Plaignant
Mme Micheline
Lamirande
Mis en cause
La Presse
[Montréal] et M. Réjean Tremblay (chroniqueur)
Représentant du mis en cause
M. Jean Sisto
(éditeur adjoint, La Presse [Montréal])
Résumé de la plainte
Le chroniqueur
sportif Réjean Tremblay de La Presse accorde une trop grande importance à un
criminel dans l’article «Michel Dunn et les Nordiques : Aimer avec les menottes
aux poings», publié le 27 mars 1982. Le titre de l’article est trompeur, car il
n’y a aucun relation entre Michel Dunn et les Nordiques.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de votre plainte contre l’article de monsieur Réjean
Tremblay intitulé: «Michel Dunn et les Nordiques: Aimer avec les menottes aux
poings», paru dans La Presse du 27 mars 1982.
Vous estimiez
que le journaliste avait outrepassé son rôle d’informateur public et fait
preuve d’un manque flagrant d’objectivité en accordant autant d’importance à un
criminel et surtout en en faisant l’éloge dans les pages sportives de La
Presse. Vous estimiez aussi que le titre était trompeur et à sensation
puisqu’il n’y avait aucun rapport entre Michel Dunn et Les Nordiques.
Commentaires du mis en cause
Le
vice-président aux publications de La Presse, monsieur Jean Sisto, informait le
Conseil que le journaliste avait profité du passage des Nordiques à l’Institut
Archambault pour faire une interview avec le condamné «célèbre» Michel Dunn, de
là le rapport entre ce dernier et Les Nordiques. Le caractère sensationnel de
l’article était imputable, selon lui, aux circonstances entourant la
condamnation de Michel Dunn qui en faisaient un condamné hors de l’ordinaire,
donc sensationnel. Il relevait enfin, selon monsieur Sisto, de la prérogative
du journal de déterminer son contenu rédactionnel et sa présentation aux
lecteurs.
Analyse
Le Conseil ne retient pas de blâme contre le journaliste étant d’avis qu’il s’est acquitté de sa fonction de chroniqueur conformément à sa responsabilité d’informateur public. L’attention que décident d’accorder la presse ou un journaliste à une question donnée relève de leur discrétion et de leur jugement rédactionnels. Le choix d’un sujet et la façon de le traiter leur appartiennent en propre. Encore un chroniqueur jouit-il, de par le genre journalistique particulier que constitue la chronique, qui tient à la fois autant de l’éditorial et du commentaire que du reportage d’information, d’une latitude particulière dans la formulation de ses jugements, l’expression de ses points de vue et de ses critiques. Bien sûr, cette discrétion et cette latitude ne sauraient s’exercer d’une façon absolue. Même par le truchement d’une chronique, le journaliste ne saurait se soustraire aux exigences de rigueur et d’exactitude, d’honnêteté et d’intégrité qui s’imposent à tous les professionnels de l’information.
Dans le présent cas, la façon dont le journaliste a rédigé sa chronique ne lui vaut pas le blâme d’avoir manqué de rigueur ou de s’être laissé guider par un souci de recourir au sensationnel.
Le Conseil est d’avis toutefois que le titre établit un rapport qui n’est pas évident dans l’article entre monsieur Michel Dunn et Les Nordiques.
Analyse de la décision
- C01A Expression d’opinion
- C11F Titre/présentation de l’information
Commentaires des dissidents à propos de la décision
Dissidence de
monsieur Robert Paradis:
Le Comité des
cas retient un reproche contre le titre de La Presse qui, selon lui, établit un
rapport qui n’est pas évident dans l’article entre monsieur Michel Dunn et Les
Nordiques.
Pour ma part,
j’estime humblement que le Conseil ne doit pas faire ce reproche, puisqu’il
s’agissait effectivement d’une visite de plusieurs Nordiques au pénitencier,
puisque Michel Bergeron [«Monsieur Nordiques»] y était, qu’il a parlé aux
détenus et que c’est finalement ce dernier qui devenait le lien entre le hockey
et les détenus.
Si des membres
du Canadiens avaient également accepté l’invitation, La Presse n’aurait
peut-être pas utilisé uniquement Michel Bergeron (ou Les Nordiques) pour
«accrocher» les lecteurs sur un texte, en l’occurrence, fort bien fait,
comportant un intérêt humain certain.
Le fait que le
texte et le titre ne portent pas – dans les mêmes proportions – précisément sur
la relation entre Monsieur Nordiques et monsieur Dunn ne m’apparaît pas suffisant
pour que le Conseil en fasse un reproche à La Presse.
Dissidents
M. Robert
Paradis