Plaignant
CKRS-TV [SRC,
Jonquière]
Représentant du plaignant
M. Yvon Perron
(vice-président exécutif, CKRS-TV [SRC, Jonquière])
Mis en cause
Le
Progrès-Dimanche [Chicoutimi]
Représentant du mis en cause
M. Louis-Marie
Lapointe (chroniqueur, Progrès-Dimanche [Chicoutimi])
Résumé de la plainte
Le 28 décembre
1986, Progrès-Dimanche reproduit un communiqué de presse, émis par CJPM-TV,
laissant faussement croire les émissions de cette station sont plus écoutées
que celles de la plaignante. En effet, contrairement à la pratique courante, ce
texte fonde ses conclusions seulement sur les cotes d’écoute des 18 ans et
plus. Le titre «Emission la plus regardée : Dynastie obtient la cote d’amour»
s’avère de plus erroné puisque, selon le sondage BBM, c’est plutôt «Lance et
Compte» qui a obtenu la plus grande audience.
Griefs du plaignant
Le Conseil a
terminé l’étude de la plainte de Radio-Saguenay (CKRS-TV Jonquière) dont le vice-président
exécutif, monsieur Yvon Perron, reprochait à l’hebdomadaire Le Progrès-Dimanche
d’avoir trompé le public et d’avoir porté préjudice à la station en diffusant,
le 28 décembre 1986, une information erronée concernant les résultats du
dernier sondage BBM.
Selon le
plaignant, le titre «Emission la plus regardée: Dynastie obtient la cote
d’amour» était faux car, suivant les cotes d’écoute officielles de l’organisme
BBM, c’était «Lance et Compte» qui était l’émission la plus regardée, laquelle
était diffusée par CKRS-Télévision alors que l’émission «Dynastie» l’était par
son concurrent CJPM.
De plus, ce
texte faisait état des cotes concernant les personnes de 18 ans et plus alors
que, «selon la coutume, l’émission qui obtient la cote d’amour dans tous les
réseaux de télévision est celle qui est la plus regardée y incluant les moins
de 18 ans».
Enfin, les deux
derniers paragraphes du texte faisaient état des cotes d’écoute obtenues par
d’autres émissions de CJPM dont l’une devancerait l’émission du diffuseur
concurrent CKRS, sans qu’il ne soit précisé s’il s’agissait là de chiffres
couvrant tout les téléspectateurs ou seulement ceux âgés de 18 ans et plus.
Commentaires du mis en cause
Invité à
commenter cette plainte, le directeur de la rédaction du Progrès-Dimanche,
monsieur Bertrand Genest, référait le Conseil à un texte publié dans l’édition
suivante du journal, sous la signature du chroniqueur Louis-Marie Lapointe,
lequel expliquait que l’article à l’origine de la plainte était en fait un
communiqué émis par la station CJPM et reproduit intégralement dans le journal,
d’où l’identification CP (pour «communiqué de presse») apparaissant au début de
ce texte.
Monsieur
Lapointe considérait que l’on pouvait «sans aucun doute» voir là un manque de
vigilance, mais «penser plus et plus loin» devenait, selon lui, «presque de la
paranoïa».
Constatant, par
ailleurs, que les chiffres énoncés dans l’article étaient conformes à la
réalité, mais que l’on pouvait «leur faire dire cependant tout ce que l’on
veut», monsieur Lapointe, soutenait que la difficulté tenait à ce que
l’interprétation de CJPM ait été publiée et que CKRS «se soit laissée devancer
par sa rivale la plus proche en ce qui a trait à l’interprétation du sondage».
De s’interroger monsieur Lapointe, «que serait-il arrivé si au lieu d’un texte
provenant de CJPM, ce fut un texte de CKRS qui avait atterri sur le bureau du
chef de secteur?» Le chroniqueur signalait à cet égard que Le Journal de
Québec, édition du mardi 30 décembre, nu publiait pour sa part que l’interprétation
et les réactions de CKRS «dans une tentative évidente de récupération?»
Cela dit,
monsieur Lapointe était d’avis que les deux stations, chacune à leur manière,
avaient raison. Ainsi, dans l’ensemble de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean,
sur une moyenne générale, CKRS aura recueilli 42% de l’auditoire, CJPM 38%,
CFRS 5% et Radio-Québec 4%. Et s’il était vrai que «Lance et Compte» obtenait
la plus grande cote d’écoute générale, c’était également vrai que «Dynastie»
dominait dans la catégorie d’âge des 18 ans et plus.
Enfin, monsieur
Lapointe considérait que, plutôt que de s’en prendre au Progrès-Dimanche et de
«chialer» au Journal de Québec, CKRS aurait dû s’attaquer directement à CJPM en
exigeant son droit de réplique.
Réplique du plaignant
Le plaignant
disait pour sa part n’avoir pas l’intention de répliquer aux commentaires de
monsieur Lapointe, l’article du Journal de Québec du 30 décembre faisant état,
selon lui, du point de vue de CKRS.
Dans cet article
intitulé: «BBM télé – Progrès-Dimanche fustigé par CKRS», monsieur Perron
déclarait au journaliste du Journal de Québec être exaspéré par la situation
parce que l’hebdomadaire Progrès-Dimanche se serait tout simplement borné à
reproduire intégralement le communiqué de presse émis par CJPM, pratique
journalistique qui ferait en sorte que c’est l’interprétation de CJPM qui fut
publiée intégralement, créant ainsi chez le lecteur et l’auditeur la fausse
impression que cette station pouvait être la plus écoutée dans la région. Etait
également répété l’argument à l’effet que l’on doive toujours inclure
l’ensemble des auditeurs, quel que soit leur âge, lorsque l’on traite de cotes
d’écoute.
Analyse
L’on ne peut blâmer un organe d’information pour n’avoir pas traité de façon exhaustive de tous les aspects d’une question dont il choisit d’informer le public. Le choix et le traitement des informations relèvent en effet du jugement rédactionnel des médias et des journalistes, lesquels doivent cependant faire connaître à leurs lecteurs la nature exacte de l’information diffusée.
Ce jugement rédactionnel doit par ailleurs s’exercer à l’égard de l’ensemble de l’information diffusée et les médias doivent donc faire preuve de prudence et de sens critique face à leurs sources documentaires comme à l’endroit de tout autre type de source d’information. Les lecteurs doivent par ailleurs être informés de la nature exacte de l’information diffusée.
Dans le cas présent, le Conseil n’entend pas commenter le contenu du texte qui n’était en fait qu’un communiqué reproduit intégralement et non pas un reportage ou une analyse du journal.
Bien qu’étant libre d’agir ainsi, le journal aurait dû prévenir clairement ses lecteurs de la nature et de la source de l’information diffusée, de façon à ce que ceux-ci puissent faire la part des choses. A cet égard, l’utilisation des seules lettres CP porte facilement à confusion, celles-ci pouvant couramment signifier Canadian Press ou encore, autre pratique courante, constituer les initiales d’un journaliste qui aurait rédigé le texte.
Une telle façon de faire constitue donc une pratique rigoureuse et le Conseil invite le Progrès-Dimanche à une plus grande vigilance en la matière.
Analyse de la décision
- C11C Déformation des faits
- C20A Identification/confusion des genres