Plaignant
M. Alain Aubin
Mis en cause
The Suburban
[Côte-Saint-Luc] et M. Martin Stone (rédacteur en chef)
Résumé de la plainte
L’éditorial «A
new day dawning», publié le 4 décembre 1985 par le Suburban sous la signature
de son rédacteur en chef, M. Martin Stone, critique dans des termes excessifs
le gouvernement du Parti québécois défait aux élections deux jours auparavant.
Le journal publie, dans la même édition, une caricature outrancière titrée «A
new era?», qui traite de «l’héritage» laissé par ce parti.
Griefs du plaignant
Le Conseil a
terminé l’étude de la plainte de monsieur Alain Aubin qui s’en prenait à la
caricature et à l’éditorial parus dans l’édition du 4 décembre 1985 de
l’hebdomadaire The Suburban.
Le plaignant
dénonçait les «termes excessifs» employés par l’éditorialiste pour critiquer le
gouvernement défait aux élections du 2 décembre au Québec, en évoquant, à titre
d’exemples, l’expression «répressive Parti Quebecois» et la phrase «The
departed goverment has left a virtual wasteland of economic and social disarray
in their wake».
Le plaignant,
qui signalait au Conseil ne pas être membre du Parti québécois, trouvait aussi outrancière,
«frisant même la propagande haineuse», la caricature où l’on voyait le nouveau
premier ministre triomphant dans la fange (excrémentielle?) de porc symbolisant
l’héritage du PQ («P.Q. legacy»).
Commentaires du mis en cause
Le rédacteur en
chef du Suburban, monsieur Martin Stone, notait pour sa part que le journal
attachait la plus grande priorité à l’objectivité dans ses pages d’information
alors que la page éditoriale était réservée aux opinions subjectives de
l’éditeur en éditorial, des lecteurs dans les lettres à l’éditeur.
Il soutenait que
son journal n’avait jamais caché son opposition au Parti québécois, considérant
que ce dernier donnait l’impression de former un gouvernement répressif, auteur
de lois draconiennes restreignant les droits et libertés de certains citoyens
au profit d’autres. Il ajoutait aussi que les gouvernants péquistes avaient
géré l’économie en fonction de leurs intérêts propres. Dans un tel contexte, le
terme répressif lui apparaissait même faible («mild indeed»).
Monsieur Stone précisait
enfin que les lecteurs en désaccord avec ces opinions pouvaient exprimer leurs
vues par le biais de lettres à l’éditeur, et il invitait le plaignant à le
faire.
Analyse
L’éditorial et la caricature, qui s’y apparente, constituent essentiellement du journalisme d’opinion et sont une manifestation de la liberté d’expression et de la liberté de la presse.
Le Conseil n’a pas à se prononcer sur le contenu des éditoriaux publiés par les organes d’information. C’est la prérogative de l’éditeur, à l’intérieur des limites de l’éthique journalistique, de se réserver ces espaces pour prendre position, exprimer ses critiques ou faire valoir ses points de vue. Il en est de même pour la caricature.
Dans le présent cas, le Conseil estime que The Suburban s’est acquitté de sa responsabilité conformément aux règles de l’éthique journalistique.
Il prend aussi acte de la distinction fondamentale que lui dit faire The Suburban entre l’information et l’éditorial ainsi que de l’ouverture de ce journal à publier les lettres des lecteurs qui sont en désaccord avec son point de vue éditorial.
Analyse de la décision
- C01A Expression d’opinion