Plaignant
L’Association
libérale provinciale de Vimont
Représentant du plaignant
M. Philippe
Garceau (président, Association libérale provinciale de Vimont)
Mis en cause
Le
Courrier-Laval, Contact-Laval-Est, Contact-Laval-Ouest, Mme Lise
Blouin-Dallosto (présidente et rédactrice en chef), M. Jean-Claude Grenier
(journaliste) et M. Claude Gagné (photographe)
Résumé de la plainte
Les
hedbomadaires Courrier-Laval, Contact-Laval-Est et Contact-Laval-Ouest exercent
un contrôle de l’information en boycottant systématiquement les textes qui
mentionnent le député de Vimont, M. Jean-Paul Théorêt, ainsi que les photos
dans lesquelles ce dernier apparaît. Ces mesures de représailles, adoptées par
Mme Lise Blouin-Dallosto, présidente et rédactrice en chef des journaux
concernés, s’explique par le choix du député d’annoncer ses commerces
d’alimentation dans un journal concurrent.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de la plainte de l’Association libérale provinciale de
Vimont contre les journaux hebdomadaires Courrier-Laval, Contact-Laval-Est,
Contact-Laval-Ouest et leur présidente et rédactrice en chef, madame Lise
Blouin-Dallosto.
L’Association libérale
provinciale de Vimont, par l’entremise de son président, monsieur Philippe
Garceau, reprochait aux hebdomadaires et à madame Blouin-Dallosto d’exercer un
«contrôle de l’information» et un «boycottage systématique» à l’égard du député
de Vimont, monsieur Jean-Paul Théorêt.
Fort de l’appui
de 1 160 pétitionnaires de Vimont et de quatre députés libéraux de la région,
monsieur Garceau soutenait que les responsables de ces journaux refusaient
«systématiquement de publier tout communiqué ou article dans lesquels serait
mentionné le nom ou paraîtrait la photo» du député de Vimont.
Il signalait
d’une part que le photographe du Courrier-Laval, monsieur Claude Gagné, avait
demandé à plusieurs reprises au député de se retirer du groupe qu’il devait
photographier en raison des directives de madame Blouin-Dallosto à cet effet.
Monsieur Gagné aurait affirmé devant témoins que cette dernière ne paierait pas
les photos où apparaîtrait le député, et qu’il serait «fortement réprimandé si
cette situation se produisait».
D’autre part,
monsieur Garceau déclarait que le journaliste Jean-Claude Grenier avait affirmé
devant témoins avoir reçu des directives de madame Blouin-Dallosto «de ne
couvrir sous aucun prétexte les activités de monsieur Jean-Paul Théorêt».
S’ajoutait à la
plainte de l’Association libérale provinciale de Vimont les griefs suivants: la
manipulation des articles lors de la couverture de certaines activités où le
député de Vimont était le principal personnage public; la publication
d’accusations portées contre le député par le Parti québécois et le refus de
publier une réplique à ces accusations «fausses» (selon les plaignants); la
manipulation de photos afin que monsieur Théorêt n’y apparaisse pas; et la
menace à l’effet d’écrire des éditoriaux contre celui-ci s’il osait se plaindre
de boycottage.
Enfin,
l’Association signalait que les «activités sociales, culturelles, économiques
et politiques des quatre autres députés provinciaux de Laval» étaient couvertes
régulièrement, contrairement à celles du député de Vimont, ce qui constituerait
une preuve de discrimination envers ce dernier. Et monsieur Garceau joignait à
cette plainte une lettre d’appui de ces quatre députés Lavallois. Ceux-ci
affirmaient avoir été tous témoins à plusieurs reprises des déclarations faites
par des photographes à l’effet que la direction de l’information des journaux
concernés ici refusait systématiquement de publier toute photographie, tout
communiqué ou article «dans lesquels se trouvait ou était mentionné le député
de Vimont».
Cela dit, le
plaignant affirmait que la raison invoquée par madame Blouin-Dallosto pour
justifier ce boycottage systématique était que monsieur Théorêt, en tant que
propriétaire de commerces dans l’alimentation, achetait des pages publicitaires
dans un hebdomadaire concurrent, L’Hebdo de Laval. Il ajoutait que madame
Blouin-Dallosto avait avoué à monsieur Théorêt et à une autre personnalité
politique de Laval qu’elle avait comme objectif de «faire fermer son
concurrent».
Enfin,
l’Association estimait que «ce chantage et cette prise d’otage causaient un
grave préjudice au député de Vimont» et que «ce boycottage systématique portait
atteinte à ses droits fondamentaux de libertés d’affaires et d’expression».
Commentaires du mis en cause
En réponse à
cette plainte, madame Blouin-Dallosto disait d’abord ne pas comprendre
l’expression «contrôle de l’information» utilisée par les plaignants. Elle se
demandait quel contrôle ses journaux pouvaient exercer quand il existait à
Laval six hebdomadaires, un mensuel, deux stations radio, une télévision
communautaire et tous les quotidiens français et anglais qui y circulaient.
Elle affirmait
par ailleurs qu’il n’y avait jamais eu de boycottage systématique de sa part à
l’égard de monsieur Théorêt ou de monsieur Giovanni Rizzuto, madame
Blouin-Dallosto faisant remarquer à cet égard que ses journalistes
«deviendraient mabouls» si elle boycottait tous les annonceurs qui «vont faire
un tour chez le compétiteur», puisque ceux-ci «essayaient» le compétiteur et
revenaient. Et elle ajoutait être «très stricte sur le principe de ne pas mêler
la publicité et la rédaction» dans les journaux qu’elle dirigeait.
Note: Monsieur
Giovanni Rizzuto, président de la Chambre de commerce de Laval, avait déclaré
lors d’une conférence de presse, le 27 mai 1987, qu’il avait été lui aussi
victime de boycottage de la part des hebdomadaires concernés ici. Monsieur
Rizzuto n’a cependant pas déposé de plainte formelle au Conseil de presse.
A la remarque du
plaignant affirmant qu’elle avait comme «objectif avoué de faire fermer son
concurrent» [son 28e compétiteur], madame Blouin-Dallosto répliquait qu’elle ne
connaissait pas «âme qui vive qui avait pour objectif de multiplier la
compétition» et qu’il y avait «moyen de rentabiliser un journal local tout en
respectant l’éthique professionnelle dans la salle de rédaction». Elle ne
«ressentait donc aucunement le besoin de boycotter le député Théorêt».
Traitant ensuite
du travail de ses journalistes, madame Blouin-Dallosto indiquait que ceux-ci
«évoluaient à leur convenance et selon leur jugement» à l’intérieur des
politiques qu’elle avait établies dans ses journaux. A ce titre, les
journalistes décidaient donc du traitement de la nouvelle, de sa position dans
le journal, du choix des sujets et des titres.
Quant aux politiques
rédactionnelles de ses journaux, madame Blouin-Dallosto précisait que ceux-ci
étaient des journaux d’information plutôt que «d’idées» et qu’il n’y avait pas
d’éditoriaux et rarement des commentaires. Elle ajoutait que ses hebdomadaires
couvraient «exclusivement» les événements locaux, et qu’un nouvelle «diffusée
par les médias électroniques devenait automatiquement moins importante» pour
eux. Elle signalait enfin qu’elle n’avait jamais eu de poursuite judiciaire
pour libelle ou autre chose.
Madame
Blouin-Dallosto concluait en affirmant que «toutes les accusations portées
contre ses journaux et contre elle-même étaient fausses, qu’elles risquaient de
ternir la crédibilité de ses journaux, et qu’elles offensaient profondément et
à tort le professionnalisme avec lequel elle dirigeait Le Courrier-Laval depuis
25 ans». Et donnant en exemple l’édition du 20 avril 1987 de son concurrent,
L’Hebdo de Laval, où la photo du député de Vimont apparaissait six fois, elle
remarquait que si c’était cela que monsieur Théorêt voulait, il s’agissait là
de «désirs impossibles à combler».
Egalement invité
à commenter cette plainte, le photographe Claude Gagné signalait, pour sa part,
que les photos étaient commandées par le journaliste Jean-Claude Grenier, et que
ce dernier déterminait celles qui étaient publiées. Monsieur Gagné faisait
remarquer qu’il satisfaisait toujours les exigences du journaliste concernant
les prises de photos, mais il admettait cependant avoir pu mentionner à
l’occasion le nom de madame Blouin-Dallosto afin de justifier ses gestes.
Le photographe
affirmait que monsieur Théorêt différait que la «majorité des cas» avec
lesquels le journal traitait, en ce sens que le député de Vimont avait
«toujours été un friand de la publicité» et avait «toujours tenté de se glisser
dans la prise de vue, sans même y avoir été invité».
Le journaliste
Jean-Claude Grenier considérait quant à lui que cette «sortie sur la place
publique» du député de Vimont et de l’Association libérale provinciale de
Vimont, était «injustifiée». Il disait n’avoir jamais «connu pareil affront
d’un homme politique que [cela ait été] à [son] endroit ou à l’endroit de [son]
employeur».
Monsieur Grenier
signalait par ailleurs que certains dossiers déposés au Conseil de presse étaient
empreints de faussetés. Il mentionnait à cet égard les dossiers de couverture
journalistique se rapportant au lancement de la Bourse régionale de la PME de
Laval, ainsi qu’à l’annonce, en conférence de presse, des finalistes du
concours Dunamis et Méritas. Le journaliste faisait remarquer qu’il n’avait pas
boycotté ces deux événements majeurs, mais plutôt qu’il n’y avait pas été
invité. Il affirmait avoir tout de même traité du deuxième événement «grâce à
la participation de certaines personnes» et ce, avec un retard sur les
compétiteurs du journal.
Note:
L’Association libérale provinciale de Vimont a soumis au Conseil de presse 68
dossiers de presse sur la couverture journalistique accordée par les journaux
de la région aux divers événements et activités auxquels le député Jean-Claude
Théorêt avait participé. Ces dossiers, qui couvrent la période du mois d’avril
1986 au mois de juillet 1987, étaient accompagnés de divers commentaires
relatifs aux griefs exprimés dans le cadre de la présente plainte.
Monsieur Grenier
soutenait ensuite que les affirmations à l’effet que madame Blouin-Dallosto
obligeait les membres de la rédaction à exercer un boycottage à l’égard de
monsieur Théorêt étaient de la «bouillie pour les chats». Le journaliste
soulignait que, «de durs labeurs», il avait obtenu une «crédibilité auprès des
gens qui l’entourent, ainsi que la confiance de madame Blouin-Dallosto. Il
avait aussi obtenu «toute la latitude nécessaire et permise afin de rédiger
(…) avec l’équipe de la rédaction» des journaux concernés, un «produit de
qualité» qui faisait des Hebdos du Nord, le «numéro «1» de l’information».
Monsieur Grenier
confirmait par ailleurs les dires du photographe à l’effet que les directives
concernant le retrait de monsieur Théorêt de la prise de vue venaient de lui.
Il signalait qu’il décidait du contenu des photos lors de ces prises de vue, de
même qu’il avait décidé du retrait de monsieur Théorêt sur le négatif de
certaines photos.
De plus,
monsieur Grenier faisait remarquer qu’il était celui qui déterminait la manière
de traiter la nouvelle. A ce titre, il estimait que c’était l’événement qui
comptait et que «l’essence de la nouvelle» n’était pas toujours une
«personnalité politique, sportive ou du monde culturel». Il indiquait que telle
était la politique d’information qu’il préconisait et que les autres
personnalités de Laval étaient traitées de la même façon que monsieur Théorêt,
ce que ce dernier et l’Association libérale provinciale de Vimont «ne semblent
pas vouloir endosser».
Par ailleurs,
monsieur Grenier mentionnait que depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement
libéral en 1985, «certains politiciens» lui avaient mentionné, «avec raison
d’ailleurs, que les photos et commentaires du député de Vimont étaient nombreux
dans [leurs] publications hebdomadaires». Il avait donc décidé par la suite
d’adopter «une politique de rationalisation à l’endroit des élus provinciaux
tout en tenant compte […] de l’importance de leurs nouvelles».
Le journaliste
admettait aussi avoir déclaré qu’il avait reçu des directives de madame
Blouin-Dallosto de ne «couvrir sous aucun prétexte» les activités de monsieur
Théorêt. Il précisait cependant que tous les arguments étaient bons afin
«d’éviter des discussions interminables, voire même agressives qui auraient pu
dégénérer en scènes de violence autant verbale que physique».
Concernant le
reproche du plaignant de ne pas avoir publié une lettre de réplique aux
accusations portées contre le député par le Parti québécois, accusations que le
journal avait publiées, sous forme de lettre ouverte, monsieur Grenier
expliquait que les journaux pour lesquels il oeuvrait ne donnaient jamais suite
aux lettres des lecteurs pour des raisons d’espace.
Quant à
l’affirmation à l’effet que monsieur Théorêt ait été menacé «d’être victime
d’éditoriaux s’il osait se plaindre de boycottage», le journaliste faisait
remarquer que le dernier éditorial «signé» dans les journaux intimés remontait
à plus de cinq ans.
Réplique du plaignant
Invité à
répliquer aux commentaires de madame Blouin-Dallosto et de messieurs Claude
Gagné et Jean-Claude Grenier, le plaignant se demandait d’abord comment croire
la déclaration de madame Blouin-Dallosto à l’effet qu’il n’y avait jamais eu de
boycottage systématique à l’égard de monsieur Théorêt alors même que le nom ou
la photo de ce dernier n’avaient pas paru une seule fois dans Le Courrier-Laval
et le Contact-Laval depuis plus de treize mois et ce, malgré le fait que
monsieur Théorêt ait été impliqué dans tous les secteurs d’activités
lavalloises.
A l’argument de
madame Blouin-Dallosto à l’effet qu’elle ne pouvait boycotter tous les
annonceurs qui faisaient de la publicité chez le compétiteur, monsieur Garceau
faisait remarquer que les annonceurs provenant du secteur de l’alimentation [ce
qui était le cas pour monsieur Théorêt], étaient considérés comme des clients
«majeurs» par les journaux. Ils annonçaient 52 semaines par année et
entraînaient d’autres annonceurs à utiliser les mêmes journaux dans le but
d’atteindre les mêmes consommateurs.
De plus, concernant
«l’objectif avoué» de madame Blouin-Dallosto à l’effet de «faire fermer son
concurrent», monsieur Garceau faisait remarquer que celle-ci avait
effectivement fait fermer 26 journaux qui avaient tenté de lui faire
concurrence au cours des 25 dernières années.
Par ailleurs,
monsieur Garceau déclarait que l’affirmation de madame Blouin-Dallosto selon
laquelle ses journalistes seniors décidaient du traitement de la nouvelle, de
sa position à l’intérieur du journal, du choix des sujets et des titres, était
«fausse» et contraire à ce que la rédactrice en chef aurait dit à madame Lise
Bacon et monsieur Théorêt lors d’un déjeuner.
En regard de la
politique des journaux de madame Blouin-Dallosto, monsieur Garceau se demandait
comment le nom ou la photo du député de Vimont avaient été exclus des 68
dossiers soumis au Conseil de presse. Considérant que les cas rapportés dans
ces dossiers répondaient aux critères de la politique d’information de madame
Blouin-Dallosto, le plaignant ajoutait que monsieur Théorêt avait été, dans la
majorité de ces cas, «l’instigateur et/ou le patron d’honneur d’un événement
local».
Finalement, le
président de l’Association libérale provinciale de Vimont considérait que
madame Blouin-Dallosto voulait ridiculiser l’affaire lorsqu’elle parlait des
«désirs impossibles à combler» de monsieur Théorêt. Il faisait remarquer, à cet
égard, que la plainte ne portait pas sur le nombre de photos qui aurait dû
paraître, mais sur «l’exclusion totale» de monsieur Théorêt dans les journaux
concernés depuis «plus d’un an».
Monsieur Garceau
disait, par ailleurs, avoir peu de choses à rajouter aux commentaires du
photographe Claude Gagné, mentionnant que celui-ci admettait avoir exigé du
député de Vimont qu’il se retire de prises de photo «même si tous ses collègues
présents au même événements étaient priés de se faire photographier».
Le plaignant
signalait de plus que la déclaration du photographe à l’effet qu’il serait
réprimandé par madame Blouin-Dallosto s’il prenait une photo de monsieur Théorêt,
avait été faite devant les quatre députés lavallois, dont madame Lise Bacon,
vice-première ministre et ministre des Affaires culturelles.
Quant aux
commentaires du journaliste Jean-Claude Grenier, monsieur Garceau répliquait
d’abord à la déclaration selon laquelle monsieur Grenier n’aurait pas été
invité au lancement de la Bourse régionale de la PME de Laval, et à l’annonce
en conférence de presse des finalistes du concours Dunamis et Méritas. Dans le
premier cas, le président de l’Association libérale provinciale de Vimont
affirmait que le journal avait été convoqué à l’événement et joignait divers
documents tendant à le démontrer. Quant au concours, monsieur Garceau signalait
qu’une invitation avait été livrée au bureau même du Courrier-Laval la veille
de la conférence. Il joignait d’ailleurs copie d’une lettre de la personne
ayant livré cette invitation, ainsi qu’un article paru le 10 mai 1987 et signé
par le journaliste Jean-Claude Grenier, confirmant ainsi la présence de ce
dernier à l’événement.
Concernant les
directives du journaliste à l’effet de retirer monsieur Théorêt de la prise de
vue, le plaignant s’interrogeait sur le pourquoi de ces directives à l’égard du
seul député de Vimont et non à l’égard des quatre autres députés de Laval. Et
cela viendrait aussi en contradiction avec l’affirmation de monsieur
Jean-Claude Grenier à l’effet que les «autres personnalités politiques étaient
traitées de la même façon» que monsieur Théorêt.
Par ailleurs, le
plaignant qualifiait de «farce incroyable» le fait que le journaliste ait
déclaré à des témoins avoir reçu des directives de madame Blouin-Dallosto à
l’effet de ne pas couvrir les activités du député afin d’éviter des
«discussions interminables, voire même agressives qui auraient pu dégénérer en
scènes de violence autant verbale que physique». L’invocation d’une telle
raison constituait des «excuses invraisemblables» considérant le «caractère
plaisant et jovial de monsieur Théorêt», sans parler de sa stature physique
comparativement à celle de monsieur Grenier.
Monsieur Garceau
contestait aussi la raison invoquée par les intimés pour ne pas publier la
lettre de réplique de monsieur Théorêt aux accusations portées contre lui par
le Parti québécois. Si ce refus se basait sur le fait que le journal ne publiait
pas de lettres des lecteurs, il se demandait alors pourquoi les accusations du
Parti québécois avaient été publiées puisqu’elles provenaient d’une lettre
d’une lectrice.
Quant à la
remarque du journaliste rapportant que le dernier éditorial signé remontait à
cinq ans, monsieur Garceau renvoyait le Conseil aux deux éditoriaux de madame
Blouin-Dallosto publiés à la suite de la conférence de presse de l’Association
libérale provinciale de Vimont annonçant la teneur des griefs de la présente
plainte.
Par ailleurs,
dans une lettre adressée au Conseil de presse, le député de Vimont, monsieur
Jean-Paul Théorêt, faisait part de son témoignage concernant cette affaire.
Il faisait
d’abord remarquer qu’il avait oeuvré 30 ans dans le milieu des affaires, et particulièrement
dans le secteur de l’alimentation, avant de se lancer en politique en 1985. Il
avait aussi tenté depuis 25 ans, avec le concours de citoyens et citoyennes de
Laval, d’appuyer les organismes venant en aide aux plus démunis de la société.
Affirmant ne
jamais avoir «fait quoi que ce soit en espérant recevoir une publicité
quelconque en retour», et considérant que les autres journaux lui accordaient
le même traitement qu’aux autres personnalités politiques de Laval, monsieur
Théorêt indiquait qu’il n’aurait pas dénoncé le boycottage dont il était
victime dans les journaux dirigés par madame Blouin-Dallosto si les dirigeants
de l’Association libérale provinciale de Vimont ne l’avaient pas convaincu de
les laisser «dénoncer ce contrôle de l’information afin de permettre à la
population de la circonscription (…) d’être pleinement informée des
interventions et implications de leur député».
Le député
Théorêt signalait par ailleurs qu’il ne céderait jamais au «chantage» de madame
Blouin-Dallosto, à savoir «transférer ses annonces commerciales de L’Hebdo de
Laval au Courrier-Laval s’il voulait recevoir une couverture [journalistique]
comme homme public».
Monsieur Théorêt
dénonçait enfin la «réplique méprisante» de madame Blouin-Dallosto qui, dans les
deux éditions suivant la dénonciation publique du boycottage, faisait «amende
honorable» en publiant chaque fois 34 photos identiques du député.
Analyse
L’attention que décident de porter les journalistes et les médias à un sujet ou à un événement particulier relève de leur jugement rédactionnel. Le choix et l’importance du sujet ou de l’événement, de même que la façon de le traiter, sont des décisions qui leur appartiennent en propre. Le Conseil ne saurait donc intervenir dans de telles décisions sans risquer de devenir un organisme de direction et d’orientation de l’information.
Cependant, ces choix doivent être uniquement fonction du degré d’intérêt public de la nouvelle, et ils ne sauraient être dictés par des considérations étrangères au droit du public à une information exacte, équilibrée et honnête. Dans ce contexte, les professionnels de l’information ne doivent pas se laisser influencer par des inimitiés, des préjugés ou un parti pris à l’égard de personnes, de groupes ou de mouvements susceptibles d’être impliqués dans des événements d’intérêt public, non plus que par des considérations d’ordre commercial ou publicitaire.
Dans le cas présent, le Conseil constate qu’il y a effectivement eu boycottage de la part des hebdomadaire Courrier-Laval, Contact-Laval-Est et Contact-Laval-Ouest à l’égard de monsieur Jean-Paul Théorêt, député de Vimont, dans le cadre de la couverture journalistique des événements et des activités auxquels ce dernier participait.
L’étude du dossier démontre en effet que les médias impliqués se sont abstenus, pendant plus d’un an, de rapporter toute participation du député à ces événements et activités, alors même qu’ils informaient leurs lecteurs de la présence, des déclarations et des actions de l’ensemble des autres participants.
Partant, sous le couvert d’une information complète, l’information diffusée était systématiquement tronquée. Quelles que soient les raisons [pressions d’ordre commercial, inimitiés ou autres] ayant motivé les intimés, ceux-ci doivent donc être vigoureusement blâmés pour n’avoir pas su faire abstraction de considérations tout à fait étrangères au droit du public à une information complète, exacte et équilibrée.
Il est à noter, par ailleurs, que ce blâme est adressé à la fois à la direction, au journaliste et au photographe impliqués, tous s’étant montrés solidaires des gestes posés par les uns et les autres dans le cadre de ce boycott.
Analyse de la décision
- C02D Boycottage
- C22H Détourner la presse de ses fins