Plaignant
The
Association of Arab-American University Graduates [Quebec Chapter]
Représentant du plaignant
M. Ayman
Al-Yassini (président, Association of Arab-American University Graduates
[Quebec Chapter])
Mis en cause
The Gazette
[Montréal] et M. Warren Perley (journaliste)
Représentant du mis en cause
M. Clair Balfour
(ombudsman, The Gazette [Montréal])
Résumé de la plainte
L’article «Union
boss won’t reveal cost of anti-Israel drive», publié sous la signature du
journaliste Warren Perly dans l’édition du 20 mai 1983 de The Gazette, rapporte
de façon erronée et trompeuse la conférence de presse organisée la veille par
la coalition d’une trentaine d’organismes pour dénoncer la visite au Canada du
ministre israélien de la Défense, M. Ariel Sharon. L’article dénature, entre
autres, le sens de la protestation de la coalition en laissant entendre que sa
campagne était anti-israélienne et anti-juive. Le traitement accordé à cet
événement ne constitue pas un geste isolé, mais est le résultat d’une politique
d’information partiale sur la question du Moyen-Orient.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de la plainte de monsieur Ayman Al-Yassini, président
de la section québécoise de l’Association of Arab-American University Graduates
(AAUG) contre The Gazette et monsieur Warren Perley, journaliste.
Le plaignant
reprochait à votre journal et à monsieur Perley la façon biaisée et trompeuse
dont vous aviez traité la conférence de presse du 19 mai 1983 organisée par la
coalition d’une trentaine d’organisations, dont la CEQ, pour dénoncer la visite
au Canada de monsieur Ariel Sharon, ministre de la défense israélien.
Selon monsieur
Al-Yassini, l’article du 20 mai de monsieur Perley, intitulé «Union boss won’t
reveal cost of anti-Israel drive», déformait le sens de la conférence de presse
en faisant de la CEQ et de son président, monsieur Yvon Charbonneau, les
éléments centraux de la nouvelle. Cet article soutenait de plus, de façon
erronée, que monsieur Charbonneau avait refusé de révéler les coûts de la
campagne de protestation dans laquelle s’était engagée la CEQ contre la visite
de monsieur Sharon.
L’article en
question et son titre dénaturaient, selon le plaignant, le sens des efforts et
des objectifs de la coalition et pouvaient contribuer, en laissant entendre que
l’action de l’AAUG était anti-israélienne et anti-juive, à générer des tensions
entre les communautés arabes et juives du Québec de même qu’à susciter
l’antisémitisme. L’article avait en outre comme effet de susciter l’animosité
contre la CEQ et exagérait l’importance du soi-disant désaccord des syndiqués à
l’encontre de l’initiative de celle-ci en ne se basant que sur le témoignage
d’un seul d’entre eux, peu représentatif, eu égard à l’importance de son
syndicat, soit le président de l’Union des agents de la paix en institution
pénale de la section de Bordeaux, monsieur Jean-Marie Gélinas.
Commentaires du mis en cause
Commentant cette
plainte dans sa chronique du 16 juin 1983, l’ombudsman du journal, monsieur
Clair Balfour, soutenait que la couverture accordée à la conférence de presse
par The Gazette et son journaliste répondait au souci du journal de servir
l’intérêt public. Le peu de cas accordé à certaines parties de cette conférence
relevait, selon lui, du jugement rédactionnel du médias et du journaliste. Bien
sûr, l’événement aurait pu être traitée sous un angle différent, mais ceci
n’aurait modifié en rien la perception du journal sur le peu d’intérêt que
présentait la conférence de presse elle-même pour l’information du public.
Enfin, monsieur Balfour concédait que le terme «Union boss» était un cliché
inadéquat et que The Gazette devrait éviter de l’utiliser.
Réplique du plaignant
L’AAUG
répliquait en reprochant à The Gazette de faire de la censure et de déformer
les événements. Elle n’en voulait pour preuve que la façon désinvolte du
journal de voiler ou de passer sous silence les manifestations antisionistes
qui se déroulent à Montréal tout en se faisant complaisante pour faire état des
protestations anti-arabes. Le traitement consacré à la conférence de presse sur
la visite de monsieur Sharon n’était pas un événement isolé, mais plutôt le
résultat d’une politique globale de déformation des événements sur la question
du Moyen-Orient. A preuve, la couverture fort différente que leur accorde la
très vaste majorité des autres médias.
A ce sujet et
pour illustrer son propos, l’AAUG évoquait trois exemples: les massacres de
Sabra et Chatilla (septembre 1982), la visite de monsieur Fathi Arafat à
Montréal (octobre 1982) et la visite de monsieur Sharon (juin 1983) où
l’ombudsman du journal lui-même, monsieur Clair Balfour, avait reconnu dans ses
chroniques hebdomadaires plusieurs failles. Rien de ses critiques, non plus que
celles que lui avaient servi ses lecteurs, ne semblait devoir engager The
Gazette à changer sa façon de faire. Devant un besoin d’amélioration criant,
les plaignants requéraient donc une rencontre tripartite entre eux-mêmes, The
Gazette et le Conseil de presse, en vue de trouver une solution acceptable.
Analyse
Le Conseil de presse est d’avis que The Gazette et son journaliste ont traité la conférence de presse en question conformément à leur responsabilité et à leur discrétion rédactionnelle même s’ils ne l’ont pas fait de la façon dont l’AAUG l’aurait souhaité.
Les médias et les professionnels de l’information ne sont effectivement pas tenus de traiter de tous les aspects d’une question et ils sont libres de leurs choix rédactionnels, en autant toutefois que ceux-ci ne trahissent pas le sens des événements, ce qui, de l’avis du Conseil, n’est en l’occurrence pas le cas.
D’autre part, même si le Conseil n’a pas à établir un lexique des termes que les professionnels de l’information doivent employer ou éviter, il doit blâmer votre journal pour avoir utilisé certains qualificatifs tels «Union boss» et«anti-Israel drive». Ces expressions ne respectent ni les faits, ni l’événement, ni les personnes faisant l’objet de l’information diffusée.
Enfin, en ce qui a trait à la couverture d’ensemble accordée par The Gazette à la question du Moyen Orient et à la nécessité d’une rencontre entre les autorités de The Gazette et les plaignants, le Conseil ne saurait qu’encourager les deux parties à rechercher un terrain d’entente.
Analyse de la décision
- C02A Choix et importance de la couverture
- C11C Déformation des faits
- C11H Terme/expression impropre