Plaignant
M. André
Tremblay (candidat, élections municipales de Montréal)
Mis en cause
Le Journal de
Rosemont [Montréal] et M. Michel Senécal (journaliste)
Représentant du mis en cause
M. André Bénard
(gérant, Le Journal de Rosemont [Montréal]
Résumé de la plainte
L’article du
journaliste Michel Senécal intitulé «Le conseiller Jean Trottier obtient une
autre « Place au Soleil »», paru le 20 avril 1983 dans Le Journal de
Rosemont, trompe les lecteurs sur les véritables initiateurs d’un projet
d’aménagement de quartier. Le journaliste tente de politiser ce projet et fait
référence, hors de tout contexte, à la candidature du plaignant à titre de
conseiller municipal. Ce dernier est mal identifié et la photo illustrant
l’article représente un autre quartier. Enfin, le journal refuse de publier une
rectification.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de la plainte de monsieur André Tremblay qui s’en
prenait à votre article du 20 avril 1983 paru dans Le Journal de Rosemont sous
le titre: «Le conseiller Jean Trottier obtient une autre « Place au
Soleil »».
Selon monsieur Tremblay,
l’article en question, inexact et partial, trompait les lecteurs sur la
véritable provenance du projet d’embellissement et d’aménagement des ruelles du
quartier Rosemont, «Place au Soleil», instauré par la ville de Montréal, en les
informant mal sur les véritables initiateurs. Ä cet égard, il regrettait aussi
que Le Journal de Rosemont, après avoir déjà fait appel dans ses pages à la
«participation active des citoyens» dans des projets de quartier, négligeant de
faire mention de ceux qui s’y étaient réellement impliqués.
Monsieur
Tremblay prétendait aussi que vous tentiez de politiser ce projet en en
attribuant l’obtention au conseiller municipal Jean Trottier, lequel n’avait
fait qu’appuyer, somme toute, la pétition qu’il avait lui-même, avec l’un de
ses collègues, monsieur Jacques V. Delisle, fait signer aux résidents de son
quartier.
Une référence,
hors de tout contexte, à la candidature vieille de cinq mois de monsieur
Tremblay comme conseiller municipal, une erreur dans son identification, et
«comble de l’ironie» la photo d’un autre quartier pour illustrer la nouvelle
faisaient de cet article un exemple de mauvaise information.
Monsieur
Tremblay déplorait enfin que le journal ait ignoré sa demande de rectification.
Commentaires du mis en cause
Vous prétendiez
avoir fait juste part à la participation de monsieur Jean Trottier dans
l’obtention du projet en question en spécifiant que «… le conseiller
municipal a bien réussi en répondant à la pétition des citoyens de ce secteur».
Quant à la participation de monsieur Tremblay, vous souligniez, sans en
diminuer le mérite, qu’il ne s’agissait aucunement là d’une innovation et que
vous avez vous-même invité les citoyens à signer des pétitions dans un article
précédent. Vous regrettiez enfin l’identification fautive du nom du plaignant
et l’attribuiez à une erreur typographique que vous avez convenu de corriger
dans un reportage ultérieur.
Le gérant de
votre journal, monsieur André Bénard, expliquait pour sa part au Conseil qu’il
n’avait pas cru bon de donner suite aux demandes de rectification du plaignant
«pour ne pas éterniser le sujet». La plainte de ce dernier n’était pas non plus
«assez importante, à son avis, pour publier deux fois le même article, surtout
en période électorale» où monsieur Tremblay était l’adversaire de monsieur
Trottier.
Réplique du plaignant
Dans votre
réplique aux propos de monsieur Senécal, vous mainteniez que votre article
avait été publié cinq mois après la fin de la campagne électorale et qu’il
était inopiné de faire référence à votre candidature, puisque pour le projet en
question vous n’étiez que «le représentant de tous les citoyens».
Analyse
Le Conseil estime que l’information diffusée dans l’article incriminé était exacte, sinon aussi complète que le plaignant l’eût souhaité. Le Conseil ne peut vous blâmer, non plus que votre journal, pour n’avoir pas traité de façon exhaustive de tous les aspects du sujet abordé.
Le Conseil ne saurait non plus, autrement qu’en faisant un procès d’intention, retenir le blâme, formulé par le plaignant contre vous et le journal, d’avoir traité le projet en question de façon partisane, soit par votre référence à sa candidature aux élections municipales ou encore par votre façon de rapporter l’action du conseiller Jean Trottier. En effet, s’il n’est pas essentiel au sujet rapporté, le rappel anecdotique de la candidature du plaignant n’a pas eu pour autant comme résultat de colorer l’information. Quant à la participation du conseiller Trottier, vous avez pris le soin de spécifier qu’elle répondait à une initiative des citoyens.
Le Conseil considère d’autre part que le titre de l’article en question attribue entièrement au conseiller Trottier le mérite du projet et que partant, il informe mal le lecteur. Aussi recommande-t-il au journal de redoubler de rigueur dans la confection de ses titres afin que ceux-ci ne déforment ni l’esprit ni le contenu des articles qu’ils coiffent.
Enfin, la faute qui s’est glissée sur l’identification du plaignant n’est attribuable, selon le Conseil, qu’à une erreur typographique. Encore que cette dernière, de même que la photo utilisée pour illustrer la nouvelle, indiquent un manque de soin dans la façon de rapporter l’information.
Analyse de la décision
- C11A Erreur
- C11B Information inexacte
- C11F Titre/présentation de l’information
- C12B Information incomplète
- C13A Partialité