Plaignant
M. Jean-Guy
Vanier (président, Star Glass)
Représentant du plaignant
M. Serge Ménard
(avocat, Ménard, Hébert 1/4 Picard)
Mis en cause
Le Journal de
Montréal et Mme Monelle Saindon (journaliste)
Résumé de la plainte
La manchette
«400 000 $ de haschish… Saisie de drogue reliée à un meurtre vieux de deux
ans» et l’article de la journaliste Monelle Saindon intitulé «Président de
compagnie en possession de 400 000 $ de hasch», tous deux publiés dans
l’édition du 18 février 1982 du Journal de Montréal, causent un grave préjudice
au plaignant en établissant un rapprochement gratuit entre une saisie de drogue
et un meurtre qui n’a jamais été éclairci. Le plaignant est, par la suite,
acquitté des accusations de possession de haschish.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de la plainte de monsieur Serge Ménard, avocat, qui
reprochait au Journal de Montréal son traitement sensationnel d’une saisie de
haschisch effectuée aux bureaux de l’un de ses clients, monsieur Jean-Guy
Vanier, à la une de son édition du 18 février 1982 intitulée: «400 000 $ de
haschisch… Saisie de drogue reliée à un meurtre vieux de 2 ans», ainsi que
dans l’article de madame Monelle Saindon: «Président de compagnie en possession
de 400 000 $ de hasch». En établissant un rapprochement, selon le plaignant
«gratuit et grossier», entre la saisie de drogue et le meurtre en question, Le
Journal de Montréal causait un préjudice grave à la personne en laissant croire
au public qu’elle pouvait être responsable du meurtre de son prédécesseur à la
présidence de la compagnie Star Glass. Or, ce meurtre n’a toujours pas été
éclairci et monsieur Jean-Guy Vanier a été acquitté, depuis, des accusations de
possession de haschisch.
Commentaires du mis en cause
Madame Monelle
Saindon soutenait pour sa part qu’elle n’avait jamais associé l’actuel
président de la compagnie Star Glass au meurtre en question. Tout au plus avait-elle
souligné qu’un dirigeant de cette compagnie avait été «éliminé» et que cette
importante saisie de haschisch pourrait fort bien apporter des éléments
nouveaux sur cet assassinat. Il s’agissait là, selon elle, d’un détail qui fait
partie de la précision journalistique. Quant à la manchette, elle relevait de
la responsabilité du journal.
Analyse
Le Conseil est d’avis que la manchette du Journal de Montréal du 18 février 1982, «400 000 $ de haschisch… Saisie de drogue reliée à un meurtre vieux de 2 ans» de même que l’article de madame Monelle Saindon: «Président de compagnie en possession de 400 000 $ de hasch», étaient, de par leur caractère affirmatif et leur absence de nuances, propres à induire le public en erreur et à entacher la réputation du plaignant qui se voyait ainsi associé à un meurtre sans aucune preuve à l’appui.
Pourquoi en effet l’affaire de drogue éclairerait-elle l’affaire du meurtre? La journaliste, même si elle prend la précaution d’utiliser le conditionnel, n’explique pas les raisons du rapprochement qu’elle fait entre les deux affaires. En l’absence de cet éclairage, le lecteur peut conclure deux choses: ou les affirmations de la journaliste sont gratuites, ou son information repose sur des renseignements qu’elle possède et qu’elle ne divulgue pas. Son travail d’information est ici incomplet et peut dans les deux cas nuire à la réputation du plaignant.
Analyse de la décision
- C17F Rapprochement tendancieux