Plaignant
M. Richard
Bellerose
Mis en cause
Le Joliette
Journal et M. Pierre-A. Champoux (journaliste)
Représentant du mis en cause
M. André
Lafrenière (rédacteur en chef, Le Joliette Journal)
Résumé de la plainte
Dans ses
éditions des 5 mai, 26 mai et 2 juin 1982, Le Joliette Journal publie, sous la
signature du journaliste Pierre-A. Champoux, des articles tendancieux sur le
procès intenté par la famille du plaignant contre la ville de Joliette et trois
de ses policiers. Ces articles omettent de rapporter les faits établis par
ladite famille devant le tribunal, déformant ainsi la réalité de manière
malicieuse. Le journaliste semble être à la solde de la police puisqu’il a
accepté, contre rémunération, de prendre des photographies qui ont servi à
étayer sa défense.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de la plainte de monsieur Richard Bellerose contre vos
articles des 5, 26 mai et 2 juin 1982 publiés dans le Joliette Journal et dans
lesquels vous faisiez état du procès entourant la poursuite intentée par la
famille Bellerose contre la Ville de Joliette et trois policiers de la Sûreté
municipale.
En plus d’être tendancieux
et malveillants, les articles en question reflétaient mal, selon le plaignant,
le déroulement du procès en ce qu’ils omettaient de rapporter les faits établis
par les vingt-trois témoins qu’il avait fait entendre et les quarante-cinq
pièces qu’il avait déposées devant le tribunal. En ne rapportant qu’une partie
des faits, vous aviez, selon monsieur Bellerose, induit intentionnellement et
malicieusement le lecteur à se faire une opinion fausse et contraire à la
réalité en plus de présenter une image négative de sa famille. Enfin, monsieur
Bellerose vous reprochait d’avoir été à la solde de la police de Joliette en
acceptant, contre rémunération, de prendre des photos qui ont servi à étayer sa
défense dans cette affaire.
Commentaires du mis en cause
En rejetant le
bien-fondé de cette plainte, vous estimiez que les articles en question
n’étaient aucunement tendancieux, malveillants ou diffamants. Vous vous en
étiez tenu à rapporter tous les faits pertinents avec exactitude et
impartialité.
D’autre part,
vous aviez effectivement accepté durant ce procès, à la demande du chef de
police de Joliette, de faire des photographies de l’intérieur du garage du
poste de police où s’étaient produits les incidents qui avaient amené la
famille Bellerose à intenter une poursuite contre la ville et les policiers en
question. Vous aviez accepté ce contrat parce que vous estimiez être en mesure
de faire la part des choses en tant que journaliste et aussi parce que vous
saviez que vous seriez probablement appelé à témoigner pour la famille
Bellerose.
Enfin, le
rédacteur en chef du Joliette Journal, monsieur André Lafrenière, informait le
Conseil, pour sa part, qu’il ne doutait aucunement de votre compétence non plus
que vous n’ayez rapporté les événements avec exactitude dans vos articles. Il
avait toutefois offert au père du plaignant, monsieur René Bellerose de publier
sa propre version des faits, ce que ce dernier avait refusé parce que la cause
était pendante devant les tribunaux. Monsieur Lafrenière précisait enfin au
Conseil que s’il s’avérait que le tribunal donne raison à la famille Bellerose
contre le corps policier de Joliette, il était évident que son journal
prendrait tous les moyens pour que la population en soit informée de la façon
la plus complète possible.
Analyse
La presse doit faire preuve d’une grande circonspection lorsqu’elle traite de l’actualité judiciaire et se montrer extrêmement prudente en cette matière à cause des conséquences qui peuvent résulter pour les personnes impliquées d’une information mal rapportée. Le droit à l’information se mesure ici aux droits du justiciable au respect de sa vie privée et à un procès juste et impartial.
Or, dans le présent cas, le Conseil est d’avis que vous avez bien informé vos lecteurs sur le procès en question même si vos articles ne font pas état de toutes les préoccupations dont fait mention le plaignant.
Le Conseil est d’avis toutefois que vous vous êtes placé dans une situation de conflit d’intérêts en acceptant de prendre des photos pour le compte de la police de Joliette alors que vous saviez qu’elles devaient servir à étayer sa défense dans le litige l’opposant à la famille du plaignant.
Pour dissiper tout doute sur votre probité professionnelle, vous devriez, comme journaliste, éviter toute situation qui risque de vous mettre en conflit d’intérêts et partant, de compromettre votre crédibilité de même que l’intégrité de l’information.
Analyse de la décision
- C12A Manque d’équilibre
- C22E Travail extérieur incompatible