Plaignant
La Collective
Par et Pour Elle Inc.
Représentant du plaignant
Mme Nicole Côté (représentante,
Collective Par et Pour Elle Inc.)
Mis en cause
Le Guide
[Cowansville] et M. Gilles Jourdain (éditorialiste)
Représentant du mis en cause
M. André DeGuire
(directeur, Le Guide [Cowansville])
Résumé de la plainte
L’éditorial
«Cachez ce sein…», paru sous la signature de M. Gilles Jourdain dans
l’édition du 1er février 1983 du Guide de Cowansville, contient des propos
insultants, méprisants et discriminatoires. L’éditorialiste qualifie les
féministes «d’hypocrites», «d’immorales» et «d’illuminées», en plus de les
présenter comme des femmes «qui veulent satisfaire leurs frustrations». Il
confond les notions d’érotisme et de pornographie tout en laissant croire que
seules les féministes s’opposent à la télédiffusion de films pornographiques.
Griefs du plaignant
Le Conseil de presse
a terminé l’étude de la plainte de La Collective Par et Pour Elle Inc.
concernant l’éditorial paru sous votre signature, sous le titre: «Cachez ce
sein…», dans Le Guide de Cowansville du 1er février 1983 dans lequel vous
preniez à partie l’opposition des groupes féministes à la télédiffusion des
films «érotiques».
La Collective
déplorait que vous n’ayez pas su faire abstraction de vos préjugés dans cet
article et vous accusait d’avoir manqué à l’éthique journalistique par vos
propos «insultants, méprisants et discriminatoires» envers les femmes. En
qualifiant entre autres les féministes «d’hypocrites», «d’immorales» et
«d’illuminées» ou encore en les présentant comme des femmes « qui veulent
satisfaire leur frustrations», vous aviez fait preuve de mépris envers elles et
entretenu les préjugés à leur endroit. En plus de votre ton offusquant et
outrancier, vous aviez induit le public en erreur en confondant les notions
d’érotisme et de pornographie et en laissant croire, à tort, que seulement les
féministes réclamaient la non-diffusion de films pornographiques à la
télévision.
Commentaires du mis en cause
Vous indiquiez
au Conseil que vous n’aviez nullement eu l’intention de blesser, d’insulter ou
de mépriser les féministes. Le langage que vous aviez utilisé n’était
insultant, selon vous, que dans l’esprit de ceux dont le vocabulaire se
restreint au «langage des bien-pensants». D’ailleurs, il restait à prouver que
vos propos aient pu être «insultants, méprisants, discriminatoires». La
plaignante n’avait pas raison non plus de prétendre que vous ayiez affirmé dans
cet article que seules les féministes luttaient contre la télédiffusion de
films pornographiques.
Enfin, vous
indiquiez au Conseil que votre journal avait offert à La Collective Par et Pour
Elle de publier son point de vue; invitation qu’elle a déclinée si on excepte
la lettre ouverte de l’époux de la mandataire de l’organisme.
Le directeur de
votre journal, monsieur André DeGuire, soutenait que c’était le rôle du Guide
de susciter des débats animés et intelligents sur un sujet brûlant d’actualité
par des éditoriaux provocants et populaires. Il était fort douteux, selon lui,
qu’un éditorial de style plus érudit eut le même impact sur les lecteurs. Par
souci d’objectivité cependant, Le Guide avait publié le point de vue de la
plaignante dans l’édition du 15 février 1983 ainsi qu’une autre lettre d’une
page et demie l’appuyant.
Réplique du plaignant
La plaignante
soutenait, pour sa part, n’avoir jamais reçu d’offre du journal de publier son
point de vue, ni verbalement ni par écrit.
Analyse
Il relève de la prérogative d’un éditorialiste de prendre parti, d’exprimer ses critiques, de faire valoir ses points de vue sur une idée, une situation, une personne, un groupe, etc. Cette prérogative doit cependant s’exercer avec rigueur et intégrité comme le commande la responsabilité professionnelle.
Dans le présent cas, le Conseil est d’avis que vous avez outrepassé la latitude rédactionnelle que vous confère votre fonction d’éditorialiste. Le Conseil tient à vous rappeler que vous devez respecter les personnes et éviter d’employer des termes dont les connotations préjoratives risquent de les discréditer auprès de l’opinion.
Le Conseil a pris bonne note, par ailleurs, que Le Guide a publié la mise au point de la plaignante dans son édition du 15 février 1983.
Analyse de la décision
- C08A Choix des textes
- C18D Discrimination