Plaignant
M. Paul Ohl
Mis en cause
La Galerie
sportive de Québec
Représentant du mis en cause
M. Serge
Cloutier (président, Galerie sportive de Québec)
Résumé de la plainte
Les journalistes
de la Galerie sportive de Québec boycottent l’allocution du plaignant, le 11
décembre 1981, devant les membres du «Club truc du chapeau de Québec». Par
cette attitude, les journalistes impliqués veulent protester contre les
jugements sévères du plaignant à l’endroit de la presse sportive du Québec,
formulés lors d’une conférence tenue à Jonquière un mois plus tôt.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de votre plainte contre les journalistes de la Galerie
sportive de Québec à qui vous reprochiez d’avoir boycotté la conférence que
vous donniez le 11 décembre 1981 devant les membres du «Club Truc du Chapeau de
Québec» sur «Les défis du hockey pour 1982-1992: quel produit et à quel prix?»
Vous souteniez que
c’était pour protester contre les jugements sévères que vous aviez portés
contre la presse sportive québécoise à Jonquière, le 13 novembre 1981, que les
journalistes sportifs de la région de Québec n’avaient pas couvert cette
conférence. Une telle «forme de répression intellectuelle» constituait ainsi
une atteinte à la liberté d’expression et au droit du public à l’information.
Commentaires du mis en cause
Tout en
admettant que «certains journalistes n’étaient pas très heureux» des propos que
vous aviez tenus à Jonquière, le président de la Galerie sportive de Québec,
monsieur Serge Cloutier, niait cependant qu’il y ait eu boycottage à votre
endroit. L’absence de journaliste à votre conférence s’expliquait, selon lui,
par le fait qu’il s’agissait-là d’une soirée à caractère social et que les
journalistes n’étaient aucunement tenus de s’y rendre. En outre, lors des
autres conférences prononcées cette année devant le «Club Truc du Chapeau»,
plusieurs organes d’information n’avaient pas délégué de journalistes et aucune
de ces conférences n’avait été publiée ou diffusée par la suite.
Enfin, monsieur
Cloutier faisait remarquer au Conseil que c’était le directeur des sports de
chaque média qui décidait des affectations et non la Galerie sportive de Québec
qui n’avait aucune autorité en cette matière.
Analyse
Le Conseil est d’avis que l’attention que décide de porter un journaliste ou un organe d’information à un sujet particulier relève de son jugement rédactionnel. Le choix de ce sujet, de même que de la façon de le traiter lui appartiennent en propre. Le Conseil ne peut intervenir dans de telles décisions sans risquer de devenir un organisme de direction et d’orientation de l’information, sauf pour revoir, si besoin, les caractères qui président à ces choix et qui ne seraient pas conformes au rôle des professionnels et des organes d’information de renseigner adéquatement la population sur les questions d’intérêt public.
Or, dans le présent cas, s’il apparaît évident que certains journalistes ont été offusqués par les jugements sévères que vous avez portés contre la presse sportive québécoise, rien toutefois ne permet au Conseil de conclure, autrement qu’en faisant un procès d’intention, qu’un boycottage systématique a été exercé contre vous en guide de représailles par les journalistes de la Galerie sportive de Québec.
Le Conseil profite cependant de l’occasion pour mettre la presse en garde contre la tentation qu’elle pourrait avoir de boycotter des personnes ou des groupes qui osent la critiquer ou dont elle ne partage pas les points de vue. Une telle attitude de sa part serait peu conforme avec sa responsabilité d’informateur public.
Analyse de la décision
- C02D Boycottage