Ratelle était d’avis que son statut de propriétaire du journal Le
Sommet n’était pas une raison pour l’empêcher d’occuper un poste important au
sein d’un organisme à but non lucratif dont les objectifs sont de promouvoir
l’économie locale. De plus, jamais il n’avait écrit quoi que ce soit au sujet
de «La Calèche», dossier qui relevait directement du directeur de
l’information, monsieur Michel Desbiens.
Malgré cet
incident, le président-directeur général du Sommet attirait l’attention du
Conseil sur le témoignage de l’un des plaignants dans le présent cas, monsieur
Jacques Roussel, conseiller aux communications du CRSSS-LL, à l’effet que les
articles du Sommet concernant le dossier «La Calèche» étaient «conformes» aux
normes journalistiques et à l’éthique professionnelle.
Quant à monsieur
Michel Desbiens, il indiquait que c’était dans un contexte strictement
économique que Le Sommet avait décidé de favoriser en éditorial le maintien du
centre éducatif et de plein air «La Calèche» et que cette opinion éditoriale
était tout à fait conforme à la prérogative de l’éditeur de se réserver
l’espace qu’il juge à propos dans les pages de son journal pour exprimer sa
position face à certains dossiers qui font la manchette de l’actualité.
Monsieur
Desbiens indiquait enfin au Conseil que c’était intentionnellement qu’il avait
voulu, dans ses éditoriaux, interroger l’intégrité du CRSSS-LL concernant le
projet «La Calèche» puisque, à plusieurs reprises, cet organisme avait tenté de
manipuler l’information à ce sujet et semé le doute sur la véracité des
renseignements diffusés par Le Sommet. Il ne croyait pas, cependant, l’avoir
fait en manquant de rigueur ou en abusant de sa discrétion éditoriale.
D’autre part,
deux jours avant la conférence de presse du 12 décembre, il était bel et bien
en congé de maladie pour des raisons majeures. C’est par exception et
contrairement à l’avis de son médecin, qu’il avait assisté personnellement à
l’émission du 12 décembre.
Analyse
Les propos qu’a tenus monsieur J.-A. Ratelle à titre de secrétaire exécutif de la Chambre de commerce de Ste-Agathe-des-Monts ne sont pas du ressort du Conseil. Le Conseil ne saurait certes voir là un accroc à ses responsabilités d’éditeur du journal, non plus que matière à un reproche pour conflit d’intérêts de par ses fonctions à la Chambre de commerce.
Le Conseil n’estime pas non plus que Le Sommet doive assumer la responsabilité de l’annulation par le CRSSS-LL de la conférence de presse projetée.
Enfin, le Conseil n’est pas d’avis que l’éditorialiste du journal Le Sommet ait abusé de sa discrétion rédactionnelle ou manqué de rigueur dans ses éditoriaux des 17 décembre 1980 et 18 février 1981. Ces éditoriaux ne témoignent nullement des conflits d’intérêts qu’on voudrait imputer à l’éditeur qui est aussi le secrétaire exécutif de la Chambre de commerce de Ste-Agathe. Ceci apparaît d’autant plus évident qu’en l’occurrence, c’est le directeur de l’information du journal, et non l’éditeur, qui a l’entière responsabilité du contenu rédactionnel du journal, non seulement en ce qui a trait aux éditoriaux, mais aussi en ce qui concerne les pages d’information qui, comme vous l’avez reconnu vous-mêmes dans le présent cas, on fait état de façon adéquate de l’information concernant le projet contesté de «La Calèche».
Analyse de la décision
- C22D Engagement social
- C22H Détourner la presse de ses fins