Plaignant
M. André
Brassard-Aubin (journaliste, Le Peuple de Lotbinière [Laurier Station])
Mis en cause
Le Peuple de
Lotbinière [Laurier Station], Mme Odette Castonguay (directrice de
l’information) et M. Jean-Paul Lemay (directeur)
Résumé de la plainte
L’article
«Amnistie Internationale présente dans Lotbinière», que Le Peuple de Lotbinière
publie le 22 avril 1985 sous la signature de Mme Odette Castonguay, a été
rédigé par le plaignant avant son départ du journal.
Griefs du plaignant
Le Conseil a
terminé l’étude de la plainte de M. André Brassard-Aubin, ancien journaliste à
l’hebdomadaire Le Peuple de Lotbinière qui reprochait au directeur du journal,
M. Jean-Paul Lemay, d’avoir délibérément remplacé sa signature par celle d’une
autre journaliste.
M.
Brassard-Aubin faisait référence à un article paru le 22 avril, sous la
signature de Mme Odette Castonguay, et titré «Amnistie Internationale présente
dans Lotbinière». Le plaignant affirmait qu’il avait effectué, avant son
congédiement, une entrevue avec la responsable régionale d’Amnistie
Internationale et qu’il avait par la suite rédigé un article. Après
vérification auprès de cette responsable, le plaignant pouvait affirmer
qu’aucun autre journaliste du Peuple n’avait sollicité une entrevue avec elle.
L’article incriminé contenant des déclarations de la responsable, il était donc
évident que le plaignant en était le véritable auteur.
M. Brassard-Aubin
soumettait du plus, «que cette falsification de signature a été faite en toute
conscience puisqu’il avait pu voir avant son départ le texte photocomposé, prêt
pour l’impression, alors qu’il portait encore sa signature.
Commentaires du mis en cause
De son côté, le
directeur du Peuple, M. Jean-Paul Lemay, affirmait que le plaignant avait bel
et bien fait un article sur Amnistie Internationale. Cependant, estimant cet
article beaucoup trop long, il aurait demandé à la nouvelle directrice de
l’information, Mme Castonguay, d’en rédiger une nouvelle version. Compte tenu
qu’une nouvelle photocomposition était nécessaire, le directeur avait demandé à
Mme Castonguay de signer l’article.
M. Lemay disait
trouver regrettable l’attitude du plaignant puisque pour lui, «l’essentiel
était que le message d’Amnistie Internationale passe».
Réplique du plaignant
Dans sa
réplique, le plaignant affirmait «solennellement» que le texte publié n’a
jamais été refondu ou reformulé. M. Brassard-Aubin disait reconnaître «chaque
mot, chaque phrase ainsi que le titre». Le plaignant ajoutait que son texte
avait peut-être été raccourci, mais qu’il était quand même impératif d’en
respecter la signature.
Enfin, M.
Brassard-Aubin soumettait qu’un examen des styles respectifs d’écriture des
deux personnes démontrerait que le vocabulaire, le style et l’orientation qui
caractérisent le texte «Amnistie Internationale présente dans Lotbinière»
s’apparente aux autres textes du plaignant et «qu’ils contrastent, en de
nombreux points, avec ceux de Mme Castonguay».
Analyse
Il est normal dans les milieux de l’information d’élaguer et d’éditer les textes produits par les journalistes. Lorsque de telles transformations ont lieu, il est cependant souhaitable d’en avertir l’auteur ou, si on est dans l’impossibilité de le faire, de simplement biffer sa signature.
Partant, le Conseil blâme Le Peuple de Lotbinière pour avoir remplacé la signature du plaignant par celle d’une autre journaliste sous prétexte que les transformations effectuées dans l’article avaient nécessité une seconde photocomposition. En effet, tel qu’admis par la direction du journal, Mme Castonguay s’est servie du matériel disponible, à savoir l’article du plaignant, pour en produire un plus court; pourtant, cette simple «ré-écriture» d’un article déjà rédigé ne justifiait pas qu’elle en devienne l’auteure.
Analyse de la décision
- C06J Modification d’un texte journalistique