Plaignant
M. Jean-Paul
Bordeleau (député provincial, comté d’Abitibi-Est)
Mis en cause
L’Echo abitibien
[Val d’Or] et M. Jean Roy (rédacteur en chef)
Résumé de la plainte
Le 4 mars 1981,
M. Jean Roy, rédacteur en chef de L’Echo abitibien, conclut à tort dans son
éditorial «Vers une autre Matapédia» et son reportage «Maniwaki puisera dans la
forêt de Val d’Or» que la forêt domaniale de Val d’Or servira à alimenter le
futur complexe forestier de Maniwaki. Le rédacteur en chef interprète mal un
article publié par La Presse deux jours plus tôt. L’ampleur donnée à cette
nouvelle est préjudiciable au plaignant, car elle laisse croire que celui-ci ne
se préoccupe pas, comme député, de défendre les intérêts de son comté. Le
journal publie l’essentiel de la mise au point du plaignant dans son édition du
11 mars, sous le titre «Selon Bordeleau : La forêt domaniale de Val d’Or
s’agrandit», mais ce texte ne constitue pas une rétractation en bonne et due
forme.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de la plainte de monsieur Jean-Paul Bordeleau, député
d’Abitibi-Est à l’Assemblée nationale du Québec, contre votre éditorial, «Vers
une autre Matapédia?», et l’article intitulé: «Maniwaki puisera dans la forêt
de Val d’Or», parus dans L’Echo Abitibien du 4 mars 1981.
Monsieur
Bordeleau vous reprochait d’avoir mal interprété l’article publié dans La
Presse du 2 mars sous le titre: «Implantation d’un complexe forestier de $100
millions dans l’Outaouais». Selon lui, vous concluiez, à tort, que la forêt
domaniale de Val d’Or alimenterait le futur complexe forestier de Maniwaki dont
le ministre de l’Energie et des Ressources et le ministre des Travaux publics
annonçaient l’implantation dans un communiqué qu’ils rendaient public le 1er
mars. En journaliste responsable, vous auriez dû, selon le Député, prendre la
précaution de vérifier votre information auprès du ministère de l’Energie et
des Ressources. Celui-ci vous aurait alors confirmé qu’il n’était aucunement
question que la forêt domaniale de Val d’Or ne serve à alimenter le complexe
forestier en question.
Monsieur Bordeleau
estimait également que l’ampleur donnée à cette nouvelle lui avait été
préjudiciable puisqu’elle laissait entendre, selon lui, qu’il ne se préoccupait
pas de défendre les intérêts de son comté. Enfin, bien que votre journal ait
publié, dans son édition du 11 mars, l’essentiel de sa mise au point dans une
nouvelle intitulée: «Selon Bordeleau: la forêt domaniale de Val d’Or
s’agrandit», le député ne considérait pas ce texte comme une rétractation.
Commentaires du mis en cause
Selon vous, il
était clair dans le communiqué de presse annonçant le projet en question, qui
faisait l’objet exclusif de l’article de La Presse du 2 mars qui le citait in
extenso, que les boisés situés dans les unités de gestion de Val d’Or devraient
éventuellement servir à alimenter le futur complexe forestier. Ceci vous avait
même été confirmé par deux fonctionnaires du ministère de l’Energie et des
Ressources. Aussi, aviez-vous jugé nécessaire, pour défendre les intérêts
économiques de votre région, de dénoncer un tel projet.
Analyse
Le Conseil estime, d’une part, que dans la nouvelle qu’il publiait dans son édition du 4 mars 1981 de même que dans votre éditorial du même jour concernant le complexe forestier de l’Outaouais, l’Echo Abitibien tirait des conclusions qui allaient au-delà de l’article du 2 mars de La Presse dont ces articles s’inspiraient. Effectivement, ni l’article de La Presse ni le communiqué annonçant le projet en question n’affirment que «le complexe forestier puisera ses essences dans la forêt domaniale de Val d’Or…». A cet égard, le Conseil estime que l’Echo Abitibien aurait mieux informé ses lecteurs si dans sa nouvelle il s’en était tenu aux faits rapportés dans ces écrits.
D’autre part, le Conseil n’a pas à se prononcer sur vos opinions éditoriales, celles-ci sont la manifestation de votre liberté d’opinion et de votre liberté d’expression. Cependant, un éditorialiste, au même titre que tout autre professionnel de l’information, a le devoir de mesurer la portée de ses jugements aux exigences de rigueur, d’intégrité, de probité que lui impose le respect des faits qu’ils commente.
Par ailleurs, le Conseil a pris bonne note du fait que l’Echo Abitibien a fait état de la mise au point de monsieur Bordeleau dans un article qu’il publiait le 11 mars sous le titre: «Selon Bordeleau: la forêt domaniale de Val d’Or s’agrandit», ce qui a pu, dans une certaine mesure, rétablir les faits aup_ès de vos lecteurs.
Enfin, le Conseil ne retient pas le grief de monsieur Bordeleau à l’effet que votre éditorial du 4 mars constituait une charge contre lui, propre à laisser croire au public qu’il ne se préoccupait pas de défendre les intérêts de son comté. Au contraire, ce que vous en dites est que «le député d’Abitibi-Est… s’opposera à ce qu’on vienne puiser dans la forêt domaniale de Val d’Or…».
Analyse de la décision
- C09A Refus d’un droit de réponse
- C11C Déformation des faits
- C17C Injure