Plaignant
Les journalistes
de la salle des nouvelles, CJBR-TV [SRC, Rimouski]
Représentant du plaignant
M. Alain Charbonneau
(journaliste, CJBR-TV [SRC, Rimouski])
Mis en cause
CJBR-TV [SRC,
Rimouski]
Représentant du mis en cause
M. Pierre O’Neil
(directeur de l’information, Société Radio-Canada [Montréal])
Résumé de la plainte
La Société
Radio-Canada de Rimouski enregistre, à 18 h 30, le «Téléjournal» régional de 22
h 52. Cette pratique rend difficile la mise à jour des dossiers et prive la
population d’informations sur les événements qui se produisent en soirée.
L’efficacité des dispositions temporaires prises par Radio-Canada pour
compenser les lacunes du pré-enregistrement demeure douteuse.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de la plainte des journalistes de la salle des
nouvelles de Radio-Canada à Rimouski qui dénonçaient la pratique adoptée par la
Société Radio-Canada de pré-enregistrer, à 18 h 30, le Téléjournal régional de
22 h 52 et mise en vigueur en juillet dernier à la fin du conflit de travail
opposant la Société aux employés de ses salles de nouvelles de Montréal, Québec
et Rimouski.
Les plaignants
estimaient qu’une telle pratique était anti-professionnelle et préjudiciable à
l’information complète du public puisqu’elle rendait difficile la mise à jour
des dossiers et, par conséquent, pouvait priver la population d’informations
d’intérêt public. Il était effectivement impossible d’informer le
téléspectateur des événements d’actualité qui se déroulaient très souvent en
soirée, comme en faisait foi un relevé des téléjournaux diffusés entre le 20 et
le 31 juillet 1981.
Enfin, les
plaignants doutaient de l’efficacité des «dispositions temporaires» prises par
Radio-Canada pour compenser les lacunes inhérentes au pré-enregistrement
consistant à rappeler l’équipe de production du Téléjournal en cas de nouvelles
majeures ou à la garder sur place lorsque des événements importants sont
prévisibles. Les journalistes appréhendaient les hésitations de la direction à
rappeler du personnel pour travailler en surtemps et surtout, dans un tel
contexte, les difficultés à déterminer à sa juste valeur l’importance d’une
nouvelle.
Commentaires du mis en cause
Conscient des
inconvénients que peut comporter le fait de pré-enregistrer les bulletins de
nouvelles, le directeur de l’information de Radio-Canada, monsieur Pierre C.
O’Neil, indiquait au Conseil qu’il s’agisait là d’une mesure temporaire à
laquelle la Société Radio-Canada répugnait d’avoir recours. «N’enregistrer que
si cela constitue un mal moindre que de priver une partie de la population de
toute information», de dire monsieur O’Neil. Dans le présent cas, compte tenu
de l’évolution réelle des ressources du milieu, le droit du public à
l’information n’avait, à son avis, «certainement pas été mis en cause même si
la mise à jour de l’information locale a dû être retardée à cause de
contraintes temporaires».
Enfin, «s’agissant
de Radio-Canada, disait-il, la sévère réprobation que demandent les
journalistes de Rimouski ne serait qu’un autre coup d’épée dans l’eau et
l’évocation d’un principe que nous pratiquons partout et toujours sauf quand
des contraintes importantes nous obligent…».
Analyse
Le Conseil est d’avis que le fait de diffuser un bulletin de nouvelles télévisé enregistré à l’avance, même comme mesure temporaire, risque de priver le public d’informations d’intérêt public auxquelles il a droit. Aussi, le Conseil incite-t-il la Société Radio-Canada à prendre les mesures nécessaires pour y mettre fin dans les plus brefs délais en sorte que la population de la région de Rimouski soit assurée, comme par le passé, d’être complètement et adéquatement informée des événements d’intérêt régional.
Analyse de la décision
- C23O Préenregistrement d’un bulletin de nouvelles