Plaignant
Confédération
des syndicats nationaux [CSN]
Représentant du plaignant
M. Jean-Pierre Paré
(représentant du service de l’information, Confédération des syndicats
nationaux [CSN])
Mis en cause
La Presse
Canadienne [Montréal]
Représentant du mis en cause
M. Guy Rondeau
(chef de bureau, Presse Canadienne [Montréal])
Résumé de la plainte
La Presse
Canadienne résume un article paru dans l’édition du 3 septembre 1983 de The
Gazette, mais en négligeant de traiter certaines dimensions et nuances
importantes contenues dans le texte original. Les journaux ayant reproduit
cette dépêche ont ainsi trompé leurs lecteurs. Le repiquage des articles par
les agences de presse et la publication des dépêches résultantes devraient être
soumis à des règles précises.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de votre plainte dans laquelle vous vous en preniez à
la façon dont la Presse Canadienne avait reproduit un article de madame Jennifer
Robinson, publié dans The Gazette du 3 septembre 1983 sous le titre «Little to
celebrate: Quebec labor is on the ropes.
Unions are facing a
credibility crisis, still living in Never-Never Land of living-room leftism».
Plusieurs
quotidiens québécois avaient repris cette dépêche, le 6 septembre, en
négligeant certaines dimensions et nuances importantes contenues dans l’article
original, notamment en ce qui a trait aux causes de la diminution du nombre de
cotisants dans certaines organisations syndicales, y inclus la CSN. En
demandant au Conseil de blâmer une telle façon de faire, vous l’incitiez
également à profiter de l’occasion pour tracer des balises, sinon des
paramètres, à la pratique répandue du «repiquage» en se penchant sur les
questions suivantes:
– N’y aurait-il
pas lieu d’appliquer à la pratique du «repiquage» des règles d’éthique bien
précises, susceptibles de mieux protéger le droit du public à l’information en
distinguant, par exemple, articles d’information brute et articles de fond?
– Les éditeurs
ne devraient-ils pas apporter davantage de soin pour respecter l’esprit et les
nuances des articles de fond qu’ils reproduisent?
– L’agence de
presse qui «repique» des articles de fond ne devrait-elle pas en indiquer les
sources exactes, ce qui permettrait à ses abonnés d’en contrôler la valeur?
– Les médias
pour leur part ne devraient-ils pas aussi indiquer les sources pour permettre à
leurs lecteurs de s’en référer, au besoin, aux articles originaux?
– La dépêche du
6 septembre de la Presse Canadienne respectait-elle «le droit du public à une
information complète et honnête»?
Commentaires du mis en cause
Monsieur Guy
Rondeau estimait pour sa part que la Presse Canadienne avait bien résumé
l’article en question en ne trahissant nullement le droit du public à une
information honnête et impartiale et en respectant tout à fait le principe du
«traitement objectif et équilibré». Il informait enfin le Conseil que toutes
les dépêches diffusées par la Presse Canadienne portaient la mention de leur
source «de sorte qu’il est toujours possible aux utilisateurs de fournir ces
renseignements à leurs lecteurs s’ils le jugent à propos».
Analyse
Le Conseil ne retient aucun blâme contre la Presse Canadienne qui a fait, dans ce cas, un résumé adéquat de l’article de The Gazette. Il ne semble pas en effet au Conseil que la dépêche dont vous vous êtes plaint ait eu comme résultat de tromper les lecteurs sur le contenu de l’article qu’elle reprenait.
Quant à la question de savoir s’il y a lieu d’établir des normes différentes pour les articles de fond et les articles d’information, le Conseil considère que la même rigueur journalistique s’applique dans l’un ou l’autre cas. Si l’on ne peut reprocher aux médias ou aux journalistes de ne pas traiter d’une façon exhaustive de tous les aspects d’une question, ils ne doivent, bien entendu, en négliger aucun aspect susceptible d’en changer le sens ou d’en trahir l’esprit.
Enfin, il y aurait sans doute avantage à ce que les abonnés d’une agence de presse qui en reproduisent les dépêches mentionnent, lorsqu’il s’agit d’articles de fond, la référence originale que leur donne l’agence, pour permettre au public d’aller aux sources s’il en sent le besoin.
Analyse de la décision
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