Plaignant
M. Georges
Moncion
Mis en cause
CBF-AM [SRC,
Montréal] et Mme Carmel Dumas (chroniqueure)
Représentant du mis en cause
M. Pierre O’Neil
(directeur général des programmes, CBF-AM [SRC, Montréal])
Résumé de la plainte
La chroniqueure
Carmel Dumas se place dans une situation de conflit d’intérêts ou d’apparence
de conflit d’intérêts en parlant, au cours de l’émission radiophonique
«Montréal-Express» diffusée par la Société Radio-Canada, d’un banquet à la
conception duquel elle a participé.
Faits
– Mme Carmel
Dumas, chroniqueure des activités culturelles et artistiques à l’émission
radiophonique «Montréal-Express», est associée à l’organisation de la remise
des prix Gémeaux, plus précisément, à la conception du «Banquet de
l’industrie», l’un des é
Griefs du plaignant
M. Moncion se
demande si la journaliste Carmel Dumas s’est placée dans une situation de
conflit d’intérêts ou d’apparence de conflit d’intérêts en traitant d’un événement
auquel elle a participé, et si elle n’aurait pas dû s’abstenir d’en parler en
ondes.
Il considère
s’être «trouvé privé d’informations nécessaires à la bonne compréhension des
événements d’actualité pour être en mesure de bien interpréter les faits» qui
lui étaient présentés. Il estime qu’il y a eu manquement à l’éthique
professionnelle et atteinte au droit du public à l’information.
Commentaires du mis en cause
M. Pierre
O’Neil, directeur général des programmes [Information]
Dans une lettre
adressée au plaignant le 28 avril 1989, M. Pierre O’Neil fait d’abord remarquer
que la chroniqueure Carmel Dumas n’a aucun lien direct avec l’événement qui
fait l’objet de la chronique du 16 décembre 1988, le Gala télévisé des prix
Gémeaux.
Quant à la
chronique du 19 décembre, il indique que celle-ci décrit de façon factuelle ce
qui s’est passé au «Banquet de l’industrie», que Mme Dumas a seulement
participé à la conception dudit banquet et que Radio-Canada a pris soin de
mentionner cette participation en ondes. M. O’Neil explique, relativement à ce
dernier point, que la «divulgation est une façon de résoudre un conflit
d’intérêts».
Dans une lettre
adressée au Conseil de presse le 19 juin 1989 à la suite de la réplique du
plaignant exposée plus loin, M. O’Neil indique:
– que les
politiques de Radio-Canada et la convention collective entre la Société et le
Syndicat des journalistes de Radio-Canada «interdisent aux journalistes
d’exercer des activités extérieures susceptibles de les placer dans une
situation de conflit d’intérêts»;
– que le fait
que Mme Dumas travaille à la préparation du «Banquet de l’industrie» «ne
semblait pas créer, en soi, une situation de conflit d’intérêts», jusqu’au
moment où l’émission «Montréal-Express» «a décidé de traiter de ce sujet en
ondes avec elle»;
– qu’il n’y a
«vraisemblablement» pas eu de situation de conflit d’intérêts réel, puisque la
participation de Mme Dumas à l’organisation du banquet était terminée, mais
qu’il pouvait toutefois y avoir apparence de conflit d’intérêts;
– que Radio-Canada
a informé les auditeurs de cette participation «avec les conséquences que cela
a pu avoir sur la crédibilité du reportage».
Mme Carmel
Dumas, chroniqueure
Mme Dumas
indique d’abord, dans une lettre adressée au Conseil de presse le 11 juin 1989,
qu’elle ne voit rien à redire sur les commentaires de M. O’Neil. Elle précise
ensuite que le plaignant aurait dû lire dans le communiqué de l’Académie
canadienne du cinéma et de la télévision qu’elle a participé à l’organisation
du «Banquet de l’industrie» et non à celle du Gala télévisé; et que son
implication se situait au niveau de la conception et non de la production.
Elle précise
également, relativement à l’utilisation par le plaignant de l’appellation «la journaliste
Carmel Dumas», qu’elle est chroniqueure et qu’à ce titre, elle ne fait pas
partie de la salle des nouvelles.
Réplique du plaignant
M. Moncion se
demande s’il faut comprendre:
– qu’il suffit,
pour résoudre une situation d’apparence de conflit d’intérêts, d’en faire état
sur les ondes;
– que la
politique de Radio-Canada n’interdit pas ce genre de pratique;
– que la
journaliste n’a pas la responsabilité d’informer la Société du travail qu’elle
effectue en dehors de celle-ci.
M. Moncion s’en
dit fort étonné.
Analyse
La crédibilité de l’information repose sur l’impartialité réelle et apparente des professionnels de l’information. Ces derniers, par conséquent, doivent éviter de se placer dans une situation de conflit d’intérêts ou d’apparence de conflit d’intérêts, même si, dans les faits, ils transmettent l’information de façon adéquate et rigoureuse. Par ailleurs, la divulgation de l’intérêt d’un professionnel de l’information dans un événement qu’il a couvert n’est nullement une façon de résoudre un conflit d’intérêts.
Dans le cas présent, le Conseil ne croit pas que le fait d’avoir participé à la conception du Banquet de l’industrie et d’avoir parlé de cet événement en ondes, ait placé la chroniqueure Carmel Dumas en conflit d’intérêts. Il reconnaît toutefois que ce fait peut amener certains auditeurs à le penser. Par conséquent, le Conseil déplore que Radio-Canada et Mme Dumas se soient ainsi placés dans une situation d’apparence de conflit d’intérêts et les invite à la plus grande vigilance à l’avenir.
Analyse de la décision
- C22E Travail extérieur incompatible