Plaignant
Le Groupement
Action Paix
Représentant du plaignant
M. Gérard Briand
(représentant, Groupement Action Paix)
Mis en cause
Progrès-Dimanche
[Chicoutimi] et M. Richard Banford (éditorialiste)
Résumé de la plainte
L’éditorialiste
Richard Banford du Progrès-Dimanche informe mal la population en écrivant, le
13 janvier 1985, qu’un projet de champ de tir pour les avions de combat
couvrait une superficie de 150 pieds carrés, alors qu’il représente plutôt 1
500 pieds carrés sis au centre d’un terrain de 150 kilomètres carrés. De plus,
l’éditorialiste qualifie les opposants à ce projet «d’oiseaulogues» et de
«soldats de la révolution écologique».
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de la plainte du Groupement Action Paix (GRAP),
représenté par monsieur Gérard Briand, qui reprochait à l’éditorialiste Richard
Banford du Progrès-Dimanche d’avoir transmis de fausses informations dans son
éditorial paru le 13 janvier 1985 et traitant de l’implantation controversée
d’un champ de tir pour avions F-18 dans la région du Lac Saint-Jean. Le GRAP
reprochait également à monsieur Banford son emploi de termes péjoratifs qui
auraient eu pour effet de discréditer bon nombre de personnes.
Monsieur Banford
aurait ainsi donné une fausse information en annonçant que le champ de tir
proposé par le ministère de la Défense ne serait que de 150 pieds carrés, surface
qui en réalité est évaluée à 1500 pieds carrés et sise au centre d’un terrain
totalisant environ 150 kilomètres carrés.
La GRAP faisait
ensuite grief à l’éditorialiste pour avoir qualifié les contestataires du
projet d’«oiseaulogues» et de «soldats de la révolution écologique» et pour
avoir traité les politiciens qui supportaient cette contestation de personnes
que «la démagogie n’étouffait pas».
Commentaires du mis en cause
Pour sa part,
monsieur Richard Banford affirmait également que la mention erronée de 150
pieds carrés relevait d’un malencontreux incident de parcours puisqu’un zéro
avait été involontairement omis lors de la rédaction du texte. Plusieurs
opinions publiées à la suite de la parution de cet éditorial permettaient, aux
dires de l’éditorialiste, de retrouver le zéro manquant.
Monsieur Banford
affirmait que rien ne justifiait l’emportement du GRAP à l’égard des termes
généraux employés. Il tenait à préciser que l’éditorialiste vise à défendre les
droits de la communauté et non à servir les intérêts d’un groupe en particulier
et c’était dans cette optique qu’il avait écrit le commentaire récriminé.
Réplique du plaignant
Dans sa
réplique, le plaignant estimait que les explications de monsieur Banford sur le
zéro manquant étaient sans doute plausibles, mais apparaissaient faibles et
faciles. Il n’en restait pas moins, selon le GRAP, que la description donnée
dans l’éditorial tendait «à fausser les informations et le débat, et à
minimiser les revendications – non pas d’un groupuscule – mais de bien des associations
et individus concernés par le dossier du champ de tir» et qui avaient appuyé le
GRAP dans sa démarche.
Analyse
Il relève de la prérogative d’un éditorialiste de prendre parti, d’exprimer ses critiques, de faire valoir ses points de vue sur une idée, une situation, un groupe, etc. Cette prérogative doit cependant s’exercer avec rigueur et intégrité comme le commande la responsabilité professionnelle.
Dans le présent cas, vu l’importance de l’erreur relative à la surface proposée du champ de tir dans le cadre du débat en cours, le Conseil estime qu’il aurait été préférable d’apporter les rectificatifs qui s’imposaient afin que disparaisse l’ambiguïté occasionnée par cette erreur. Il en va non seulement du respect des faits, mais aussi de la crédibilité d’une entreprise de presse.
Par ailleurs, le Conseil est d’avis que l’utilisation des expressions «oiseaulogues» et «soldats de la révolution écologique» ne constitue pas, malgré son dessein nettement polémique, un abus de la discrétion normalement reconnue aux éditorialistes.
Analyse de la décision
- C01A Expression d’opinion
- C11B Information inexacte