Plaignant
M. Thomas
Waugh
Mis en cause
The Gazette
[Montréal] et Mme Aileen McCabe (journaliste)
Représentant du mis en cause
M. Mark Harrison
(rédacteur en chef, The Gazette [Montréal])
Résumé de la plainte
La journaliste
Aileen McCabe utilise l’expression «homosexual killings» dans le reportage
«Murder City : The title still belongs to Montreal», publié par The Gazette le
14 janvier 1984. Ce faisant, la journaliste assimile les homosexuels à des
criminels en plus d’établir un lien entre la communauté homosexuelle et
l’assassinat.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de votre plainte dans laquelle vous reprochiez à The
Gazette sa façon diffamatoire de traiter la communauté gaie par l’emploi de
l’expression «homosexual killings» dans un article intitulé «Murder City: The
title still belongs to Montreal», publié le 14 janvier 1984 sous la signature
de madame Aileen McCabe, journaliste.
Une telle référence
assimilait, selon vous, les homosexuels à des criminels et établissait un lien
entre la communauté homosexuelle et l’assassinat. Vous condamniez donc comme
une pratique journalistique malhonnête et discriminatoire, le fait de relier
ainsi un groupe minoritaire à un type de criminalité, sans aucune preuve
pertinente.
Commentaires du mis en cause
Le rédacteur en
chef du journal, monsieur Mark Harrison, considérait pour sa part que
l’utilisation de l’expression en question était parfaitement justifiée dans le
contexte. Elle tirait aussi son à propos du fait que la nature des meurtres
dont il s’agissait n’aurait pas été claire sans elle. Effectivement, The
Gazette évitait d’utiliser de telles références lorsqu’elles n’étaient pas
pertinentes au sujet traité. Dans le présent cas toutefois, elle était non
seulement bien fondée, mais ne comportait aucune connotation péjorative pour
l’ensemble des homosexuels.
Enfin, quoiqu’il
en soit, monsieur Harrison se disait prêt à publier une lettre que vous lui
feriez parvenir vous permettant ainsi de critiquer son journal et d’exprimer
votre point de vue.
Madame Aileen
McCabe considérait quant à elle que l’expression «homosexual killings», bien
qu’utilisée dans le même paragraphe que les termes «criminels» et «voleurs»,
n’entretenait aucune confusion, chaque cas étant traité séparément. Il n’y
avait pas non plus lieu de croire que l’utilisation de ce terme incitât à faire
un rapprochement entre la communauté homosexuelle et l’assassinat. Ceci dit,
elle concédait que le tout aurait été plus clair si elle avait choisi ses
termes avec plus de soin.
Réplique du plaignant
Dans votre
réplique, vous mainteniez que de telles généralisations et associations dans
les médias contribuaient fortement à la diffusion des stéréotypes négatifs
envers les homosexuels. Vous reprochiez également au journal de reproduire
intégralement les communiqués de la police sur ces questions, sachant pourtant
que le caractère tendu des relations entre les policiers et la communauté gaie
ne pouvait qu’alimenter une campagne policière de salissage à l’égard des
homosexuels. A cet égard, vous souhaitiez que le journal se soucie d’interroger
aussi la communauté gaie avant de rapporter les événements qui la concernent.
Enfin, vous vous
disiez peu enclin à accepter l’offre de monsieur Harrison de publier votre
point de vue dans The Gazette, surtout après un délai de quatre mois où le
sujet est complètement oublié et l’intérêt du public estompé. Cette offre
aurait dû vous être faite dès le 16 janvier lorsque vous saisissiez le journal
de vos griefs.
Analyse
Le Conseil n’a pas à établir de lexique des termes que les médias ou les professionnels de l’information doivent employer ou non, les décisions à cet égard relevant de leur autorité et de leur discrétion rédactionnelles. Toutefois, ils doivent éviter, de par le vocabulaire qu’ils emploient, d’entretenir les préjugés.
En l’occurrence, le Conseil n’estime pas que la façon de faire de The Gazette ait été destinée à discréditer les homosexuels ou à entretenir à leur endroit les préjugés, encore qu’il partage le point de vue de la journaliste à savoir que si elle avait choisi avec plus grand soin ses mots, elle aurait évité de donner prise à l’interprétation sur laquelle est fondée la présente plainte.
Analyse de la décision
- C17F Rapprochement tendancieux