Plaignant
M. Gaston Trudel
Mis en cause
Le
Progrès-Dimanche [Chicoutimi] et Le Quotidien [Chicoutimi]
Représentant du mis en cause
M. Bertrand
Genest (directeur de la rédaction, Le Progrès-Dimanche [Chicoutimi] et Le
Quotidien [Chicoutimi])
Résumé de la plainte
Le Quotidien et
Progrès-Dimanche accueillent avec une partialité évidente toutes les
bondieuseries qui leur sont adressées. Ainsi, ils publient les lettres d’une
fanatique d’extrême droite chrétienne, mais refusent la lettre du plaignant à
ce sujet. Une telle attitude s’avère insultante de la part de journaux réputés
indépendants et apolitiques.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de votre plainte contre Le Quotidien et le
Progrès-Dimanche à qui vous reprochiez d’accueillir, et même de solliciter,
«avec un plaisir et une partialité évidente», toutes les «bondieuseries» qui
leur parviennent. Ä preuve, la publication continue des lettres farcies de
préjugés d’une «fanatique religieuse d’extrême droite chrétienne». En tant
qu’athée, vous trouviez insultante une telle attitude de la part des journaux,
«supposés indépendants et apolitiques», d’autant plus qu’ils ont refusé de
publier la lettre que vous leur aviez fait tenir à ce sujet.
Commentaires du mis en cause
Selon le
directeur de la rédaction du Quotidien et du Progrès-Dimanche, monsieur Bertrand
Genest, vous aviez eu maintes fois l’avantage d’exprimer votre pensée dans
l’espace réservé aux lettres ouvertes. Cependant, l’espace restreint de la
tribune des lecteurs engageait la direction à choisir d’une façon rigoureuse
les lettres à publier, surtout lorsque comme dans le présent cas, elles
répètent les mêmes attaques «souvent dans un langage impubliable ou du moins
excessivement incisif» et n’apportent «rien à la connaissance de nos lecteurs».
Réplique du plaignant
Dans votre
réplique, vous disiez non pas contester le droit des journaux de choisir les
lettres à publier, mais la discrimination dont font preuve. Selon vous, les
deux tiers de leur page éditoriale étaient «pendant des années» occupés par des
lettres du genre de celle que vous dénonciez, certaines d’entre elles contenant
même des propos racistes et antisémites nullement justifiés par quelque
actualité. Quant à votre lettre, vous admettiez qu’elle était incisive, mais
non pas impubliable compte tenu de la nature excessive des propos auxquels vous
répliquiez.
Analyse
Nul ne peut prétendre avoir accès de plein droit au courrier des lecteurs. La politique de publication des lettres ouvertes relève de la prérogative et de la responsabilité de l’éditeur. Malgré la latitude de ce dernier, cependant, ses jugements d’appréciation doivent demeurer conformes à sa responsabilité de renseigner adéquatement et honnêtement ses lecteurs et de favoriser l’expression d’autant de points de vue que possible.
Or, dans le présent cas, le Conseil ne saurait conclure, autrement que par voie de procès d’intention, que les journaux en cause font preuve de parti pris dans le choix des lettres qu’ils publient soit en reflétant uniquement les points de vue de leur éditeur ou encore en écartant ceux qui n’y correspondraient pas.
Analyse de la décision
- C08A Choix des textes